Le flamant des Andes, le flamant de l’Altiplano

Faune
Le flamant des Andes, le flama...
Perché sur ses longues pattes à plus de 4 000 mètres d’altitude, le flamant andin défie les conditions extrêmes des hauts plateaux de la cordillère des Andes. Cette jolie silhouette se détache sur les lagunes colorées bordées de volcans enneigés, reflet de la vie qui persiste jusque dans les habitats les plus extrêmes. Entre températures glaciales, un air raréfié et des eaux saturées en sel, cette espèce a développé des capacités physiologiques remarquables pour survivre là où peu d’autres oiseaux s’aventurent. Présent au Chili, en Argentine, en Bolivie et au Pérou, cet échassier rose semble né pour rappeler aux voyageurs la beauté indomptable des confins andins.

Le flamant des Andes, l’échassier endémique des hauts plateaux

Un Phoenicopteridé vivant en altitude

Le flamant des Andes est le plus grand des flamants sudaméricains.

La Parina grande vit dans les hauts plateaux de la cordillère des Andes, entre 2 300 et 4 500 mètres d'altitude. On le trouve au Pérou, en Bolivie, au Chili et dans le nord-ouest de l'Argentine, où il fréquente des lagunes salées isolées entre les sommets. Son habitat est hostile : eaux froides et saturées en sel, températures extrêmes, conditions difficiles.

Parmi les trois espèces de flamants d’Amérique du Sud, c’est celle que l’on rencontre le plus rarement. Malgré son plumage aux teintes rosées, il ne faut pas le confondre avec le flamant rose (Phoenicopterus roseus) qu'on trouve en Europe, en Afrique et en Asie.

Comment différencier le flamant des Andes des autres espèces ?

Le Phoenicoparrus andinus est le plus grand des trois flamants sud-américains, avec une taille pouvant atteindre 110 à 130 centimètres. Son plumage est rose pâle sur le corps, mais la tête, le cou et le haut de la poitrine tirent vers le rose rougeâtre, plus foncé. Les rémiges sont noires et contrastent nettement avec le reste du corps très clair.

Son bec est caractéristique, de couleur jaune avec une large partie noire à l'extrémité, bien plus étendue que chez le flamant de James. Les yeux sont bruns avec des lores rougeâtres. Mais le détail le plus distinctif, ce sont ses pattes : jaunes, avec seulement trois doigts (le doigt postérieur est absent). C'est le seul à avoir des pattes jaunes, ce qui permet de l'identifier facilement sur le terrain. Les deux sexes sont similaires. Sa coloration rose pâle provient de son alimentation riche en micro-organismes présents dans les eaux chargées en minéraux des lagunes d'altitude.

Comment s'est adaptée cette espèce aux conditions extrêmes des Andes ?

Cette espèce vit entre 2 300 et 4 500 mètres d'altitude, dans des lagunes où les températures peuvent chuter jusqu'à -20°C la nuit, même en été. Pour survivre à ces conditions, il a développé un système d'isolation thermique exceptionnel grâce à son plumage dense et une couche de graisse sous-cutanée qui fluctue selon les saisons. Sa respiration est particulièrement efficace. Son hémoglobine a une affinité pour l'oxygène nettement plus élevée, ce qui lui permet de capter l'oxygène dans l'air raréfié de l'altitude.

Son alimentation est l’adaptation la plus remarquable. L’échassier possède un bec unique qui fonctionne comme un filtre ultraspécialisé : lorsqu'il plonge sa tête dans l'eau, il filtre de minuscules diatomées et algues microscopiques à travers des lamelles qui retiennent les particules nutritives tout en évacuant l'eau. Comme l'explique Maria Gonzalez, ornithologue spécialisée : "Le système de filtration du flamant andin est si efficace qu'il peut extraire des organismes aussi petits que 50 microns, l'équivalent de filtrer des grains de sable individuels dans une piscine olympique." Ce rôle de filtreur en fait un régulateur important des écosystèmes des lagunes d'altitude.

L'espèce est classée comme vulnérable, principalement en raison de la dégradation de son habitat liée à l'activité minière et au prélèvement d'eau. Plusieurs programmes de conservation sont en cours dans les quatre pays où il vit, avec des résultats encourageants.

Où voir le flamant des Andes lors de votre voyage en Amérique du Sud ?

Les meilleurs sites de l’Altiplano pour voir la Parina Grande

L’observer est une expérience inoubliable pour tout voyageur séjournant dans les Andes, et pour les passionnés d’ornithologie. Certains lieux garantissent la présence de ces grands échassiers dans les paysages colorés de l’Altiplano.

Au Chili

Les flamants se nourrissent généralement en couple ou en petits groupes.

