Les Flamants du Chili

Faune
Les Flamants du Chili
Entre les étendues salines étincelantes et les lagunes multicolores des hauts plateaux andins, les flamants roses du Chili offrent l’un des spectacles ornithologiques les plus saisissants d’Amérique du Sud. Ces élégantes créatures, qui semblent tout droit sorties d’un tableau surréaliste, ont fait des paysages extrêmes du nord chilien leur terre d’élection. Leur présence transforme les déserts arides en véritables sanctuaires de biodiversité, attirant chaque année des milliers de voyageurs en quête d’émerveillement. Le Chili se distingue comme la capitale sud-américaine des flamants, une précision essentielle pour éviter toute confusion avec le Flamant rose, présent en Afrique, en Asie, et dans le sud de l’Europe (un remerciement spécial à Willy pour cette clarification). En effet, la grande majorité des flamants choisit le Chili comme lieu de résidence, tant en hiver qu’en été. Leur présence est notée dans une cinquantaine de « salars » et de lagunes situés entre la première et la troisième région du pays.

 

Pour une expérience unique intégrant l’observation des flamants dans un circuit plus large à travers les paysages exceptionnels du désert d’Atacama et des hauts plateaux andins, découvrez notre idée de circuit « Traversée du Chili du Nord au Sud ». Ce parcours soigneusement élaboré vous emmène, entre autres, des lagunes turquoise du Salar d’Atacama aux geysers d’El Tatio, en passant par la vallée de la Lune, avec des moments privilégiés dédiés à l’observation des flamants dans différents contextes paysagers. Nos guides naturalistes passionnés partageront avec vous leur connaissance approfondie de l’écologie de ces oiseaux fascinants et des écosystèmes qu’ils habitent.

 


Reconnaissable à se pattes entièrement roses: Un flamant de James ou parina chica (Phoenicoparrus jamesi)
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Reconnaissable à se pattes jaunes et articulations roses: Phoenicopterus chilensis - flament du chili - flamenco austral
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Reconnaissable à se pattes entièrement jaunes: Phoenicoparrus andinus ou flament des andes
Reconnaissable à se pattes entièrement jaunes: Phoenicoparrus andinus ou flament des andes
Flaments de James dans la réserve nationale "los flamencos" au Chili

Que sont les flamants du Chili et pourquoi sont-ils si particuliers?

Les flamants qui peuplent les zones humides chiliennes sont des oiseaux échassiers appartenant à la famille des Phoenicopteridae. Contrairement à ce que leur nom commun pourrait suggérer, il ne s'agit pas d'une espèce unique mais de trois espèces distinctes qui cohabitent dans les mêmes écosystèmes:

  • Le flamant du Chili (Phoenicopterus chilensis) – le plus grand et le plus commun dans la région
  • Le flamant des Andes (Phoenicoparrus andinus) – reconnaissable à ses pattes jaunes et en danger d'extinction
  • Le flamant de James (Phoenicoparrus jamesi) – le plus petit des trois et particulièrement vulnérable
  • Ces trois espèces constituent un patrimoine naturel unique qui témoigne de l'incroyable capacité d'adaptation de la vie aux milieux les plus hostiles

La présence simultanée de ces trois espèces de flamants dans un même écosystème est un phénomène rare à l'échelle mondiale. Si la plupart des voyageurs ne distinguent pas immédiatement les différences entre ces espèces, les ornithologues parcourent des milliers de kilomètres pour observer cette cohabitation exceptionnelle. Chaque espèce a développé des adaptations spécifiques lui permettant d'exploiter différentes ressources alimentaires, limitant ainsi la compétition directe et favorisant leur coexistence harmonieuse.

Où peut-on observer les flamants roses dans les paysages chiliens?

Le nord du Chili offre plusieurs sites privilégiés pour l'observation des flamants, chacun présentant des caractéristiques paysagères et des conditions d'accès différentes. De la région d'Arica-Parinacota jusqu'à l'Atacama, ces oiseaux ont élu domicile dans des environnements aussi beaux qu'inhospitaliers. Les salars et lagunes d'altitude constituent leur habitat de prédilection, où ils trouvent à la fois nourriture et tranquillité pour leur reproduction. Ces écosystèmes fragiles, situés généralement entre 2500 et 4500 mètres d'altitude, sont caractérisés par une forte concentration en sel et des conditions climatiques extrêmes que peu d'espèces peuvent tolérer.

