Comprendre la nationalisation du cuivre au Chili
Pourquoi le Chili a nationalisé son cuivre ?
Dans les années 1970, le Chili a nationalisé son cuivre pour reprendre le contrôle de ses ressources naturelles, alors majoritairement exploitées par des compagnies étrangères, notamment américaines. Cette décision, soutenue à l’unanimité par le Congrès, visait à renforcer la souveraineté nationale et à faire du cuivre un moteur de développement économique. Elle s’inscrit dans un contexte de revendications populaires et de volonté de redistribution des richesses. Symbole fort d’indépendance économique, la nationalisation a marqué un tournant dans l’histoire du pays.
Les racines de l'exploitation du cuivre : une histoire de dépendance
Le pays possède les plus grandes réserves de cuivre au monde, une richesse qui a attiré les convoitises dès le XIXe siècle. Au début du XXe siècle, des entreprises américaines comme Anaconda Copper et Kennecott ont pris le contrôle des principales mines, notamment El Teniente et Chuquicamata. Ces compagnies ont modernisé l'extraction mais ont également siphonné une grande partie des profits, laissant peu de retombées pour le pays hôte.
Selon l'historien chilien Mario Garcés, "l'exploitation du cuivre par des capitaux étrangers a créé une dépendance économique qui a limité le développement du Chili". En effet, bien que le cuivre représentait une part importante des exportations, les bénéfices réels pour l'économie nationale étaient minimes. Les compagnies étrangères payaient peu d'impôts et rapatriaient la majorité de leurs profits. Cette situation a alimenté un sentiment de frustration et d'injustice parmi la population chilienne. Dans les années 1960, des voix se sont élevées pour réclamer une plus grande souveraineté sur les ressources naturelles. C'est dans ce contexte que Salvador Allende, élu en 1970, a fait de la nationalisation du cuivre une priorité de son programme socialiste.
Les étapes de la nationalisation du cuivre au Chili
- 11 juillet 1971 : adoption à l’unanimité de la loi n°17.450 par le Congrès chilien.
- Objectif : reprendre le contrôle des mines détenues par Anaconda et Kennecott (entreprises américaines).
- Méthode : expropriation avec indemnisation partielle, après déduction des "profits excessifs".
- Réaction nationale : soutien massif de la population, perçu comme un acte de souveraineté économique.
- Réaction internationale : forte opposition des États-Unis, qui réduisent leur aide au Chili.
- Conséquences : pressions politiques, interventions de la CIA et déstabilisation du gouvernement Allende, menant au coup d'État de 1973.
Quels impacts a eu la nationalisation du cuivre au Chili ?
Après le coup d'État de 1973, la dictature d'Augusto Pinochet a partiellement privatisé l'industrie du cuivre, tout en maintenant un contrôle étatique sur certaines mines stratégiques. À court terme, la nationalisation du cuivre a renforcé les finances publiques et permis de financer des programmes sociaux, malgré des défis de gestion et de productivité. Aujourd'hui, la société publique Codelco, créée en 1976, reste un acteur majeur de l'industrie minière chilienne, produisant environ 10 % du cuivre mondial.
L'héritage de la nationalisation du cuivre est donc contrasté. D'un côté, elle a permis au Chili de devenir un leader mondial dans la production de cuivre, avec des retombées économiques significatives. De l'autre, elle a également révélé les limites d'une gestion étatique centralisée, notamment en termes d'innovation et de compétitivité. Pour l'économiste chilien Andrés Solimano, "la nationalisation du cuivre a été un moment clé de l'histoire du Chili, mais elle a également montré la nécessité d'un équilibre entre contrôle étatique et participation privée". Cette réflexion reste d'actualité alors que le Chili continue de chercher des moyens de maximiser les bénéfices de ses ressources naturelles tout en répondant aux défis environnementaux et sociaux.
Tourisme minier au Chili : les sites à visiter lors d’un voyage dans le désert d’Atacama
Le pays compte de nombreuses mines, actives ou abandonnées, réparties un peu partout dans le pays. Si la plupart se trouvent dans le désert d’Atacama, on en croise aussi dans d’autres régions. Celles de cuivre sont particulièrement importantes, surtout depuis leur nationalisation.
La mine de Chuquicamata
Située à 15 km de Calama, cette immense mine de cuivre à ciel ouvert est la plus grande au monde, et impressionne par ses dimensions : plus de 900 m de profondeur et visible depuis l’espace. Exploitée depuis plus d’un siècle, Chuquicamata incarne l’importance stratégique du cuivre chilien dans l’économie mondiale. Sur place, il est possible de découvrir l’impressionnant cratère, les installations industrielles, ainsi que la ville minière abandonnée, figée dans le temps. Chuquicamata est une étape incontournable pour comprendre l’identité du nord chilien et la place centrale du cuivre dans l’histoire et l’avenir du pays.
La mine de San José
La mine San José est surtout connue pour l’impressionnant sauvetage des 33 mineurs en 2010, restés coincés pendant 69 jours à près de 600 mètres de profondeur. Aujourd’hui fermée, elle reste un lieu de mémoire fort : on y découvre des monuments, des vidéos, et on peut observer les zones clés du sauvetage. C’est un endroit chargé d’émotion, au cœur du désert d’Atacama, entre Copiapó et Caldera.
La mine El Teniente et Sewell
À 150 km au sud de Santiago, dans la région de l’O’Higgins, la ville minière abandonnée de Sewell niche au cœur de la cordillère des Andes. Très loin des paysages arides de l’Atacama, ici les reliefs sont verdoyants, l’air vif, et l’altitude dépasse les 2 000 mètres. Construite pour exploiter la mine de cuivre d’El Teniente, la plus grande mine souterraine du monde, Sewell abritait autrefois jusqu’à 15 000 habitants. Avec ses escaliers en cascade et ses bâtiments colorés, cette "ville sans rues" a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2006. On peut y découvrir un musée dédié à la grande épopée du cuivre, et même descendre dans les galeries de la mine.
Inspirez-vous de notre idée de parcours dans le désert d'Atacama en 18 jours et plongez dans les détails de cette page de l’histoire économique et politique du Chili.
Parisienne aux racines chiliennes et argentines, Isabelle a grandi nourrie par ces influences chaleureuses qui ont éveillé sa soif de découverte et sa curiosité pour les mystères du monde. Elle a choisi de s'établir à Santiago dans un quartier qu'elle chérit pour ses parcs verdoyants au printemps, son énergie créative en été et les vues imprenables sur la Cordillère des Andes qui se pare de blanc en hiver. Sa force de caractère, sa détermination et sa persévérance naturelle en font une alliée précieuse pour tous les voyageurs en quête d'expériences uniques et de conseils avisés.