Le Parc National Lauca, situé dans la région d'Arica et Parinacota à l'extrême nord, à plus de 4 500 mètres d'altitude, abrite plusieurs lagunes où les flamants se rassemblent en grand nombre, en particulier à la Laguna Chungará, au pied du volcan Parinacota. Le site dispose de sentiers balisés et d'infrastructures adaptées. La Réserve Nationale Los Flamencos, dans la région d'Antofagasta, comprend plusieurs lagunes salées où les trois espèces sud-américaines cohabitent. La Laguna Chaxa, dans le Salar d'Atacama, est spécialement aménagée pour l'observation ornithologique, avec des passerelles et des points de vue stratégiques. Le Salar de Tara, moins accessible mais tout aussi spectaculaire, a de beaux paysages lunaires où ils vivent dans un décor de formations rocheuses sculptées par le vent. L'accès nécessite un guide local.

En Argentine

La province de Jujuy abrite plusieurs lieux peuplés de Parinas grandes. La Laguna de los Pozuelos, située à environ 3 600 mètres d'altitude, classée Réserve de Biosphère et site Ramsar d'importance internationale, est devenu l'un des principaux refuges pour ces oiseaux dans la région. Le site peut accueillir jusqu'à 26 000 flamants durant les périodes favorables. Plus au sud, dans la province de La Rioja, la Laguna Brava se situe à plus de 4 200 mètres d'altitude. Cette lagune isolée permet de voir des colonies évoluant dans un paysage minéral, avec en toile de fond les sommets enneigés de la cordillère. La Laguna Blanca dans la puna de Catamarca accueille régulièrement des colonies.

En Bolivie

La région du Sud Lipez, dans le sud-ouest de la Bolivie, concentre les meilleurs sites d'observation de toutes les Andes. La Réserve Nationale de Fauna Andina Eduardo Avaroa s'étend sur 7 000 km² et abrite plusieurs lagunes. La Colorada est l'une des grandes merveilles de la nature bolivienne, avec une surface d'environ 60 km². Également appelée "le nid des Andes", elle abrite les trois espèces différentes de flamants. Sa couleur rouge provient de la forte présence d'algues microscopiques dans ses eaux. La Laguna Verde, située à 90 km au sud de la première, possède une eau teintée d'une magnifique couleur verte due au cuivre, au carbonate de plomb, au soufre et aux diatomées.

La Laguna Blanca, située dans le parc  à 4 350 mètres d'altitude, tire son nom de la couleur blanche de ses eaux due à la forte concentration de sels minéraux. Elle s'étend sur une superficie de 10,9 km². La Laguna Cañapa et la Laguna Hedionda accueillent également des colonies importantes. Ces lagunes sont accessibles depuis les circuits qui traversent le Salar de Uyuni, offrant ainsi une belle escapade combinée avec la découverte du plus grand désert de sel au monde.

Les conseils de notre équipe

Quelle est la meilleure période pour voir des flamants des Andes ?

La sécheresse des zones humides dans les Andes met en péril l’habitat des flamants.

La saison sèche, d'avril à novembre, détient les meilleures conditions pour voir les flamants andins. Durant cette période, la baisse du niveau d'eau dans les lagunes concentre les micro-organismes dont ils se nourrissent.

L'hiver austral (juin à août) présente un avantage particulier : les rassemblements importants se forment sur les sites de nidification. Mais la période de septembre à novembre reste idéale. C'est à ce moment que les échassiers entament leur cycle de reproduction et affichent des comportements sociaux extraordinaires dignes des plus beaux spectacles : parades nuptiales, déplacements collectifs synchronisés et danses en groupe.

La période estivale (décembre à mars) peut rendre certaines pistes d'accès difficiles à cause des conditions météorologiques sur l'Altiplano. Néanmoins, c'est pendant cette période que l'observation est facilitée par les conditions climatiques plus favorables.

Comment observer le flamant des Andes ?

  • Les premières heures de la matinée donnent généralement la meilleure lumière pour photographier et contempler les oiseaux sans les déranger. Les fins d'après-midi sont également propices, lorsque la lumière devient plus douce et rasante.
  • Maintenez une distance minimale de 50 mètres avec les colonies. Utilisez des jumelles (10x42 minimum) ou une longue-vue pour voir les détails sans les perturber. Un trépied est utile pour stabiliser vos observations, surtout en altitude où la fatigue se fait sentir plus rapidement.
  • Évitez les mouvements brusques et les bruits forts. Si les flamants montrent des signes d'inquiétude (tête relevée, déplacements nerveux), éloignez-vous doucement. Restez sur les sentiers balisés et ne vous approchez jamais des zones de nidification.
  • Consultez les prévisions météorologiques avant de partir et prévoyez des vêtements chauds, même en journée : les températures peuvent varier brutalement.
Isabelle
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Isabelle

Notre conceptrice voyage incarne par ses origines française, chilienne et argentine cette vision transculturelle qui fait la singularité de Korke. Trait d'union naturel entre l'Europe et l'Amérique du Sud, elle comprend intuitivement les attentes des voyageurs francophones.

À l'image de sa curiosité intellectuelle et de sa rigueur, elle se passionne pour tout ce qui touche à la culture, l'histoire et la politique de ces deux nations.

Son regard avisé et son expertise lui permettent de partager avec ceux qui partent à l’aventure les clés essentielles à comprendre lors d'un voyage en Amérique du Sud.