Le Salar d'Atacama, plus grande étendue de sel du Chili, abrite plusieurs lagunes où les flamants se rassemblent en grand nombre. La plus célèbre d'entre elles, la Laguna Chaxa, située dans la Réserve Nationale Los Flamencos, est aménagée pour permettre aux visiteurs d'observer ces oiseaux sans perturber leur habitat naturel. Des sentiers balisés et des plateformes d'observation offrent des points de vue privilégiés sur les colonies qui peuvent parfois compter plusieurs centaines d'individus. La meilleure période pour visiter ce site emblématique s'étend de novembre à avril, lorsque les conditions climatiques sont plus clémentes et que les populations de flamants atteignent leur pic.

Plus au nord, le Parc National Lauca présente un cadre grandiose pour l'observation des flamants. Le lac Chungará, l'un des lacs d'altitude les plus élevés du monde à 4570 mètres, offre un spectacle saisissant avec ses flamants se détachant sur fond de volcans enneigés. La beauté presque irréelle de ce paysage, où se mêlent les reflets du ciel dans l'eau cristalline et les silhouettes élancées des oiseaux, en fait l'un des sites photographiques les plus prisés du Chili. Mais la véritable magie opère à l'aube et au crépuscule, lorsque la lumière rasante enflamme littéralement le plumage des flamants, créant un tableau vivant aux teintes surréalistes.

Comment les flamants s'adaptent-ils aux conditions extrêmes des Andes chiliennes?

Les écosystèmes andins où vivent les flamants chiliens comptent parmi les environnements les plus hostiles de la planète. Entre l'altitude élevée, les amplitudes thermiques considérables (pouvant atteindre 30°C d'écart entre le jour et la nuit), la forte radiation solaire et la salinité extrême des eaux, ces milieux représentent un véritable défi pour toute forme de vie. Et pourtant, les flamants y prospèrent depuis des millénaires, témoignant d'une extraordinaire capacité d'adaptation qui fascine les biologistes du monde entier.

L'une des adaptations les plus remarquables des flamants concerne leur physiologie respiratoire. Pour faire face à la raréfaction de l'oxygène en altitude, ces oiseaux possèdent une hémoglobine particulièrement efficace qui leur permet de capter l'oxygène même lorsqu'il est peu abondant dans l'air. Leurs poumons, plus volumineux que chez d'autres espèces d'oiseaux de taille comparable, optimisent également les échanges gazeux. Ces adaptations leur permettent de voler sans difficulté à des altitudes où l'air contient 40% moins d'oxygène qu'au niveau de la mer, un exploit physiologique qui témoigne de millions d'années d'évolution dans ces environnements extrêmes.

La résistance au froid constitue un autre défi majeur que les flamants ont su relever avec brio. Leurs longues pattes, constamment immergées dans des eaux souvent glaciales, sont dotées d'un système circulatoire spécial appelé échange à contre-courant. Ce mécanisme ingénieux permet au sang chaud descendant vers les pattes de réchauffer le sang froid qui remonte vers le corps, limitant ainsi les pertes de chaleur. De plus, les flamants peuvent se tenir sur une seule patte et replier l'autre contre leur corps pour minimiser leur surface de contact avec l'eau froide. Le professeur Jorge Herreros, biologiste à l'Université d'Antofagasta, explique que "cette capacité à réguler leur température corporelle dans des conditions extrêmes est le résultat d'adaptations anatomiques et comportementales qui se sont développées sur des périodes géologiques".

Mais c'est sans doute leur régime alimentaire qui représente l'adaptation la plus spectaculaire des flamants aux milieux hypersalins. Ces oiseaux se nourrissent principalement d'artémias, de petits crustacés et d'algues microscopiques qui prolifèrent dans les eaux à forte teneur en sel. Pour filtrer ces minuscules organismes, les flamants possèdent un bec spécialisé équipé de lamelles filtrantes qui fonctionnent comme un véritable tamis vivant. Cette adaptation leur permet non seulement de se nourrir efficacement, mais aussi d'occuper une niche écologique peu exploitée par d'autres espèces, réduisant ainsi la compétition pour les ressources alimentaires.

Quelle est la signification culturelle des flamants pour les peuples andins?

