La viscache : où et comment observer ce rongeur des Andes ?

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La viscache : où et comment o...
Suscitant à la fois admiration et tendresse, la viscache est un animal incontournable des Andes à voir une fois au cours d’un voyage. Ce rongeur endémique des contrées montagneuses d’Amérique du Sud, est connu pour son incroyable capacité à s’adapter à son environnement. Présente dans de nombreuses légendes locales, la viscache continue d’inspirer les populations d’Amérique du Sud. Son influence s’étend même jusqu’à la littérature, avec un personnage qui lui est dédié dans le célèbre poème gauchesque Martín Fierro, écrit par le poète argentin José Hernández.

La viscache, un rongeur endémique d’Amérique du Sud

Tout savoir sur la viscache : caractéristiques et espèces

Bien que la viscache ressemble à un petit lapin avec ses longues oreilles et sa fourrure douce, elle appartient en réalité à la famille des chinchillidés et est plus proche du chinchilla que du lapin.

La vizcacha est un rongeur originaire d'Amérique du Sud, membre de la famille des chinchillidés. Bien qu'elle ressemble à un lapin, elle est en réalité plus proche des cochons d'Inde sur le plan évolutif. Il existe cinq espèces de viscaches, réparties selon leurs régions : la viscache des montagnes (Lagidium viscacia), la viscache des plaines (Lagostomus maximus), la viscache du Nord (Lagidium peruanum), la viscache du Sud (Lagidium boxi) et la viscache de Wolffsohn (Lagidium wolffsohni), chacune vivant dans des habitats spécifiques.

Leur apparence varie en fonction de l'espèce, mais elles partagent certaines caractéristiques. Leur pelage dense et doux, va du gris au brun clair, et leur permet de s'adapter aux climats difficiles. Les espèces possèdent de longues moustaches, de grandes oreilles, une queue touffue et des pattes arrière puissantes, idéales pour se déplacer rapidement sur les terrains rocheux. Leurs griffes robustes leur servent à creuser des terriers complexes, où elles se réfugient.

Une espèce protégée

Bien que les viscaches ne soient pas menacées de manière critique, elles font face à certains défis qui nécessitent une attention particulière. Leur habitat naturel est progressivement réduit par l'expansion agricole et l'urbanisation, tandis que la fragmentation des zones due aux infrastructures limite leurs déplacements et leur diversité génétique. Prisée pour sa viande et sa fourrure, la chasse, bien que diminuant, reste également une menace dans certaines régions.

Pour y faire face, le Chili et l'Argentine ont mis en place des initiatives de conservation efficaces, s'inspirant des succès obtenus avec la protection des chinchillas. Les autorités nationales, telles que la CONAF au Chili et l'APN en Argentine, gèrent de manière proactive les parcs et réserves qui les abritent. Des ONG locales, comme la Fundación Biodiversidad en Argentine et la Sociedad de Ecología de Chile, contribuent également à la recherche et à la sensibilisation. Les stratégies de conservation incluent la création de nouvelles zones protégées, des programmes de recherche approfondis, ainsi que des actions d'éducation et de gestion des conflits avec les communautés agricoles. Grâce à ces efforts concertés, sa population globale devrait pouvoir être préservée dans les années à venir.

Légendes et croyances associées à la viscache

Cet adorable rongeur endémique des Andes inspire les peuples andins depuis des siècles par sa capacité à s'adapter aux milieux arides et son rôle dans les légendes locales.

Cet animal a naturellement inspiré de nombreuses légendes et croyances parmi les différents peuples andins comme les Aymaras et Lickanatay, lui conférant une place particulière dans leur culture. Certaines communautés la considèrent comme la gardienne des secrets des montagnes, capable de communiquer avec les esprits des ancêtres qui veillent sur les sommets. Dans d'autres cultures, apercevoir une viscache est perçu comme un signe de chance, ces animaux étant censés guider les humains vers des trésors cachés dans les montagnes.

