Voyager à Arica, ville de l’éternel printemps

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Arica s’étire à l’extrême nord du Chili, à seulement quelques kilomètres du Pérou. Cette ville portuaire bénéficie d’un climat doux toute l’année et de plages qui attirent autant les surfeurs que les vacanciers. Mais au-delà du front de mer, Arica cache des surprises : les momies les plus anciennes du monde, une cathédrale métallique signée Gustave Eiffel, des vallées fertiles au milieu du désert et des géoglyphes millénaires gravés dans les collines. La région sert aussi de point de départ vers les hauts plateaux andins, leurs lagunes d’altitude et leurs villages aymaras. Entre océan Pacifique, désert d’Atacama et cordillère des Andes, elle concentre une diversité de paysages et d’expériences qui en font une destination riche et contrastée du nord chilien.

Découvrir Arica, ville du grand nord du chilien

Arica, entre mer et désert

Arica est une ville côtière du nord du Chili, connue pour son climat sec, ses plages et son riche patrimoine historique.

Arica se situe à l'extrême nord du Chili, à 18 km à peine de la frontière péruvienne. Cette cité portuaire de plus de 226 000 habitants occupe une bande côtière étroite, entre le Atacama et l’océan Pacifique. Le climat y est étonnant : elle détient le record mondial de sécheresse avec moins de 0,5 mm de pluie par an. Pourtant, les températures restent douces toute l'année. Tout près, les vallées d’Azapa et de Lluta forment deux rubans fertiles qui rompent la monotonie du désert.

Traversée par la Panaméricaine, elle est un carrefour d'échanges naturel. La ville sert de port libre à la Bolivie qui n'a pas d'accès à la mer. Autrefois, une ligne de train reliait Arica à La Paz en transportant beaucoup de marchandises.

Origine de la ville et héritage historique

La région est habitée depuis l'époque précolombienne par les civilisations Chinchorro et Tiwanaku. Elle abrite d'ailleurs les plus anciennes momies au monde, antérieures de 2 000 ans à celles d'Égypte. Fondée en 1565, la ville prospère comme port d'exportation des mines d'argent de Potosí. Péruvienne pendant des siècles, elle est annexée par le Chili à la suite de la guerre du Pacifique. Le 7 juin 1880, l'assaut du Morro d'Arica scelle la victoire chilienne. L'annexion devient officielle en 1929 avec le Traité de Lima. Ce passé mouvementé explique son mélange culturel unique, où se croisent influences péruviennes, boliviennes et chiliennes.

Découvrir Arica et le nord du Chili : activités et sites incontournables

Arica attire beaucoup de Chiliens pour son cadre de vie, ses plages, ses jardins qui longent le front de mer et ses palmiers face au Pacifique.

Visiter la ville d’Arica : sites, musées et plages

Le Morro, symbole de la cité portuaire

La cathédrale San Marcos, construite au XIXᵉ siècle par Gustave Eiffel, se distingue par son architecture métallique unique et ses tons clairs qui dominent la place principale.

Cette falaise rocheuse domine la ville, du haut de ses 110 mètres, et donne un panorama spectaculaire sur l'océan, le port et le désert alentour. C'est ici que s'est jouée la bataille décisive de 1880 lors de la Guerre du Pacifique. Au sommet, installé dans une ancienne forteresse qui contrôlait à la fois la terre et la mer, le Museo Histórico y de Armas revient sur cet épisode avec sa collection d'armes d'époque et ses canons. Les plus téméraires peuvent s'offrir un vol en parapente depuis le Morro jusqu'aux plages en contrebas.

À son pied, le Museo de Sitio Colón 10 expose plus d'une centaine de momies chinchorros découvertes en 2010 lors de travaux pour un hôtel. Vieilles de plus de 4 000 ans, elles sont présentées intactes, exactement comme elles ont été trouvées sur ce qui semble être un lieu sacré de la culture chinchorro.

Ambiance portuaire et traces du passé

Le centre-ville se découvre en flânant entre architecture et vie locale :

— La Cathédrale San Marcos attire l’oeil avec sa structure entièrement métallique, œuvre de Gustave Eiffel. Préfabriquée à Paris puis assemblée à Arica en 1876, cette église néogothique avait été commandée par le président péruvien José Balta qui cherchait des bâtiments capables de résister aux séismes. L'ingénieur français a laissé d'autres traces dans la ville : l'ancienne douane, aujourd'hui Maison de la Culture, et l'ancienne gare ferroviaire.