Bien avant l'arrivée des touristes équipés d'appareils photo sophistiqués, les flamants occupaient déjà une place centrale dans l'imaginaire des peuples autochtones des Andes. Pour les communautés aymaras et atacameñas qui habitent les hauts plateaux depuis des millénaires, ces oiseaux ne sont pas de simples éléments du paysage mais des êtres dotés d'une profonde signification spirituelle et culturelle. Les traditions orales, les rituels et l'artisanat témoignent encore aujourd'hui de cette relation privilégiée entre l'homme et l'oiseau dans la cosmovision andine.

Dans la mythologie aymara, les flamants sont considérés comme des messagers des dieux, capables de naviguer entre le monde terrestre et le monde céleste. Leur élégante silhouette, leurs mouvements gracieux et leur couleur rose éclatante ont inspiré de nombreux récits mettant en scène ces oiseaux comme des êtres aux pouvoirs surnaturels. Une légende particulièrement répandue raconte comment les flamants acquirent leur couleur rose après avoir sauvé le soleil d'un déluge qui menaçait de plonger le monde dans l'obscurité éternelle. En récompense de leur bravoure, leurs plumes blanches se teintèrent de l'éclat rosé de l'astre solaire, qu'ils portent depuis comme un symbole de leur nature sacrée.

L'importance des flamants se manifeste également dans les pratiques rituelles traditionnelles, notamment celles liées aux cycles agricoles et à la fertilité. María Soledad Fernández, anthropologue spécialiste des cultures andines, explique que "pour les communautés atacameñas, les mouvements migratoires des flamants étaient autrefois interprétés comme des présages concernant les pluies à venir et donc les récoltes futures". Des cérémonies propitiatoires impliquant des représentations stylisées de ces oiseaux étaient organisées pour assurer l'abondance des ressources et la prospérité du groupe. Certaines de ces pratiques perdurent aujourd'hui, témoignant de la résilience des cultures autochtones face aux pressions de la modernité.

L'artisanat traditionnel constitue un autre domaine où l'influence des flamants se fait sentir. Les textiles andins, réputés pour leur finesse et leurs motifs complexes, incorporent fréquemment des représentations stylisées de ces oiseaux. Les techniques de tissage transmises de génération en génération permettent de reproduire avec une étonnante précision les formes élancées et les couleurs vives caractéristiques des flamants. Ces créations ne sont pas seulement des objets décoratifs mais aussi des supports de mémoire culturelle, encodant dans leurs motifs des récits et des savoirs ancestraux liés à la relation entre les communautés humaines et leur environnement naturel.

Comment photographier les flamants lors d'un voyage dans le désert d'Atacama?

Capturer l'essence des flamants du Chili à travers l'objectif représente un défi passionnant pour les photographes, qu'ils soient amateurs ou professionnels. Les conditions particulières des hauts plateaux andins – lumière intense, contrastes marqués, conditions météorologiques changeantes – exigent une préparation minutieuse et quelques connaissances techniques spécifiques. Mais l'effort en vaut largement la peine, car peu de sujets offrent un potentiel aussi riche en termes de composition, de couleur et d'impact visuel.

La lumière constitue sans doute le facteur le plus déterminant pour la réussite de vos photos de flamants. Les premières heures du matin et la fin de l'après-midi offrent ce que les photographes appellent la "lumière dorée", particulièrement flatteuse pour mettre en valeur le plumage rose des oiseaux. À ces moments de la journée, les rayons du soleil, plus rasants, créent une atmosphère magique en enveloppant les sujets d'une chaude lueur ambrée. Selon Roberto Martínez, photographe naturaliste spécialisé dans la faune andine, "la patience est essentielle – parfois il faut attendre des heures dans le froid pour obtenir ces quelques minutes où la lumière transforme un simple groupe de flamants en une vision quasi mythique".

Le choix de l'équipement représente également un aspect crucial de la photographie de flamants. Ces oiseaux étant généralement observés à distance pour ne pas perturber leur comportement naturel, un téléobjectif d'une focale minimale de 300mm est fortement recommandé. La stabilisation d'image, qu'elle soit intégrée à l'objectif ou au boîtier, s'avère particulièrement utile compte tenu des vitesses d'obturation relativement lentes souvent nécessaires en début et fin de journée. N'oubliez pas non plus qu'à haute altitude, les batteries se déchargent plus rapidement – emporter des batteries de rechange est donc une précaution indispensable.

