Observation du mara en Argentine : le lièvre emblématique de la Patagonie

Faune
Observation du mara en Argenti...
Endémique des steppes argentines, le mara est le troisième plus gros rongeur au monde, après son compatriote le capybara qui vit plus au nord du pays. Surnommé « lièvre de Patagonie » pour sa silhouette caractéristique, il n’a pourtant aucun lien de parenté avec les véritables lièvres. Ce mammifère se distingue par sa discrétion et sa grande capacité d’adaptation aux conditions parfois difficiles de son habitat. L’écrivain Eduardo Galeano résumait bien le lien entre l’animal et son territoire : « La Patagonie sans ses maras serait comme un ciel sans étoiles – techniquement le même, mais ayant perdu son âme. »

Le mara, un rongeur endémique d’Argentine

Reconnaître un mara : espèce, classification et caractéristique

Malgré son surnom de lièvre de Patagonie, le mara est en réalité un rongeur, cousin du cobaye.

Le mara (Dolichotis patagonum), également appelé lièvre de Patagonie ou lièvre des pampas, est un mammifère herbivore appartenant à la famille des Caviidae, comme le cochon d’Inde ou le capybara. Originaire d’Amérique du Sud, cet animal est endémique des régions arides et semi-arides d’Argentine. On le retrouve principalement dans les plaines ouvertes, les steppes et les zones de buissons épars, où il bénéficie d’un vaste espace pour se déplacer rapidement et repérer les prédateurs.

Il fait partie du sous-ordre des hystricomorphes, un groupe de rongeurs qui inclut également le ragondin et le porc-épic. Le genre Dolichotis comprend deux espèces connues : Dolichotis patagonum, le plus répandu, et Dolichotis salinicola, le cobaye halophile, moins connu. Deux sous-espèces sont reconnues selon leur aire de répartition en Argentine :

  • Dolichotis patagonum centricola, présent dans le centre du pays
  • Dolichotis patagonum patagonum, localisé au nord de la Patagonie

Ce rongeur de grande taille mesure entre 70 et 75 cm de long à l’âge adulte et pèse de 8 à 16 kg, le mâle étant généralement plus massif que la femelle. Il possède une courte queue d’environ 5 cm, nue et peu visible. Le pelage du mara, gris-brun sur le dos et les flancs, s’éclaircit sur le ventre et présente une large zone blanche sur la croupe, très visible lorsqu’il s’enfuit ; un signal d’alerte visuel pour ses congénères.

Son allure longiligne, ses grandes pattes postérieures et sa capacité à courir jusqu’à 45 km/h rappellent davantage un lièvre ou une petite antilope qu’un rongeur classique. Pourtant, ces similitudes ne traduisent aucun lien de parenté : elles résultent d’un phénomène de convergence évolutive, où des espèces éloignées développent des traits similaires en réponse aux mêmes contraintes environnementales. Cette morphologie adaptée à la course et à la vigilance témoigne de l’évolution singulière des mammifères sud-américains, longtemps isolés sur ce continent avant les grands échanges biogéographiques interaméricains.

Comment le mara survit dans les conditions extrêmes de la Patagonie ?

Les petits maras naissent avec les yeux ouverts et suivent leurs parents dès les premiers jours.

Cette espèce s’est parfaitement adaptée aux conditions extrêmes des steppes arides d’Argentine. Son succès repose sur une série d’adaptations physiologiques, alimentaires et sociales qui en font un modèle d’endurance dans un environnement hostile.

D’un point de vue physiologique, le mara dispose d’un système rénal performant, capable de limiter drastiquement les pertes hydriques. Il peut survivre de longues périodes sans boire, en extrayant l’eau directement des végétaux secs. Comme le souligne le Dr Carlos Fernandez, biologiste spécialiste de la faune patagonienne : « Le lièvre de Patagonie peut extraire jusqu’à 90 % de l’eau contenue dans son alimentation, ce qui représente une adaptation physiologique exceptionnelle même comparée à d’autres espèces désertiques. » Son régime alimentaire est tout aussi adapté. Herbivore opportuniste, il consomme principalement des graminées, des plantes basses, mais aussi des fruits, graines et parfois des cactus. Sa dentition, adaptée au broyage de végétaux coriaces, ainsi que son microbiote intestinal très diversifié, lui permettent d’exploiter des ressources inaccessibles à d’autres mammifères herbivores.

Sur le plan comportemental, le mara présente une organisation sociale remarquable. Il vit en couple monogame stable, une rareté chez les rongeurs. Plusieurs couples partagent un terrier commun pour la mise bas, formant une structure communautaire efficace. Cette coopération améliore la protection contre les prédateurs et assure une meilleure thermorégulation des jeunes dans un climat soumis à d’importantes variations. Enfin, sa capacité à fuir rapidement et à parcourir de vastes territoires, parfois plus de 200 hectares, renforce sa résilience face à la rareté des ressources et aux menaces naturelles.