Une histoire raconte que les vizcachas étaient autrefois les messagers des dieux des montagnes, transportant des offrandes entre le monde terrestre et le monde divin. Leur habitude naturelle à collecter des objets autour de l'entrée de leurs terriers serait un vestige de ce rôle sacré. Même dans des zones plus urbanisées, l’animal continue de nourrir l'imaginaire collectif. Une légende populaire évoque une viscache géante, surnommée le "Lapin-loup", qui rôderait la nuit à la recherche de proies. Bien que fictive, cette histoire s'explique sans doute par son apparence singulière et son mode de vie nocturne.

On dit aussi que les objets amassés par les viscaches ont une signification spirituelle, chaque objet représentant une âme errante que l'animal aide à rejoindre l'au-delà. Dans certaines communautés rurales, on prête même aux specimens la capacité de prédire le temps. Si elles s'activent particulièrement avant le coucher du soleil, cela serait le signe d'une tempête imminente.

Où vit la viscache et comment se comporte-t-elle ?

L’habitat de la viscache : des plaines aux sommets andins

Cet animal se plaît dans les régions rocheuses et montagneuses du Chili et de l’Argentine, où elle se cache dans les crevasses pour se protéger des prédateurs.

Ce rongeur est surtout présent dans les plaines de la Pampa argentine ainsi que dans les contreforts des Andes au Chili, en Bolivie, au Pérou et en Argentine. Elle occupe divers habitats, tels que les steppes, où le sol est partiellement découvert, les zones rocheuses des Andes et les matorrales denses. Préférant les milieux semi-arides, ces animaux creusent des terriers complexes qui peuvent s'étendre sur plusieurs centaines de mètres carrés, offrant ainsi protection contre les prédateurs et les températures extrêmes. Leur mode de vie nocturne leur permet d’éviter la chaleur du jour, tandis que leurs grands yeux et oreilles améliorent leur capacité à naviguer dans l'obscurité.

Herbivores, les viscaches disposent d'un régime alimentaire varié qui inclut des plantes, de la mousse et du lichen, leur permettant de survivre dans des environnements où la nourriture est rare, notamment dans les zones arides des Andes. Elles jouent également un rôle dans la dispersion des graines grâce à leurs excréments, favorisant ainsi la régénération de la végétation. Socialement, elles vivent en colonies, ce qui renforce leur protection contre les prédateurs et facilite la recherche de nourriture, une structure particulièrement avantageuse dans les vastes pampas argentines.

La vie sociale des viscaches : organisation et communication

La viscache interagit rarement avec d’autres animaux, bien qu’elle partage parfois son territoire avec de petits rongeurs et oiseaux des Andes.

Un aspect particulièrement intrigant cet animal sudaméricain réside dans la complexité de son comportement social. Les colonies de viscaches, appelées "viscacheras", peuvent compter jusqu'à 50 individus. Ces communautés sont structurées autour d'un système de terriers interconnectés et d'une hiérarchie sociale bien définie. Les femelles, qui constituent le cœur de la colonie, s'occupent collectivement des petits, tandis que les jeunes mâles restent jusqu'à l'âge adulte avant de quitter la colonie pour fonder leur propre groupe ou défier le mâle dominant. Leur communication sophistiquée se compose d'un vaste répertoire vocal, allant des grognements aux sifflements, y compris des cris d'alarme distincts.

À l’image de certains primates et félins, le toilettage mutuel joue un rôle essentiel dans le renforcement des liens sociaux au sein de la colonie. Les congénères consacrent beaucoup de temps à se toiletter, ce qui contribue grandement à la cohésion du groupe. Certains membres agissent même comme sentinelles, alertant le reste de la colonie en cas de danger.

Comment les viscaches perpétuent-elles leur espèce ?

Les viscaches ont développé des stratégies de reproduction remarquables, adaptées à leur environnement difficile et à leur structure sociale. Contrairement à d'autres rongeurs, elles ont une saison de reproduction bien définie qui débute à la fin de l'hiver austral, vers août, et se poursuit jusqu'au début de l'été, en décembre. Cette synchronisation permet aux petits de naître lorsque la nourriture est la plus abondante dans les prairies. Chaque colonie est dirigée par un mâle dominant, qui défend le territoire et bénéficie d'un accès prioritaire aux femelles. La reproduction est dominée par un mâle, souvent surnommé le "sultan", qui s'accouple avec la majorité des femelles.