En termes de composition, les flamants offrent d'innombrables possibilités créatives. Isoler un individu pour mettre en valeur l'élégance de sa silhouette peut produire des images d'une grande pureté esthétique. À l'inverse, photographier un large groupe en formation crée une impression de mouvement et d'harmonie collective particulièrement saisissante. N'hésitez pas à inclure l'environnement dans vos cadrages – les contrastes entre le rose vif des oiseaux et les bleus profonds des lagunes ou les blancs éclatants des salars produisent souvent des images d'une beauté saisissante. Jouer avec les reflets dans l'eau peut également donner naissance à des compositions presque abstraites d'une grande originalité.

En quoi les flamants constituent-ils un indicateur de la santé des écosystèmes andins?

Au-delà de leur beauté captivante et de leur valeur culturelle, les flamants jouent un rôle écologique fondamental en tant qu'espèces bioindicatrices. Leur présence – ou leur absence – ainsi que leurs comportements fournissent aux scientifiques de précieuses informations sur l'état général des écosystèmes fragiles qu'ils habitent. Particulièrement sensibles aux modifications de leur environnement, ces oiseaux constituent de véritables sentinelles dont l'observation attentive permet de détecter précocement des déséquilibres écologiques parfois imperceptibles par d'autres moyens.

Les flamants se nourrissent principalement de micro-organismes qu'ils filtrent dans les eaux des lagunes andines. Or, ces petits organismes – notamment les cyanobactéries et les microalgues – sont eux-mêmes extrêmement sensibles aux variations des paramètres physico-chimiques de l'eau. La moindre modification de la salinité, du pH ou de la concentration en certains minéraux peut affecter drastiquement leurs populations et, par conséquent, la disponibilité des ressources alimentaires pour les flamants. Le Dr. Cristina Dorador, microbiologiste à l'Université d'Antofagasta et spécialiste des écosystèmes extrêmes, souligne que "les flamants et les microorganismes dont ils se nourrissent forment une chaîne trophique courte mais extraordinairement sensible aux perturbations environnementales".

Les comportements reproductifs des flamants constituent un autre indicateur précieux de la santé des écosystèmes andins. Ces oiseaux ne se reproduisent que lorsque les conditions environnementales sont optimales, notamment en termes de niveau d'eau dans les lagunes et d'abondance de nourriture. Une saison de reproduction manquée ou perturbée peut signaler des changements environnementaux significatifs avant même que ceux-ci ne deviennent évidents par d'autres observations. Les chercheurs suivent donc avec attention les colonies de nidification, documentant méticuleusement leur localisation, leur taille et leur succès reproductif d'année en année.

Mais les menaces qui pèsent sur ces écosystèmes se multiplient, mettant en péril tant les flamants que les habitats dont ils dépendent. L'extraction minière, particulièrement intensive dans le nord du Chili, constitue l'une des pressions les plus préoccupantes. L'exploitation du lithium, notamment, nécessite de pomper d'importantes quantités d'eau souterraine, contribuant à l'assèchement progressif de certaines zones humides. Selon le rapport 2023 de l'ONG environnementale Fundación Terram, "les prélèvements d'eau liés à l'activité minière dans la région d'Atacama ont augmenté de 33% au cours de la dernière décennie, coïncidant avec une réduction alarmante de la superficie de certaines lagunes". Cette situation illustre le délicat équilibre à trouver entre développement économique et préservation de la biodiversité dans une région où les ressources hydriques sont naturellement limitées.

Quelles initiatives permettent de protéger les flamants et leurs habitats au Chili?

Face aux défis croissants qui menacent la survie des flamants et l'intégrité de leurs habitats, diverses initiatives de conservation ont vu le jour au Chili. Ces efforts mobilisent un large éventail d'acteurs – institutions gouvernementales, organisations non gouvernementales, communautés locales et secteur privé – dans une approche collaborative visant à concilier préservation de la biodiversité et développement durable. Loin d'être de simples mesures symboliques, ces programmes reposent sur des bases scientifiques solides et s'inscrivent dans une vision à long terme de la gestion des ressources naturelles.