Une promenade le long du port d’Arica permet d’observer l’activité des pêcheurs, les lions de mer et pélicans qui se reposent sur les quais.

— Du côté du port, l'ambiance change du tout au tout. Chaque matin, le terminal pesquero s'anime quand les pêcheurs découpent et vendent leurs prises directement sur le quai. Les lions de mer, installés à quelques mètres, se régalent bruyamment des restes de poissons. Pour prendre un peu de hauteur, on peut embarquer pour un tour en bateau dans la baie.

— L'ancienne gare voisine du port mérite un détour. Elle expose une locomotive allemande de 1924 et raconte l'épopée de la ligne Arica-La Paz, inaugurée en 1913. Ce chemin de fer mythique reliait la Bolivie au Pacifique en franchissant un col à 4 265 mètres d'altitude. Fermée en 2005, la ligne ne fonctionne plus qu'occasionnellement pour quelques trajets touristiques.

— La Casa Bolognesi est une propriété péruvienne blottie au pied du Morro. C'est ici que le 5 juin 1880, le colonel Bolognesi refusa la reddition face aux Chiliens en déclarant : "Je remplirai mes devoirs en brûlant jusqu'à la dernière cartouche". Sa belle façade en bois ornée de deux terrasses rappelle l'architecture de la fin du XIXe siècle et l'épisode héroïque qui s'y est déroulé.

Les plages d'Arica

  • El Laucho : au pied du Morro, cette plage proche du centre offre coins d'ombre sous les palapas, restaurants en bord de mer et eaux calmes pour se baigner.
  • La Lisera : plage familiale en forme de crique, est idéale. Son nom vient des "lisas", petits poissons qui peuplent les eaux.
  • Brava : baignade déconseillée en raison des courants, mais parfaite pour un pique-nique, se détendre ou admirer le panorama.

Alentours d’Arica : désert, parcs, vallées et sites historiques

Autour de la ville, les paysages changent vite. À seulement quelques heures de route, on passe des vallées fertiles parsemées de géoglyphes millénaires aux hauts plateaux andins peuplés de vigognes, des canyons hérissés de cactus géants aux déserts de sel où nichent les flamants et pluviers oréophiles.

Parc National Lauca : au cœur des Andes

Le musée archéologique de San Miguel de Azapa abrite les momies Chinchorro, considérées comme les plus anciennes du monde.

À 145 kilomètres à l'est d'Arica, le Parc National Lauca est à lui seul un voyage spectaculaire. En quelques heures de route, on grimpe du niveau de la mer à plus de 4 500 mètres d'altitude. Reconnu Réserve Mondiale de la Biosphère par l'UNESCO depuis 1981, le parc est dominé par les volcans jumeaux Parinacota et Pomerape, dont les sommets enneigés culminent à plus de 6300 mètres. Le lac Chungará, perché à 4 570 mètres, est le site le plus visité du parc. Ses eaux cristallines reflètent parfaitement les volcans. La faune est facilement observable : vigognes, alpagas, lamas paissent sur les hauts plateaux, tandis que plus de 130 espèces d'oiseaux peuplent les lagunes, dont les flamants des Andes qui colorent de rose les points d'eau.

Les villages aymaras de Parinacota et Chucuyo, avec leurs églises coloniales blanches aux toits de chaume et leurs maisons en adobe, ajoutent une dimension culturelle forte. Il est recommandé de passer une nuit à Putre (3 500 m) avant de monter plus haut pour s'acclimater à l'altitude.

Vallée d'Azapa : grenier fertile et trésors archéologiques

À une douzaine de kilomètres au sud d'Arica, la vallée d'Azapa contraste spectaculairement avec le désert environnant. On y cultive fruits tropicaux, olives et fleurs. 