Une espèce emblématique de Patagonie à mieux connaître… et préserver

L’expansion de l’élevage ovin transforme profondément son habitat : les clôtures limitent ses déplacements, les troupeaux consomment les mêmes ressources végétales, et la concurrence s’intensifie. Dans certaines zones, les populations de maras ont ainsi chuté de plus de 70 %. À cela s’ajoutent les périodes de sécheresse plus fréquentes dues au changement climatique, qui réduisent la disponibilité de sa nourriture.

Heureusement, des projets de conservation voient le jour. Le Projet Mara Patagónico, par exemple, combine recherche, sensibilisation et travail avec les éleveurs pour imaginer une coexistence durable. Des réserves créent aussi des espaces protégés où les maras peuvent évoluer librement. Résultat : on observe déjà une stabilisation des populations dans certaines zones. L’animal devient même un symbole local : dans plusieurs villages de Patagonie, des programmes scolaires valorisent cette espèce comme patrimoine naturel. Le tourisme nature joue aussi un rôle. En choisissant des opérateurs engagés, les visiteurs soutiennent la préservation de cet animal unique.

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Comment observer le mara lors d’un voyage en Argentine ?

Où voir le mara ? Les meilleurs sites 

C’est dans les steppes sauvages de Patagonie que ce grand rongeur se laisse le plus aisément observer, bien plus qu’au cœur du pays, où sa présence est plus discrète.

Péninsule Valdés (Chubut)

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Péninsule Valdés est le site incontournable pour observer le mara. Ses vastes steppes et dépressions salines forment un habitat idéal où les maras sont nombreux. Vous pouvez aussi y découvrir baleines franches, éléphants de mer et manchots de Magellan. Les meilleures périodes d’observation s’étendent généralement de septembre à avril, durant le printemps et l’été austral, lorsque les animaux sont plus actifs et que la reproduction bat son plein.

On peut les apercevoir en liberté, surtout dans les steppes ouvertes, mais il faut être discret et patient.

Parc National Monte León (Santa Cruz)

Créé en 2004, ce parc préserve un environnement côtier patagonien où il cohabite avec le littoral atlantique. C’est rare de voir ces rongeurs évoluer à quelques centaines de mètres de la mer, offrant des occasions photo exceptionnelles. Les sentiers balisés facilitent l’observation tout en respectant la faune locale.

Parque Nacional Bosques Petrificados de Jaramillo (Santa Cruz)

Situé en Patagonie, ce parc est connu pour ses forêts pétrifiées, mais il abrite aussi des zones steppiques où le mara peut être aperçu. Moins fréquenté que les autres, il offre une expérience nature plus intimiste.

Parque Sierra de las Quijadas (San Luis)

Plus au nord ce parc aux paysages arides est une option intéressante pour les voyageurs cherchant à combiner observation animale et découverte géologique.

Conseils pour observer le mara en Patagonie

  • Privilégiez les bonnes heures : sortez tôt le matin ou en fin d’après-midi, lorsque ils sont les plus actifs.
  • Équipez-vous correctement : des jumelles (8x42 ou 10x42) sont idéales pour les repérer à distance sans les déranger.
  • Soyez patient : ces animaux se déplacent beaucoup. Il faut parfois du temps pour les voir.
  • Gardez vos distances : restez à au moins 50 mètres, surtout entre octobre et décembre (période de reproduction). un téléobjectif (300 mm ou plus) vous aidera à capturer leurs expressions et attitudes sans vous approcher.
  • Respectez leur tranquillité : ne les nourrissez jamais, cela peut nuire à leur santé et à leur comportement naturel.
  • Optez pour une sortie guidée : des guides naturalistes connaissent leurs habitudes et augmentent vos chances de ren.contre.
Marilys
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Marilys

Avec plusieurs années d'expérience en communication et en marketing digital, Marilys a fait de l'Amérique du Sud son terrain d'exploration privilégié, avec un regard curieux et bienveillant.

Elle s'intéresse autant à la biodiversité exceptionnelle des différentes régions, aux paysages glaciaires et aux mystères archéologiques, qu'à la cosmovision andine et à la sagesse ancestrale des premiers peuples.

Ses recherches minutieuses et son vécu personnel sur place alimentent ses connaissances, qu'elle partage avec enthousiasme. Son regard polyvalent lui permet de transmettre dans ses écrits les multiples facettes du Chili et de l'Argentine.