Le réseau d'aires protégées constitue la pierre angulaire de la stratégie chilienne de conservation des zones humides andines et des espèces qui y vivent. La Réserve Nationale Los Flamencos, créée en 1990, protège plusieurs sites clés pour les flamants, dont la célèbre Laguna Chaxa. Ce statut de protection offre un cadre juridique permettant de réglementer l'accès aux sites, de contrôler les activités susceptibles d'affecter les écosystèmes et de mettre en œuvre des programmes de suivi scientifique. Carlos Nassar, directeur régional de la CONAF (Corporation Nationale Forestière) pour Antofagasta, explique que "la gestion de ces aires protégées s'appuie sur des plans de gestion régulièrement actualisés qui intègrent les dernières connaissances scientifiques ainsi que les savoirs traditionnels des communautés autochtones".

Les programmes de recherche et de suivi jouent également un rôle crucial dans la préservation des flamants chiliens. Depuis plus de deux décennies, le recensement annuel des flamants d'Amérique du Sud, coordonné par le Groupe de Conservation des Flamants des Hautes Andes (GCFA), permet de suivre l'évolution des populations à l'échelle régionale. Cette initiative transnationale, qui implique des chercheurs et des bénévoles du Chili, de l'Argentine, de la Bolivie et du Pérou, illustre parfaitement la nécessité d'une approche coordonnée pour la conservation d'espèces dont l'aire de répartition transcende les frontières politiques. Les données recueillies lors de ces recensements permettent d'identifier les tendances démographiques, de détecter précocement d'éventuels problèmes et d'ajuster les stratégies de conservation en conséquence.

L'implication des communautés locales représente une dimension essentielle de la conservation durable des flamants et de leurs habitats. Reconnaissant que la protection de la nature ne peut réussir sans le soutien des populations qui vivent au contact direct des écosystèmes concernés, plusieurs projets s'efforcent d'intégrer les communautés autochtones dans la gestion des aires protégées et de développer des alternatives économiques compatibles avec la préservation de l'environnement. L'écotourisme, lorsqu'il est planifié et mis en œuvre de manière responsable, offre l'opportunité de générer des revenus tout en sensibilisant les visiteurs à l'importance de la conservation. Dans la région d'Atacama, plusieurs communautés atacameñas gèrent désormais leurs propres initiatives touristiques, proposant aux voyageurs une expérience authentique enrichie par leur connaissance intime des écosystèmes locaux et de leur histoire culturelle.

Les flamants d'Argentine: cousins des espèces chiliennes?

Si le Chili abrite d'importantes populations de flamants, l'Argentine voisine constitue également un sanctuaire majeur pour ces oiseaux emblématiques. Les écosystèmes andins ne connaissant pas de frontières politiques, les mêmes espèces se retrouvent de part et d'autre de la cordillère, effectuant parfois des déplacements saisonniers entre différents sites d'alimentation et de reproduction. Cette continuité écologique souligne l'importance d'une approche transfrontalière de la conservation, mais offre aussi aux voyageurs l'opportunité d'observer ces fascinants oiseaux dans des contextes paysagers variés.

La province de Jujuy, dans le nord-ouest argentin, abrite plusieurs sites remarquables pour l'observation des flamants. La Laguna de los Pozuelos, classée site Ramsar d'importance internationale et réserve de biosphère par l'UNESCO, accueille régulièrement des populations importantes des trois espèces présentes dans la région. Située à plus de 3600 mètres d'altitude, cette immense étendue d'eau peu profonde offre aux flamants un habitat idéal, riche en micro-organismes dont ils se nourrissent. Le contraste entre le rose vif des oiseaux et les tons bruns et ocres du paysage environnant crée des tableaux d'une beauté saisissante qui font le bonheur des photographes.

Plus au sud, dans la province de Catamarca, la Laguna Grande constitue un autre site majeur pour l'observation des flamants en Argentine. Nichée au cœur d'un paysage volcanique spectaculaire, cette lagune d'altitude présente des eaux aux teintes variées – du turquoise au vert émeraude – dues à la présence de différents minéraux et micro-organismes. Les flamants s'y rassemblent parfois par milliers, créant un spectacle visuel inouï qui justifie amplement les quelques heures de piste nécessaires pour atteindre ce site isolé. Selon le biologiste Federico Williams, qui étudie les oiseaux aquatiques des hauts plateaux andins depuis plus de quinze ans, "la Laguna Grande représente l'un des rares sites dans la région où les trois espèces de flamants coexistent en nombres significatifs tout au long de l'année".

