Le lama, symbole vivant de la culture sud-américaine

Faune
Le lama, symbole vivant de la ...
Le Lama glama, plus grand camélidé d’Amérique, est un trésor des Andes. Vénéré depuis les civilisations précolombiennes jusqu’à leurs descendants actuels, il incarne la richesse culturelle des hauts plateaux. Sa robustesse, sa personnalité affirmée et sa noblesse naturelle en font une attraction unique. Présent dans les paysages andins emblématiques et les festivités ancestrales, cet animal raconte l’histoire d’un peuple, témoin silencieux des traditions séculaires qui ont transformé l’identité sud-américaine.

Le lama, le plus grand camélidé d’Amérique du Sud

Une origine lointaine et une adaptation unique

Le Lama glama appartient à l’ordre des artiodactyles et à la famille des camélidés. Ses origines remontent à environ 40 millions d’années en Amérique du Nord, avant que ses ancêtres ne migrent vers l’Amérique du Sud et l’Asie il y a environ 3 millions d’années. Il y a environ six à sept mille ans, les populations andines ont entrepris la domestication du guanaco et de la vigogne grâce à des pratiques de sélection reproductive, aboutissant ainsi à son apparition. 

Adapté aux conditions extrêmes des Andes, le lama peut vivre et se déplacer aisément à plus de 4 000 mètres d’altitude grâce à son sang riche en globules rouges, qui optimise l’absorption de l’oxygène.

Aujourd’hui, le lama est principalement présent dans les régions arides et montagneuses du sud du Pérou, de l’ouest de la Bolivie, du nord du Chili et du nord de l’Argentine.

Portrait physique : une élégance fonctionnelle

Avec une hauteur d’environ 1,25 mètre et un poids pouvant atteindre 160 kg, cet animal arbore une silhouette élancée, caractérisée par un long cou et une petite tête fine. Doté d'un pelage dense aux teintes variées - du blanc pur au brun profond, en passant par des nuances grises et des motifs tachetés - il brave avec élégance les conditions climatiques extrêmes des Andes.

La longueur du pelage permet de distinguer deux types : le Q’ara, avec une face et un ventre peu fournis, et le Chaku, dont la laine est plus abondante. Les oreilles recourbées vers l’intérieur et les coussinets souples terminés par un ongle sont des adaptations essentielles à son habitat accidenté. Ces caractéristiques lui permettent de gravir aisément les pentes rocailleuses et d’affronter des conditions extrêmes.

Pourquoi le lama crache-t-il ?

Animal grégaire, le lama vit en petits groupes hiérarchisés composés d’un mâle dominant, de femelles et de jeunes. Bien qu’il soit généralement sociable, il peut se montrer agressif envers les intrus. Son célèbre crachat, utilisé comme mécanisme de défense, est un mélange de salive et de régurgitation capable d’atteindre jusqu’à 4,5 mètres. Cette méthode dissuasive le rend également utile comme gardien de troupeaux.

Une vie en altitude : un champion de l’adaptation

Parfaitement adapté aux environnements d’altitude, il vit confortablement jusqu’à 4 000 mètres grâce à un système respiratoire performant. Le Lama glama est robuste, capable de porter jusqu’à 30 % de son poids corporel sur de longues distances, tout en nécessitant peu de nourriture et d’eau. Ces caractéristiques en font un précieux allié pour les populations locales. Malgré la présence de ses prédateurs naturels (le puma et occasionnellement le renard de Magellan), sa population est stable grâce à sa domestication et de ce fait, il n’est pas considéré comme menacé. Avec une espérance de vie allant de 10 à 20 ans, il reste un symbole, à la fois pour ses qualités utilitaires et son rôle culturel dans la région.

Le lama, symbole culturel et spirituel pour les peuples andins

Un allié indispensable des civilisations autochtones

Dans la cosmovision andine, le lama est associé aux constellations sombres du ciel austral, notamment la "Yana Llama" (lama noir), figure sacrée qui symbolise l’abondance et guide les communautés dans l’observation du temps et des saisons.

