Observer le pécari à collier en Argentine : immersion dans la nature sauvage du Chaco

Faune
Observer le pécari à collier...
Entre les troncs séculaires des forêts sud-américaines évolue un petit mammifère qui rappelle nos sangliers européens. Le pécari à collier trace sa route silencieuse du sud-ouest américain jusqu’aux terres argentines, portant dans son sillage les noms que lui ont donnés les peuples premiers : taitetú, coyámel, saíno, k’itam, sajino, cuche de monte, chancho rosillo, chácharo, báquiro. La langue tupi lui a offert son nom le plus beau : pécari, « celui qui fait les sentiers de la forêt », hommage aux chemins qu’il grave dans la terre en voyageant avec sa troupe de trente compagnons. Son rôle dépasse largement sa simple présence forestière, révélant une importance culturelle et écologique remarquable.

Le pécari à collier, un mammifère endémique des forêts d’Amérique du Sud

Caractéristiques du pécari à collier

Le pécari à collier porte un pelage gris foncé hérissé, marqué d’un collier clair en forme de croissant qui lui donne son nom.

Le pécari à collier, ou Pecari tajacu, est un mammifère appartenant à l’ordre des Artiodactyles et à la famille des Tayassuidés, cousine américaine de celle des porcs. Aussi appelé localement huangana ou javelina, ce petit ongulé trapu est l’une des espèces endémiques des forêts et savanes d’Amérique du Sud. En Argentine, trois espèces de pécaris sont recensées : le Tayassu pecari, ou pécari à lèvres blanches, le Catagonus wagneri, ou pécari du Chaco (une espèce en danger critique d’extinction), et le pécari à collier, le plus commun et le plus répandu sur le territoire.

Avec sa tête massive et ses pattes courtes mais robustes, il est souvent confondu avec le sanglier, bien qu’il s’agisse d’un animal bien distinct. Mesurant entre 70 et 110 centimètres de long pour une hauteur au garrot d’environ 50 centimètres, ce pécari pèse entre 15 et 25 kilos. Son pelage gris foncé ou châtain-noir est reconnaissable à une bande blanche autour du cou, évoquant un collier naturel qui lui donne son nom.

Le pécari à collier pour les peuples autochtones

Bien avant que ce mammifère ne fasse l’objet d’une description scientifique par Carl von Linné en 1758 dans son célèbre Systema Naturae, il occupait déjà une place centrale dans la vie des peuples autochtones d’Amérique du Sud. Chassé depuis plus de 10 000 ans, comme le montrent les découvertes archéologiques dans la province argentine de Santa Fe, le pécari était bien plus qu’une source de nourriture. Il faisait partie intégrante des cultures ancestrales, à la fois dans les pratiques de chasse, les croyances et la pharmacopée traditionnelle.

Chez les Guaranis, par exemple, cette espèce, appelée kure’i, est considérée comme un symbole de connexion avec la nature, de bonne fortune et d’équilibre spirituel. Sa présence en forêt est perçue comme un bon augure, et sa viande est hautement appréciée. Animal totémique, le pécari à collier est aussi le protagoniste de nombreux mythes et cosmologies à travers l’Amazonie. Il incarne la vie en communauté, la solidarité et la relation harmonieuse entre l’humain et le monde naturel.

Comportement social et vie en groupe du pécari à collier

Les marcassins naissent avec un pelage plus uniforme, brun-roux, et sans le collier distinctif, qui apparaît en grandissant.
Les marcassins naissent avec un pelage plus uniforme, brun-roux, et sans le collier distinctif, qui apparaît en grandissant.

Très sociable, cet animal vit en groupes structurés de 5 à 30 individus, parfois plus dans les régions riches en ressources. Ces groupes sont régis par une hiérarchie sociale complexe, entretenue par des vocalisations variées, des rituels comportementaux, et un système de communication olfactive unique. Communiquant par huit types de cris de contact ou d’alerte, il vit en communauté solidaire. Les individus renforcent leurs liens sociaux en se frottant mutuellement leurs glandes odorantes, produisant un bruit distinct appelé "claquement de dents". Ce geste marque aussi leur appartenance au groupe et contribue à maintenir la cohésion sociale.

Côté reproduction, les femelles mettent bas 1 à 3 marcassins après environ 145 jours de gestation. Les naissances, souvent calées sur la saison des pluies, bénéficient de meilleures ressources alimentaires. Dès la naissance, les petits sont capables de suivre le groupe, protégé par une stratégie collective défensive, où les adultes forment un cercle protecteur autour des jeunes.

Régime alimentaire du pécari à collier : un omnivore clé de la forêt

Ces animaux sont omnivores opportunistes, consommant une grande variété d'aliments selon la disponibilité saisonnière. Leur menu comprend des racines, des tubercules, des fruits tombés, des insectes et même des petits vertébrés. Une étude menée en 2023 dans la région de Misiones a démontré que les pécaris peuvent consommer jusqu'à 58 espèces différentes de fruits au cours d'une année.

Leur capacité à digérer des fruits durs comme les palmiers et les noix fait d'eux des disperseurs de graines essentiels pour la régénération forestière. Le Dr Maria Sanchez, écologue à l'Université de Buenos Aires, souligne : "Les pécaris sont de véritables jardiniers de la forêt. Leur habitude de consommer et de disperser les graines contribue directement à la diversité végétale de nos écosystèmes."

Où observer le pécari à collier en Argentine ?

Très sociaux, les pécaris vivent en groupes soudés de 6 à 20 individus, se déplaçant, dormant et se toilettant ensemble.

En Argentine, le pécari à collier occupe principalement trois grands types d’écosystèmes : les forêts luxuriantes des Yungas au nord-ouest (Salta et Jujuy), les vastes étendues boisées du Chaco, ainsi que la dense Selva Paranaense dans la province de Misiones. Cette espèce est aujourd’hui considérée comme menacée dans plusieurs de ces régions, en raison de la perte progressive de son habitat et de la chasse illégale. Face à ces pressions, de nombreuses initiatives de conservation ont vu le jour, visant à protéger les populations restantes et à réintroduire l’animal dans des zones naturelles protégées.

Parmi les meilleurs sites pour tenter d’observer ce discret habitant de la forêt figurent le parc national Iguazú, les Esteros del Iberá, Calilegua, El Rey ou encore la réserve de vie sauvage Urugua-í. Les pécaris sont plus actifs aux heures les plus fraîches de la journée. Pour maximiser ses chances d’en croiser, il est conseillé de parcourir les sentiers balisés entre 6h et 9h du matin, en restant discret et attentif aux bruits de fouissement caractéristiques.

Pour vivre l'expérience unique de la rencontre avec un pécari à collier, nous vous invitons à découvrir "Traversée de l’Argentine du Sud au Nord", une idée de parcours en 22 jours qui inclut le parc national Iguazu.

Pauline
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Pauline

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