Le flamant de James, le plus le plus petit flamant présent en Amérique du Sud

Faune
Le flamant de James, le plus l...
Dans les eaux salées des hauts plateaux andins, le flamant de James marche lentement parmi les lagunes, comme suspendu entre ciel et sel. Le plus gracile des flamants de l’Altiplano, aux côtés du Chilien et de l’Andin, se reconnaît à son plumage d’un rose éclatant et à ses ailes bordées de carmin. Espèce rare et endémique des Andes centrales, il habite les lagunes isolées, miroirs salés du ciel et du silence. Entre le froid, la lumière et la poussière, ce discret échassier résume la vie même des hauteurs : fragile, résistante, d’une beauté sans emphase.

Le flamant de James, endémique des pays andins

La Parina chica : espèce et habitat

Le Flamant de James se reconnaît à la fine zone de peau rouge entourant la base de son bec, un trait distinctif absent chez les deux autres espèces présentes.

Le Phoenicoparrus jamesi doit son nom scientifique à Harry Berkeley James, naturaliste britannique qui a décrit l'espèce durant son expédition au Chili en 1886. Localement, il est appelé "parina chica", un nom qui reflète sa taille par rapport aux autres flamants de la région. Bien qu’il soit de couleur rose, cette dénomination ne concerne pas le "flamant rose" que l'on trouve en Europe, Afrique et Asie.

L’espèce habite exclusivement  les hauts plateaux andins du Chili, de l'Argentine, de la Bolivie et du Pérou. Son aire de répartition se concentre dans les lagunes, entre 3 000 et 4 500 mètres d’altitude, aux conditions difficiles : eaux alcalines à salines, températures variables avec des amplitudes thermiques importantes entre le jour et la nuit, et environnements souvent inhospitaliers pour la plupart des autres animaux. Le flamant de James a développé une relation symbiotique remarquable avec ces milieux extrêmes, fréquentant préférentiellement les zones les plus inaccessibles. Cette adaptation lui a permis d'occuper une niche écologique distincte, minimisant la compétition avec les autres espèces présentes dans la région.

Comment distinguer le flamant de James des autres espèces de flamants sudaméricains ?

On rencontre souvent le Phoenicoparrus jamesi aux côtés du flamant des Andes et du flamant du Chili. Tous trois partagent une allure élancée et un plumage rosé, mais plusieurs détails permettent de les distinguer. La taille est le premier indice : le flamant de James est le plus petit, autour de 90 cm, contre plus de 110 cm pour le flamant des Andes, et encore davantage pour le Chilien. Sa couleur est plus pâle, d’un rose doux presque blanc, avec peu de contraste.

Symbole de pureté et messager des dieux, le Flamant de James occupe une place sacrée dans les rituels et légendes des peuples andins.

Le bec, court et recourbé, se distingue par sa base jaune et sa pointe noire, tandis qu’une zone rouge dépourvue de plumes entoure l’œil.

Cette forme particulière lui permet de filtrer efficacement les micro-organismes dont il se nourrit, une adaptation qui le distingue de ses cousins et réduit la compétition entre les espèces.Le comportement fournit également des indices utiles. La Parina chica niche exclusivement en colonies, parfois mélangées avec d'autres espèces. Ses déplacements suivent des schémas migratoires spécifiques, avec des mouvements nuptiaux privilégiés pour l'observation. Ses danses synchronisées suivent des chorégraphies plus lentes et avec des mouvements de tête caractéristiques qui diffèrent de ceux des autres espèces.

La parwa dans les traditions andines

L’échassier occupe une place importante dans l'imaginaire des communautés andines. Des pétroglyphes datant de plus de 2 000 ans découverts dans la région d'Antofagasta au Chili représentent des silhouettes stylisés, attestant leur présence ancienne dans l'art rupestre précolombien. Dans la cosmovision traditionnelle, la parwa (son nom en aymara) incarne la fertilité et l'eau cyclique, éléments vitaux dans ces terres d'altitude arides. Elle est considérée comme un messager entre le monde terrestre et céleste. Les tissus traditionnels de la région intègrent fréquemment des motifs de l’oiseau, et dans certaines communautés de l'altiplano bolivien et chilien, tisser le motif du flamant dans une pièce destinée à un jeune couple symbolise traditionnellement un souhait de fidélité et d'harmonie.

Les pratiques rituelles intègrent la figure de l’animal, particulièrement lors des cérémonies liées aux cycles agricoles. Des danses imitent leurs mouvements caractéristiques lors de rituels propitiatoires pour appeler la pluie, car leurs parades collectives étaient interprétées comme annonçant la saison des pluies. Une tradition quechua de la région de Lípez témoigne : "Nos ancêtres observaient les mouvements collectifs des flamants pour déterminer le meilleur moment pour préparer les champs, car ces oiseaux sentent l'arrivée de l'eau avant nous."

Où voir le flamant de James dans son habitat naturel ?

