Le chinchilla : où vit-il au Chili et quelles sont les menaces qui pèsent sur lui ?

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Le chinchilla : où vit-il au ...
Au cœur des Andes chiliennes se cache un trésor vivant : le chinchilla, un petit mammifère à la fourrure si soyeuse qu’elle est devenue légendaire. Ce rongeur emblématique des montagnes sud-américaines a traversé les siècles en défiant tous les pronostics. Longtemps menacé d’extinction, il réapparaît aujourd’hui dans des vallées reculées où plus personne n’espérait le revoir, une lueur d’espoir pour la biodiversité andine. Bien qu’on puisse croiser sa silhouette du Pérou à l’Argentine en passant par la Bolivie, c’est au Chili, qu’il règne encore en maître sur les hauteurs rocheuses qui l’ont vu naître.

Le chinchilla au Chili : description, habitat et mode de vie

Où vit le chinchilla et quelles sont ses caractéristiques ?

Le chinchilla à queue longue est connu pour sa fourrure dense et douce, mais aussi pour sa capacité à se déplacer rapidement à travers des terrains rocailleux.

Le chinchilla de cola larga (Chinchilla lanigera), également appelé chinchilla chilien ou chinchilla à longue queue, est un petit rongeur endémique des Andes. Il fait partie de la famille des Chinchillidae et est l’une des deux espèces du genre Chinchilla. Cet animal est particulièrement remarquable par sa fourrure dense, qui mesure entre 2 et 4 cm de longueur. De couleur grise et blanche, avec des bandes noires, sa fourrure est extrêmement douce et soyeuse. Un détail qui le singularise : chaque follicule pileux peut contenir jusqu’à 60 poils, contrairement à l'homme où un follicule ne contient qu'un seul poil.

Cet animal vit à l’état sauvage, il réside dans les chaînes montagneuses du centre-nord du Chili, un territoire qui relie les montagnes côtières aux Andes, et se trouve à des altitudes comprises entre 400 et 2 000 mètres.

Mode de vie du chinchilla

C’est un animal nocturne par nature, mais on peut aussi le croiser durant les journées ensoleillées, souvent en train de grimper sur les rochers ou de se poser près de son terrier. C’est un herbivore qui se nourrit principalement d’herbes, de graines, mais aussi d’insectes et d’œufs d’oiseaux, ce qui lui permet de s'adapter aux conditions parfois austères de son habitat montagneux.

Socialement, ils forment des colonies organisées, parfois composées de 15 à 100 individus. Ces groupes bien structurés permettent une meilleure cohésion et une gestion efficace des risques. Par ailleurs, les femelles sont dominantes au sein des groupes, jouant un rôle central dans la vie sociale de l'espèce. La reproduction a lieu entre octobre et décembre, au cœur de l'été austral, et donne généralement naissance à deux ou trois petits après une gestation d’environ 111 jours. En captivité, cette durée peut varier entre 105 et 118 jours.

Qui chasse le chinchilla ?

Le renard de Magellan, agile et rusé, est un prédateur redouté des chinchillas, qu’il chasse principalement la nuit, en s'adaptant aux conditions sévères des Andes.

Le chinchilla sauvage fait face à divers prédateurs naturels qui ont inffluencé son comportement, comme son activité nocturne et sa vie en colonies. Parmi ces prédateurs, le renard de Magellan et le chat des Andes. Ce félin rare et menacé, parfaitement adapté aux altitudes extrêmes, chasse principalement la nuit, période durant laquelle ils sont les plus actifs. Les rapaces nocturnes, comme le grand-duc de Magellanie et la chouette effraie, représentent également des menaces majeures. L'analyse des pelotes de rejection des rapaces nous permet d'étudier l’importance des chinchillas dans leur régime alimentaire et d'estimer indirectement la taille des populations. Enfin, les couleuvres, comme la culebra de Vidriera (Philodryas chamisson), sont également une menace pour les jeunes rongeurs. Ces reptiles peuvent s'infiltrer dans les terriers et atteindre les nids où se trouvent les petits. Les chinchillas se protègent en adoptant des stratégies de défense, telles que la vigilance collective, des galeries souterraines, une ouïe fine et un pelage cryptique.

Cependant, l’intervention humaine a perturbé l'équilibre naturel des Andes, en particulier en réduisant drastiquement les populations, qui  sont menacées depuis des années par diverses activités humaines telles que la chasse illégale, le commerce d'animaux de compagnie, la chasse, l'exploitation minière et la récolte de bois. Cette diminution affecte non seulement l'espèce elle-même, mais aussi ses prédateurs, en particulier le chat des Andes. Par ailleurs, ces petits animaux sont vulnérables aux impacts des phénomènes climatiques d’El Niño, un cycle climatique dans l’océan Pacifique qui perturbe les conditions météorologiques à l’échelle mondiale.

Du respect ancestral à l’exploitation massive du chinchilla

Le commerce illégal de la peau de chinchilla, prisé pour sa douceur et sa rareté, menace la survie de cette espèce fragile, en dépit des lois de protection qui interdisent sa capture et son commerce non autorisé.