Pour les voyageurs souhaitant observer ces oiseaux dans un cadre plus accessible, la Laguna Mar Chiquita, dans la province de Córdoba, offre une alternative intéressante. Bien que située à une altitude beaucoup plus basse que les sites andins, ce vaste lac salé – le plus grand d'Argentine – abrite d'importantes colonies de flamants du Chili (Phoenicopterus chilensis). Le cadre est radicalement différent des paysages désertiques du nord, avec une végétation plus abondante et des infrastructures touristiques mieux développées, permettant une expérience d'observation plus confortable mais non moins enrichissante. L'avifaune y est également plus diversifiée, offrant aux ornithologues amateurs l'opportunité d'observer de nombreuses autres espèces d'oiseaux aquatiques aux côtés des flamants.

Planifiez votre rencontre avec les flamants des Andes

Observer les flamants dans leur habitat naturel constitue une expérience inoubliable qui mérite une préparation soigneuse. Qu'il s'agisse d'une excursion d'une journée depuis San Pedro de Atacama ou d'un circuit plus ambitieux à travers les hauts plateaux andins, quelques considérations pratiques s'imposent pour profiter pleinement de cette rencontre avec l'un des oiseaux les plus emblématiques d'Amérique du Sud. Entre les défis liés à l'altitude, les conditions climatiques particulières et la fragilité des écosystèmes visités, une planification minutieuse garantira non seulement votre confort et votre sécurité, mais aussi le respect des environnements naturels et des communautés qui y vivent.

Le mal d'altitude (soroche) représente l'une des principales préoccupations pour les voyageurs souhaitant observer les flamants dans les lagunes andines, généralement situées entre 3000 et 4500 mètres. Ce phénomène physiologique, qui peut se manifester par des maux de tête, des nausées et une fatigue intense, résulte de la raréfaction de l'oxygène en altitude. Pour minimiser les risques, il est recommandé d'adopter une ascension progressive, en passant par exemple quelques jours à San Pedro de Atacama (2400m) avant de monter plus haut. Certains médicaments comme l'acétazolamide peuvent aider à prévenir ou atténuer les symptômes, mais il est essentiel de consulter un médecin avant votre voyage pour obtenir un avis personnalisé.

Les conditions climatiques des hauts plateaux andins se caractérisent par des contrastes marqués et une grande variabilité. Même pendant l'été austral (décembre à mars), qui constitue généralement la période la plus favorable pour visiter ces régions, les températures peuvent chuter drastiquement après le coucher du soleil. L'équipement recommandé s'apparente à celui d'une randonnée en montagne: vêtements à superposer (système multicouches), protection solaire efficace (crème indice 50+, chapeau, lunettes), chaussures imperméables et confortables. Elena Pizarro, guide spécialisée dans les excursions naturalistes dans le désert d'Atacama, conseille également d'emporter "une gourde isotherme pour conserver de l'eau à température agréable et des en-cas énergétiques pour maintenir un niveau d'énergie constant malgré l'effort supplémentaire exigé par l'altitude".

Le tourisme responsable constitue un impératif absolu dans ces écosystèmes fragiles où chaque perturbation peut avoir des conséquences durables. Respecter scrupuleusement les sentiers balisés, maintenir une distance respectueuse avec les oiseaux (l'utilisation de jumelles ou d'un téléobjectif est fortement recommandée), ne laisser aucun déchet et limiter le bruit font partie des règles élémentaires à observer. Au-delà de ces considérations environnementales, il est également important de soutenir les initiatives touristiques gérées par les communautés locales, qui bénéficient directement de votre visite tout en garantissant une approche culturellement sensible. Choisir des guides originaires de la région vous permettra non seulement de bénéficier de leur connaissance intime du territoire, mais aussi de contribuer à l'économie locale de manière significative.

Mark
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Mark incarne l'âme aventurière de Korke. Fort de sa connaissance intime de l'Amérique du Sud, il cultive une véritable passion pour ces terres qu'il arpente depuis des années, des sommets de la cordillère aux vallées secrètes.

Expert chevronné, il sait révéler les trésors insoupçonnés du Chili et de l'Argentine, accompagnant ses voyageurs vers l'essence même de ces destinations.

Passionné par l'art de vivre andin, Mark vous invite à explorer la richesse culturelle, historique et œnologique de ces terres d'émotion.