La gestation dure environ 154 jours, une période exceptionnellement longue pour un rongeur, permettant aux petits de naître déjà bien développés. Fait fascinant, les viscaches pratiquent la "superfétation", une stratégie qui leur permet d'être fécondées alors qu'elles sont déjà enceintes, multipliant ainsi leurs chances de reproduction annuelle. À la naissance, les femelles donnent généralement vie à deux petits, bien que des portées de un à quatre soient possibles. Les nouveau-nés, couverts de fourrure et les yeux ouverts, sont capables de se déplacer presque immédiatement, ce qui contraste avec d'autres rongeurs.

L'éducation des jeunes est souvent une tâche collective au sein de la colonie. Bien que chaque mère prenne soin de ses propres petits, d'autres femelles participent également aux soins, créant une dynamique de "garderie communautaire" qui renforce la protection contre les prédateurs et permet aux mères de se nourrir et se reposer.

Guide pratique : observer les viscaches en Argentine et au Chili

Les meilleurs endroits pour voir la viscache

Le désert d’Atacama, avec ses vastes paysages rocheux, offre des conditions idéales pour observer la viscache, qui se faufile habilement entre les formations minérales sous le soleil.

Pour les amateurs de nature et les curieux souhaitant observer ces fascinants rongeurs dans leur environnement naturel, plusieurs options s'offrent en Argentine et au Chili :

  • Le Parc national Sierra de las Quijadas dans la province argentine de San Luis, avec ses paysages désertiques et ses formations rocheuses spectaculaires.
  • Le Parc national El Palmar dans la province argentine d'Entre Ríos, qui abrite une population importante de ces rongeurs parmi ses célèbres palmiers yatay.
  • Le Parc national Los Glaciares en Patagonie argentine, offrant des opportunités d'observation dans un cadre naturel saisissant.
  • La Réserve nationale Las Chinchillas dans la région chilienne de Coquimbo, principalement dédiée à la protection du genre chinchilla, mais accueillant également des vizcachas.
  • Le Parc national Llanos de Challe dans la région d'Atacama, un excellent endroit pour observer ces animaux dans le désert le plus aride au monde.

Conseils pour photographier les viscaches : itinéraires et astuces

Pour une observation réussie, il est recommandé de choisir le bon moment : le crépuscule ou l'aube sont les meilleures périodes. La patience est de mise ; restez silencieux et les viscaches, timides mais curieuses, finiront par sortir de leurs terriers. Il est crucial de respecter ces animaux en ne les nourrissant pas et en gardant ses distances. L'utilisation de jumelles ou d'un appareil photo avec un bon zoom permettra de les observer sans les perturber. Enfin, faire appel à un guide local connaissant bien la région augmentera considérablement vos chances de voir ce rongeur des Andes et d'en apprendre davantage sur leur mode de vie.

Alors, la prochaine fois que vous planifierez un voyage en Amérique du Sud, pourquoi ne pas inclure dans votre itinéraire une excursion pour observer cet animal endémique des Andes ? Qui sait, vous pourriez même avoir la chance de contribuer à leur préservation en partageant votre expérience et en sensibilisant d'autres personnes à l'importance de protéger ces créatures uniques et leur habitat.

Marilys
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Marilys

Avec plusieurs années d'expérience en communication et en marketing digital, Marilys a fait de l'Amérique du Sud son terrain d'exploration privilégié, avec un regard curieux et bienveillant.

Elle s'intéresse autant à la biodiversité exceptionnelle des différentes régions, aux paysages glaciaires et aux mystères archéologiques, qu'à la cosmovision andine et à la sagesse ancestrale des premiers peuples.

Ses recherches minutieuses et son vécu personnel sur place alimentent ses connaissances, qu'elle partage avec enthousiasme. Son regard polyvalent lui permet de transmettre dans ses écrits les multiples facettes du Chili et de l'Argentine.