Avant l'arrivée des Européens, les civilisations précolombiennes, notamment les Incas et les Chinchas, exploitaient ces animaux de manière raisonnée, utilisant leur fourrure uniquement pour les vêtements cérémoniels de la noblesse. Cette relation équilibrée avec l'espèce a brutalement pris fin au XVIIIe siècle, lorsque la demande européenne pour les fourrures de luxe a déclenché une véritable hécatombe. Les récits historiques et les documents d'époque révèlent des pratiques particulièrement cruelles. Les chasseurs professionnels, appelés "chinchilleros", développèrent un arsenal de techniques pour maximiser leurs prises, sans considération pour la souffrance animale ou la préservation des populations. Dans les hautes vallées andines, entre le Chili et la Bolivie, ces hommes traquaient les colonies entières, n'épargnant ni les femelles gestantes ni les jeunes. Ils utilisaient des chiens spécialement dressés pour repérer les colonies. Plusieurs techniques très cruelles étaient employées pour maximiser les captures : l’enfumage, qui forçait les animaux à sortir de leurs terriers en les asphyxiant ; l’inondation des galeries à l’aide de ruisseaux détournés ; le piégeage avec des collets métalliques causant d’atroces blessures ; et le "desbarrancamiento", qui précipitait les chinchillas du haut des falaises.

Le commerce qui en résultait était colossal. Entre 1828 et 1916, les registres douaniers attestent de l'exportation de plus de 7 millions de peaux vers l'Europe et l'Amérique du Nord. Dans les années 1890, une seule peau de qualité supérieure pouvait atteindre l'équivalent de 100 dollars actuels sur le marché londonien. Ces prix exorbitants ont encouragé une intensification constante de la chasse, créant un véritable cercle vicieux : plus l'espèce devenait rare, plus les prix montaient, motivant davantage de chasseurs à partir en expédition.

Où voir le chinchilla à longue queue au Chili ?

Le Parc National Chinchillas : un sanctuaire unique au monde

Situé dans la région de Coquimbo, le Parc National Los Chinchillas est un espace protégé qui abrite une grande diversité de faune et de flore, en particulier le chinchilla, et constitue un sanctuaire essentiel pour la préservation de cette espèce en danger.

Situé dans la région de Coquimbo, le Parc National Las Chinchillas est un site déterminant pour la protection du chinchilla à queue longue. Créé en 1983, il s’étend sur 4 229 hectares et constitue l’un des derniers refuges pour ces rongeurs dans leur habitat naturel. Son origine remonte à 1975, lorsqu’une découverte surprenante a révélé l’existence de colonies de ces rongeurs que l’on croyait presque éteintes. Cette redécouverte a conduit à la création du parc quelques années plus tard afin d’assurer leur préservation.

Aujourd’hui, c’est le seul endroit au Chili où ces animaux bénéficient d’une protection dans leur milieu d’origine. L’observation de cet animal est possible, mais il faut être patient : ils sortent principalement à l’aube et au crépuscule pour se nourrir. Juan Mendoza, garde forestier depuis plus de vingt ans, recommande de les chercher juste avant le coucher du soleil, moment où ils sont les plus actifs. Le parc dispose aussi d’un nocturama, un espace conçu pour recréer les conditions de vie des animaux nocturnes. Il permet d’observer sept espèces de mammifères, dont le petit rongeur, une occasion unique d’en apprendre davantage sur son comportement.

Comment contribuer à la préservation de cette espèce endémique ?

L'écotourisme responsable sensibilise le public et soutient les communautés locales impliquées dans la conservation. Des programmes de recherche collaboratifs avec des universités chiliennes et argentines permettent de mieux comprendre l’espèce et d’adapter les stratégies de préservation. Bien que la situation reste préoccupante, des signes d'amélioration apparaissent, avec une stabilisation des populations et même une expansion dans certaines vallées adjacentes au parc.

Les technologies modernes, comme les pièges photographiques et les drones, permettent un suivi non invasif des populations, estimées entre 2 500 et 3 000 individus en 2023. Plus de 15 communautés andines participent activement à la conservation. La diversité génétique des populations sauvages est également préservée, offrant un espoir pour l’adaptation à long terme. Les corridors écologiques en développement renforceront cette diversité génétique. Le parc, accueillant plus de 12 000 visiteurs en 2023, génère des revenus pour les efforts de protection. Cependant, les menaces demeurent, notamment le changement climatique et l’expansion minière.

Découvrez nos idées de circuit au Chili. Nous pouvons inclure dans votre circuit sur mesure un passage dans le Parc National Las Chinchillas. Une expérience unique qui vous pemettra d'observer ces adorables rongeurs dans leur habitat naturel tout en contribuant à leur préservation.

Lenhart
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Pour Lenhart, le Chili et l'Argentine sont bien plus que des destinations : ce sont ses terres d'adoption, qu'il connaît intimement et qui nourrissent sa capacité à créer des voyages sur mesure, mêlant rigueur opérationnelle et intuition du terrain.

Amoureux des grands espaces et fin connaisseur de la biodiversité andine, il maîtrise les subtilités géographiques et les codes locaux qui garantissent le succès de chaque séjour. Son œil d'expert sait déceler les opportunités exceptionnelles.

Sa formation diversifiée et son engagement vers l'excellence transforment chaque aventure en une expérience inoubliable.