  • Le Musée Archéologique San Miguel de Azapa est la visite incontournable de la région. Il abrite les momies Chinchorro, les plus anciennes au monde avec plus de 7000 ans, inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2021. Le musée expose une riche collection d'artefacts illustrant l'évolution des cultures andines depuis la préhistoire jusqu'à l'arrivée des Espagnols.
  • Les géoglyphes du Cerro Sagrado et du Cerro Sombrero parsèment les flancs des collines. Ces immenses dessins, créés entre 1000 et 1400 avant J.-C., représentent des hommes, des lamas, des reptiles et des figures géométriques. Le Cerro Sombrero arbore deux lamas géants qui servaient probablement de repères aux caravanes commerciales.
  • Le village de San Miguel de Azapa hérite de la culture afro-péruvienne des esclaves des colons espagnols. Son église, datant de 1660, est la 8ème plus ancienne du Chili.

Vallée de Lluta : entre cactus géants et vestiges précolombiens

La vallée de Lluta, qui s’étire étroitement sur plus de 70 kilomètres, surprend par ses cactuseraies candélabres (Browningia candelaris) pouvant atteindre 7 mètres de hauteur. Malgré les eaux salines du río Lluta, on y cultive le maïs géant, variété unique adaptée aux conditions du sol.

En plein désert, les sculptures monumentales des Presencias Tutelares symbolisent la relation sacrée entre l’homme, la terre et le cosmos dans la culture andine.
  • Le village de Poconchile, à 10 km au nord d'Arica, abrite l'église San Gerónimo datant de 1604, l'une des plus anciennes du pays. Ancienne halte sur le chemin inca, le village s'anime chaque année pour la saint Jérôme le 30 octobre.
  • Les géoglyphes de la vallée jalonnent la route vers la Bolivie : La Rana (grenouille), El Águila (aigle) et El Gigante (géant) sont les plus célèbres. Ces dessins monumentaux ne se dévoilent pleinement que depuis les hauteurs.
  • Le Pucará de Copaquilla, à 100 km de la côte et 3000 mètres d'altitude, domine la vallée avec ses 400 enceintes fortifiées du XIIe siècle. Déclaré Monument Historique National en 1983, ce site stratégique surplombe un col entouré de ravins.

Monument Naturel Quebrada de Cardones

À seulement 40 kilomètres d'Arica, cette profonde gorge sculptée par l'érosion arbore des formations rocheuses ocre et rouge. Des milliers de cactus candélabres s'accrochent aux flancs abrupts, créant un paysage presque irréel. Aux heures dorées du matin et de fin d'après-midi, les ombres dramatiques transforment ce décor minéral en symphonie de couleurs chaudes.

Salar de Surire : flamants et thermes d'altitude

À 250 kilomètres d'Arica, perché à 4 300 mètres, cet immense désert de sel, également classé Monument Naturel, abrite une concentration exceptionnelle de flamants. Trois espèces y sont présentes, celui du Chili, des Andes et de James. Les eaux thermales de Polloquere, en bordure du salar, dispose de bains naturels aux propriétés thérapeutiques.

Vallée de Camarones et sculptures monumentales

Cette vallée encaissée est le trait d'union entre les Andes et l'océan Pacifique. La montée depuis la côte sur le flanc nord serait la plus longue du Chili avec 21 km de pente discontinue.

  • Les Presencias Tutelares, à 19 km au sud d'Arica sur la Pampa de Acha, sont trois sculptures monumentales en béton de 10 mètres de haut créées par Juan Díaz Fleming en 1996. Elles représentent les premiers habitants de la région protégés par les dieux des collines.
  • Les statues Jaylliña Thaya, à 106 km d'Arica, honorent les momies et la culture Chinchorro. Ces sculptures de 4 mètres produisent des sons musicaux lorsque le vent traverse les petits trous creusés dans l'argile.

Centre Culturel de Cuya : initiation à la culture Chinchorro

Ouvert en 2021 lors de l'inscription du patrimoine Chinchorro à l'UNESCO, ce centre culturel sur la Route n°5 permet aux voyageurs de découvrir des répliques des momies les plus connues, des masques cérémoniaux, des colliers d'os et des harpons de cette civilisation qui pratiquait la momification il y a 7000 ans.

Gastronomie locale : entre Andes et Pacifique

La vallée d’Azapa est renommée pour ses oliveraies, dont les fruits noirs et charnus sont un emblème gastronomique de la région.

