Le courant de Humboldt et son influence sur les paysages côtiers du Chili
Qu’est-ce que le courant de Humboldt ?
Le courant de Humboldt, également appelé courant du Pérou, est un courant océanique froid qui longe de près les côtes du Chili et du Pérou, en remontant des eaux antarctiques jusqu’au large des côtes de l’Équateur. Il porte le nom du naturaliste allemand Alexander von Humboldt, qui en a étudié les effets lors de son expédition en Amérique du Sud entre 1799 et 1804.
Grâce à un phénomène d’upwelling, il fait remonter à la surface des eaux profondes riches en nutriments, ce qui favorise une abondance exceptionnelle de vie marine. Bien qu’il ne couvre que 0,1 % de la surface des océans, il est à l’origine de près de 20 % des captures mondiales de poisson. Dr. Maria Gonzalez, océanographe à l'Université du Chili explique : "Le courant de Humboldt est comme un tapis roulant géant qui distribue la vie le long de la côte sud-américaine. Chaque année, il transporte environ 20 millions de tonnes de nutriments, créant l'une des zones de pêche les plus productives au monde."
Impact du courant de Humboldt sur le climat et la biodiversité côtière
Le courant de Humboldt modèle en profondeur les paysages côtiers du Chili, et ceci se voit de manière flagrante dans le long des côtes du nord du pays. En refroidissant l’air venu de l’océan, il bloque la formation des pluies et crée les conditions extrêmes du désert d’Atacama, l’un des plus arides au monde. Pourtant, ce même courant génère aussi des formes de vie inattendues. Il provoque la formation de la camanchaca, une brume côtière dense, seule source d’humidité pour certaines plantes endémiques comme les tillandsias ou les cactus Copiapoa, qui survivent dans cet environnement hostile. Certaines baies, comme celles de La Herradura à Coquimbo ou d’Antofagasta, forment de véritables nurseries marines. Abritées du vent, elles favorisent le développement du plancton et offrent des conditions idéales pour de nombreuses espèces de poissons.
En mer, le courant de Humboldt soutient l’un des écosystèmes les plus productifs de la planète. Ses eaux froides déclenchent une remontée de nutriments qui alimente le plancton, base d’une chaîne alimentaire d’une rare densité. Chaque année, des baleines longent ou traversent ces eaux poissonneuses lors de leur migration, attirées par l’abondance de krill. Les anchois, présents par millions, nourrissent une faune variée : manchots de Humboldt, otaries, dauphins et oiseaux marins qui trouvent refuge sur les côtes rocheuses.
El Niño, La Niña : des phénomènes climatiques aux impacts marins
Le courant de Humboldt est influencé par le phénomène El Niño-Oscillation Australe (ENSO), un cycle climatique qui alterne entre deux phases : El Niño et La Niña. Pendant El Niño, les eaux chaudes venues de l’ouest du Pacifique perturbent le courant, réduisent l’upwelling et provoquent une chute de la vie marine. Cela entraîne aussi des pluies inhabituelles sur les côtes du Chili et du Pérou. La Niña, à l’inverse, renforce le courant, intensifie la remontée des nutriments et favorise la biodiversité marine, bien que les conditions côtières deviennent plus arides. Dr. Pablo Morales, Institut de la Pêche du Pérou, explique : "Lors d'El Niño 1997-1998, l'un des plus intenses jamais enregistrés, les prises d'anchois au large du Pérou ont chuté de plus de 80%. C'est tout l'écosystème marin qui est bouleversé durant ces événements." Ces cycles naturels sont vitaux, mais leur instabilité pourrait s’aggraver avec le changement climatique.
Les meilleurs endroits au Chili pour découvrir les effets du courant de Humboldt
Réserve nationale Pingüino de Humboldt
Située au large des régions d’Atacama et de Coquimbo, la réserve protège trois îles principales : Damas, Choros et Chañaral. Ces îlots rocheux sont l’exemple même d’écosystème influencé par le courant marin. Le manchot de Humboldt, emblème de la réserve, tire son nom de ce courant vital. Cette espèce endémique niche dans les cavités des falaises et ne peut survivre que dans des environnements marins froids, où foisonnent petits poissons, céphalopodes et crustacés. Son cycle de vie est donc intimement lié à la santé du courant. Les îles sont aussi un sanctuaire pour des colonies d’otaries à crinière, de dauphins, et d’oiseaux marins comme les fous de Bassan, les pélicans ou les cormorans. Entre novembre et mars, la réserve devient un passage pour plusieurs espèces de baleines : bleues, à bosse et de Minke, attirées par la richesse du plancton. La visite de la réserve se fait depuis Punta de Choro ou bien depuis Chañaral. Il est possible de débarquer uniquement sur l’île Damas.
Parc National Fray Jorge
Près d’Ovalle, ce parc déclaré Réserve de Biosphère, abrite une forêt relictuelle de type valdivien, vestige d’un écosystème ancien qui s’étendait autrefois sur une plus grande partie du Chili, y compris dans le nord. Elle subsiste ici grâce au phénomène du brouillard côtier, un exemple marquant de l’influence du courant de Humboldt. Le sentier se parcourt en un peu moins de deux heures et permet d’observer des espèces endémiques de cet écosystème précieux, comme l’olivillo, le lingue, le petrillo ou la sarmienta.
Parc national Pan de Azúcar
Le parc national Pan de Azúcar, situé entre les régions d’Atacama et d’Antofagasta, est un écosystème rare où désert et humidité marine cohabitent. Plusieurs sentiers avec miradors traversent le parc, où vous pouvez croiser des guanacos, des renards de Magellan ou encore des viscaches, tout en contemplant les paysages terrestres et marins, ainsi que de nombreuses espèces végétales endémiques, notamment les cactus du genre Copiapoa. En descendant vers la côte, vous accédez à Playa Blanca, une plage au sable couleur porcelaine. À l’horizon se dresse l’île Pan de Azúcar, accessible en sortie en bateau, où nichent lions de mer, loutres marines, manchots de Humboldt et cormorans.
La côte de la région d’Atacama et ses villages de pêcheurs
Parcourir la côte d'Atacama permet de contempler une belle combinaison entre désert et océan, donnant naissance à des paysages spectaculaires faits de dunes, de plateaux rocheux et de falaises abruptes. Des plages sublimes ponctuent la côte, comme Playa La Virgen et Bahía Inglesa, avec leurs allures tropicales sous un soleil intense. Pourtant, l’eau y reste fraîche grâce au courant marin qui tempère la température de l’océan. La visite des ports de Coquimbo et de Caldera montre toute l’importance de la pêche dans l’économie locale, une activité rendue possible par les eaux poissonneuses du courant de Humboldt. C’est l’occasion de goûter aux produits de la mer, comme le chinchard du Chili, les navajuelas, les jaibas ou encore les locos fraîchement pêchés.
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Elle s'intéresse autant à la biodiversité exceptionnelle des différentes régions, aux paysages glaciaires et aux mystères archéologiques, qu'à la cosmovision andine et à la sagesse ancestrale des premiers peuples.
Ses recherches minutieuses et son vécu personnel sur place alimentent ses connaissances, qu'elle partage avec enthousiasme. Son regard polyvalent lui permet de transmettre dans ses écrits les multiples facettes du Chili et de l'Argentine.