Domestiqué au fil des siècles par les peuples premiers tels que les Incas, les Atacameños ou encore les Aymaras, il a permis le développement de sociétés dans des environnements hostiles grâce à sa polyvalence. Ce compagnon infatigable transporte des marchandises, fournit une laine précieuse pour la confection de vêtements et couvertures, et sa viande contribue à se nourrir. Ses excréments, sont également utilisés comme engrais pour les cultures. Selon le Dr Carlos Mendoza, archéologue à l’Université de Santiago, « le lama a été un moteur essentiel de l’expansion de l’Empire inca, facilitant le transport de biens à travers des terrains inaccessibles à d'autres animaux de bât. » En effet, plus de 80 % des sites archéologiques datant de l’époque inca révèlent des traces significatives de leur présence.

De nos jours, son élevage représente une ressource majeure dans les Andes. Sa laine, prisée pour sa douceur comparable au cachemire. Le tourisme durable axé sur ces animaux connaît également un essor, avec une hausse de 45 % des excursions impliquant les camélidés entre 2020 et 2024, selon le Ministère du Tourisme chilien.

Une place centrale dans la cosmologie andine

Le lama dépasse sa fonction utilitaire pour devenir un symbole sacré et spirituel dans la cosmovision andine. Considéré comme un médiateur entre les hommes et les divinités, il incarne l'harmonie avec la nature. Les populations autochtones pratiquent des rituels comme la Chayada, où des offrandes (aliments, boissons alcoolisées et cigarettes) sont faites à la Pachamama, la Terre-Mère, pour remercier et demander ses faveurs pour les prochaines récoltes. Dans la cosmologie andine, l’animal est représenté à travers la constellation de la Yacana. Visible dans la voie lactée, elle est perçue comme une grande femelle avec son petit. Les étoiles Alpha et Beta Centauri représentent ses yeux, brillants en novembre. Cette constellation servait de calendrier agricole, annonçant l’arrivée des pluies ou des saisons sèches et permettant aux communautés de planifier leurs récoltes.

Mythes et héritage culturel

Les légendes locales associent les lamas à la prospérité et à la connexion avec le divin. Un mythe célèbre raconte que la Yacana descend sur terre pour boire aux sources, et sa rencontre avec un humain est un présage de fortune. Ceux qui croisent sa route reçoivent de la laine de différentes couleurs, symbole de bénédiction et de succès. Dans l'art, il est représenté dans des céramiques, textiles et sculptures. Les motifs du camélidé sur les tissus traditionnels rappellent leur importance historique et spirituelle. Aujourd’hui encore, ces animaux restent un pont vivant entre les traditions anciennes et le monde moderne.

Où observer les lamas au Chili et en Argentine ?

Observer les lamas au Chili : Atacama et les hauts plateaux

Dans la province de Jujuy, notamment le long de la Quebrada de Humahuaca et de l’Altiplano, il est fréquent d’apercevoir des lamas paissant librement en bord de route, souvent gardés par des éleveurs locaux.

Les nombreux sites de la Réserve Nationale Los Flamencos combinent l'observation des lamas et des flamants dans des décors dignes d'un autre monde. Des visites guidées, souvent organisées par des communautés locales, permettent d’en apprendre davantage sur les techniques d’élevage traditionnelles et les pratiques de conservation. Le village de Socaire, réputé pour ses initiatives en tourisme durable, est un excellent point de départ.

Plus au nord, le Salar de Surire, dans la région d’Arica et Parinacota, offre une expérience inoubliable. À 4 300 mètres d’altitude, ce lac salé aux eaux turquoise est entouré de lamas broutent tranquillement. Les guides issus des communautés aymaras partagent leur savoir sur ces animaux emblématiques et sur leurs rôles dans les traditions locales.

Enfin dans l’extrême nord, le Parc National Lauca, situé à plus de 4 000 mètres d'altitude, est l'un des meilleurs endroits pour admirer ces animaux. Les troupeaux paissent librement au cœur des bofedales, dominées par des volcans enneigés.

Explorer les terres des lamas en Argentine : Jujuy et Salta

En Argentine, la province de Jujuy est un véritable sanctuaire pour les lamas. La Quebrada de Humahuaca, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, permet de contempler de nombreux spécimens évoluant dans des paysages multicolores. À Purmamarca, célèbre pour sa montagne aux sept couleurs, vous pourrez découvrir l’importance culturelle des lamas pour les communautés locales, qui perpétuent des traditions d'élevage et d'artisanat textile.