La position d'Arica a modelé une cuisine qui mélange influences péruviennes, boliviennes et chiliennes. Les produits de la mer dominent la carte. Le ceviche local utilise des poissons comme le congrio ou la corvina marinés dans du jus de citron vert avec oignons, piments et coriandre ou des herbes andines. "Notre ceviche raconte l'histoire de cette région frontalière où les influences culturelles se mélangent naturellement, tout comme les ingrédients dans notre assiette", explique María Contreras, chef au restaurant El Muelle.

  • Les olives noires d'Azapa, cultivées dans la vallée voisine, sont petites, charnues et intensément savoureuses. Elles accompagnent de nombreux plats, des apéritifs aux sauces.
  • Le charqui, viande de lama ou d'alpaga séchée selon des techniques ancestrales, se retrouve dans des ragoûts ou des soupes comme la chairo.
  • Les tubercules andins (pommes de terre variées, oca et ulluco) et le maïs géant de Lluta enrichissent les préparations locales.

Pour découvrir ces saveurs, direction le Mercado Loa en centre-ville. Ce marché couvert regroupe des dizaines de petits restaurants où l'on déguste un caldillo de congrio ou un ceviche pour moins de 5 000 pesos (environ 4,50 euros). Le marché agricole El Agro, à la sortie de la ville, offre quant à lui un concentré de couleurs et de produits exotiques dans une ambiance festive, entre stands de fruits et petits restaurants servant de la viande d'alpaga.

Quand partir à Arica ? Saisons, fêtes et transports

Météo et climat

Grâce à son climat doux et ensoleillé toute l’année, Arica se visite à n’importe quelle saison, avec des températures rarement extrêmes.

La cité mérite amplement son surnom de "ville de l'éternel printemps" avec ses températures clémentes toute l'année. En février, durant l’été, le thermomètre affiche entre 20 et 26 degrés. En juillet, pendant l’hiver, il oscille entre 15 et 18 degrés. Le climat aride et le fort taux d'ensoleillement font d'Arica une station balnéaire agréable en toute saison, avec ses plages de sable comme El Laucho et La Lisera.

Découvrir le nord du Chili festif

Carnaval Andino "Con la Fuerza del Sol" (février) : le plus grand carnaval andin du pays réunit plus de 15 000 danseurs et musiciens venus du Chili, de Bolivie et du Pérou. Pendant trois jours, les comparsas (groupes de danse) défilent en costumes spectaculaires au rythme de danses traditionnelles comme la diablada, la morenada ou le tinku. L'événement annuel attire plus de 100 000 spectateurs.

Fête de Saint-Pierre (29 juin) : le patron des pêcheurs est célébré dans le quartier portuaire. La statue du saint est portée en procession jusqu'à la mer, où les bateaux décorés participent à une parade maritime après avoir reçu la bénédiction. La fête se prolonge avec concerts, danses et stands de fruits de mer.

Machaq Mara (21 juin) : le nouvel an aymara se célèbre au solstice d'hiver. Avant l'aube, des centaines de personnes gravissent les collines pour accueillir les premiers rayons du soleil. Des chamanes préparent des offrandes à la Pachamama, suivies d'un repas communautaire et de danses traditionnelles.

Semaine Ariqueña (autour du 7 juin) : cette semaine commémore l'intégration de la ville au Chili. Au programme : concerts, expositions, compétitions sportives et défilés. Le point culminant est le défilé civico-militaire sur la Plaza Colón.

Comment se rendre à Arica depuis Santiago ?

L'avion reste le moyen le plus pratique. Des vols quotidiens relient Santiago à Arica en environ 2h30. L'aéroport international Chacalluta se trouve à 18 km au nord de la ville. En bus, le trajet dure environ 30 heures sur la Panaméricaine. Plusieurs compagnies proposent des services réguliers avec sièges inclinables pour les longues distances. Cette option convient à ceux qui disposent de temps et souhaitent observer les paysages du nord chilien.

Mark
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Mark incarne l'âme aventurière de Korke. Fort de sa connaissance intime de l'Amérique du Sud, il cultive une véritable passion pour ces terres qu'il arpente depuis des années, des sommets de la cordillère aux vallées secrètes.

Expert chevronné, il sait révéler les trésors insoupçonnés du Chili et de l'Argentine, accompagnant ses voyageurs vers l'essence même de ces destinations.

Passionné par l'art de vivre andin, Mark vous invite à explorer la richesse culturelle, historique et œnologique de ces terres d'émotion.