Les meilleurs sites d’observation dans l’Altiplano

Nichée au cœur du Salar d’Atacama, la Laguna Chaxa est le lieu idéal pour observer de près les flamants dans leur habitat naturel.
  • Salar d'Atacama (Chili) : les lagunes Chaxa et Pular, situées dans la Réserve Nationale Los Flamencos, sont les deux sites d'observation les plus accessibles. Situées à environ 2 300 mètres d'altitude, ces lagunes accueillent régulièrement des colonies mixtes où il côtoie ses cousins dans un décor lunaire.
  • Parc National Nevado Tres Cruces (Chili) : plusieurs lagunes, notamment la Laguna Santa Rosa, pouvant atteindre plusieurs centaines d'individus pendant la saison favorable. Ce parc transfrontalier protège des habitats essentiels de part et d'autre de la cordillère.
  • Laguna Colorada (Bolivie) : l'une des grandes merveilles naturelles de l’Atiplano, cette lagune d'environ 60 km² doit sa couleur rougeâtre aux sédiments et pigments d'algues. Surnommée "le nid des Andes", elle abrite des concentrations impressionnantes des trois espèces de flamants.
  • Laguna Verde (Bolivie) : à 90 km au sud de la Laguna Colorada, cette lagune au vert émeraude irréel, située près du volcan Licancabur, accueille également des populations de flamants. Sa composition riche en minéraux lui confère une couleur particulière.
  • La route des Joyaux, Sud Lipez (Bolivie) : cette vaste région abrite de nombreuses lagunes aux noms évocateurs : Ramaditas, Honda, Chiar Khota, Hedionda et Cañapa. Chacune présente des nuances de couleurs différentes et héberge des colonies dans un environnement spectaculaire entre 4 000 et 4 600 mètres d'altitude.
  • Réserve provinciale Laguna Blanca (Argentine) : dans la province de Catamarca, ce site loge des colonies significatives où les flamants de James se rassemblent en nombres importants. Les populations sont relativement stables tout au long de l'année.
  • Parc National Campo de los Alisos (Argentine) : les lagunes situées en altitude de la Puna de Jujuy constituent des havres précieux, bien que l'accès soit souvent complexe et requière des véhicules adaptés aux pistes difficiles de la haute montagne.

Quand est la meilleure période pour observer les flamants de James ?

Le cycle annuel du flamant de James suit les fluctuations saisonnières qui rythment la vie sur l'altiplano. La saison sèche (mai à octobre) offre les conditions les favorables pour l'observation, avec des températures diurnes clémentes, un ciel dégagé et une accessibilité optimale des sites. Durant cette période, la diminution des ressources en eau rend certaines lagunes plus attractives pour les échassiers. La période de reproduction, qui s'étend généralement de décembre à février, marque un moment privilégié d'observation. C'est à cette époque que l'on peut assister aux impressionnantes parades nuptiales collectives, véritables ballets synchronisés où des centaines d'individus exécutent des mouvements chorégraphiés avec une précision remarquable.

Les conditions météorologiques sont à prendre en compte. Les matinées sont les meilleurs moments pour les observer : la lumière est douce et les oiseaux s’alimentent activement. L'après-midi, les vents peuvent compliquer l'observation sur l'altiplano, tant pour la stabilité des instruments optiques que pour le confort face aux variations de températures.

Conseils pratiques

Chez le Flamant de James, les couples se forment au cœur des parades collectives : les oiseaux synchronisent leurs mouvements et leurs cris dans de vastes ballets, jusqu’à ce qu’un mâle et une femelle se choisissent pour la saison de reproduction.
  • Prévoir des vêtements adaptés aux variations thermiques importantes entre le jour et la nuit en altitude.
  • Utiliser des jumelles ou une longue-vue pour observer sans déranger les colonies.
  • Maintenir une distance d’au moins 10 mètres, particulièrement pendant la période de reproduction.
  • S'informer sur les conditions d'accès aux sites, certains nécessitant des véhicules 4x4 et des autorisations spécifiques.

L’art de photographier le flamant de James

L’altitude, le froid et les écarts de température exigent une vraie préparation, si vous souhaitez photographier des specimens : acclimater le matériel, protéger les batteries du gel et éviter les chocs thermiques qui provoquent la condensation. Sous cette lumière d’altitude, tout se joue sur la maîtrise de l’exposition. La réverbération sur les lagunes et le plumage clair des oiseaux peuvent tromper la mesure. Le meilleur moment reste la ‘‘golden hour’’, quand la lumière rasante révèle la texture des plumes et adoucit les contrastes.

Le respect de l’animal est essentiel. On garde ses distances, surtout pendant la nidification, et on privilégie les téléobjectifs puissants pour éviter tout dérangement. Si les oiseaux montrent des signes de stress, il faut s’éloigner. Côté composition, intégrer le paysage est plus que recommandé : volcans, lagunes colorées, ciels immenses. Alterner plans serrés et plans larges permet de raconter à la fois la beauté de l’oiseau et celle de son environnement. Les longues expositions ou les reflets sur l’eau offrent aussi les images les plus poétiques.

Le festival international de photographie animalière de San Pedro de Atacama, consacré récemment aux Parinas grandes, montre à la perfection la rencontre entre art et conservation. Chaque image devient un moyen de sensibiliser à la fragilité de ces écosystèmes uniques. Photographier le flamant de James, c’est donc plus qu’un défi technique : c’est un acte de respect, d’émerveillement et de transmission.

Lenhart
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Lenhart

Pour Lenhart, le Chili et l'Argentine sont bien plus que des destinations : ce sont ses terres d'adoption, qu'il connaît intimement et qui nourrissent sa capacité à créer des voyages sur mesure, mêlant rigueur opérationnelle et intuition du terrain.

Amoureux des grands espaces et fin connaisseur de la biodiversité andine, il maîtrise les subtilités géographiques et les codes locaux qui garantissent le succès de chaque séjour. Son œil d'expert sait déceler les opportunités exceptionnelles.

Sa formation diversifiée et son engagement vers l'excellence transforment chaque aventure en une expérience inoubliable.