La Puna Jujeña, un vaste plateau d’altitude, abrite également de nombreuses populations. À Susques et dans les environs du Monument Naturel Laguna de Pozuelos, des expériences immersives avec des éleveurs locaux permettent de comprendre les techniques ancestrales de tonte et de tissage. Ces lieux préservés sont également parfaits pour observer son cousin la vigogne.

Dans la province voisine de Salta, les Vallées Calchaquíes révèlent les anciennes routes caravanières empruntées autrefois par les lamas. À Cachi, village pittoresque perché à 2 280 mètres d’altitude, des excursions guidées mènent aux estancias traditionnelles. Les visiteurs peuvent assister à des rituels tels que la Señalada, marquage des troupeaux, et découvrir l'artisanat textile local, reflet de l'héritage andin.

Excursions et événements inoubliables

  • Testez les caravanes de lamas !

Certaines communautés andines proposent des randonnées accompagnées de lamas, permettant aux voyageurs de découvrir les paysages montagneux tout en partageant un moment privilégié avec eux.

Vivez une expérience inoubliable en suivant les anciennes routes des caravanes de sel, également appelées chemins des Likan Antai. Pendant 3 à 4 heures, vous marchez aux côtés de ces fidèles compagnons, à travers les paysages les plus emblématiques de l’altiplano. Sur les hauts plateaux autour de San Pedro de Atacama ou dans les vastes étendues des Salinas Grandes et les vallées de Tilcara, découvrez leur rôle essentiel dans la culture locale. Ces excursions guidées vous plongent dans l’histoire des communautés autochtones et une connexion privilégiée avec ces animaux iconiques.

  • Le Floramiento del Llama : une tradition andine à découvrir

Entre janvier et février, dans les villages du Nord du Chili, vous pouvez assister au Floramiento del Llama, un rituel ancestral célébré pendant cinq jours. Les fidèles compagnons, parés de pompons colorés et de rubans tressés, sont bénis par un prêtre et leurs propriétaires pour assurer leur protection et leur fertilité. Vous pourrez voir des offrandes, des prières, et même participer au rituel en plaçant des feuilles de coca sur une table de culte. Une immersion unique dans la culture andine et ses traditions millénaires.

Conseils pratiques pour l'observation

L'observation des lamas requiert patience et respect de certaines règles essentielles. Les guides locaux recommandent de maintenir une distance minimale de 5 mètres avec les animaux et d'éviter les mouvements brusques qui pourraient les effrayer. La meilleure période d'observation se situe tôt le matin ou en fin d'après-midi, lorsque les troupeaux sont les plus actifs. Il est également conseillé de se munir de vêtements chauds et de protection solaire, l'altitude rendant les conditions climatiques particulièrement changeantes.

Un circuit unique pour découvrir les lamas et les Andes

Le lama continue d'incarner l'âme des Andes, conjuguant héritage ancestral et prospérité. Sa présence dans les paysages des hauts plateaux rappelle l'importance de préserver non seulement une espèce, mais aussi tout un écosystème culturel et naturel ayant façonné l'histoire de l'Amérique du Sud.

Pour vivre une expérience authentique avec ces camélidés, découvrez nos idées de séjour dans le nord du Chili et le nord de l’Argentine, des aventures à travers les plus beaux paysages de la cordillère.

Marilys
En savoir plus sur l'auteure de cet article
Marilys

Avec plusieurs années d'expérience en communication et en marketing digital, Marilys a fait de l'Amérique du Sud son terrain d'exploration privilégié, avec un regard curieux et bienveillant.

Elle s'intéresse autant à la biodiversité exceptionnelle des différentes régions, aux paysages glaciaires et aux mystères archéologiques, qu'à la cosmovision andine et à la sagesse ancestrale des premiers peuples.

Ses recherches minutieuses et son vécu personnel sur place alimentent ses connaissances, qu'elle partage avec enthousiasme. Son regard polyvalent lui permet de transmettre dans ses écrits les multiples facettes du Chili et de l'Argentine.