Les indiens Onas ou Selknams

Culture
Peuples
Les indiens Onas ou Selknams

Aux confins de l’Amérique du Sud, sur la mythique Terre de Feu, vivait jadis un peuple remarquable connu sous le nom d’Onas ou Selk’nam. Ces chasseurs-cueilleurs nomades, réputés pour leur stature imposante dépassant souvent 1,80 mètre, ont habité ces terres australes pendant plus de 10 000 ans avant de disparaître au début du XXe siècle. Leur histoire tragique, marquée par la colonisation et l’évangélisation forcée, témoigne de la fragilité des peuples autochtones face à l’expansion de la civilisation occidentale. Les indiens Onas, également connus sous le nom de Selk’nam, étaient un peuple amérindien résidant dans la partie méridionale de la grande île de la Terre de Feu, une région aride aux conditions climatiques extrêmes.

Un groupe de Selknam (contexte inconnu)
Selknam, Onas, durant un rituel religieux
Groupe de Selknam (image prise par des missionaires, contexte inconnu)
Groupe de Selknam (image prise par des missionaires, contexte inconnu)

Qui étaient vraiment les Onas ?

Les Selk'nam, plus communément appelés Onas, constituaient l'une des principales ethnies amérindiennes de la Terre de Feu. L'origine et la signification de leurs différentes dénominations restent floues, mais le terme "onas" proviendrait de l'ethnie voisine Yámana, signifiant "homme du nord". Leur territoire s'étendait sur la partie nord de la Grande Île, région qu'ils nommaient Karukinka dans leur langue.

  • Population estimée à environ 4 000 individus au début de la colonisation européenne
  • Division en deux grandes subdivisions tribales : plaines du nord et régions montagneuses
  • Maîtrise exceptionnelle de la chasse au guanaco, leur principale source de subsistance
  • Culture spirituelle riche centrée autour du rituel du Hain

Comment vivaient les derniers géants de la Terre de Feu ?

La vie quotidienne des Selk'nam s'organisait autour de la chasse, de la cueillette et de la pêche. Les communautés côtières complétaient leur alimentation avec des produits marins, notamment des baleines et des fruits de mer. Pour survivre dans ce climat austral rigoureux, ils confectionnaient des vêtements en peaux de guanaco et fabriquaient leurs outils et armes à partir de matériaux naturels comme le bois, la pierre et les os.

L'habitat traditionnel des Onas, appelé kawi, consistait en des huttes temporaires construites à partir de branches et recouvertes de peaux de guanaco. Ces abris mobiles témoignaient de leur mode de vie nomade et de leur adaptabilité aux conditions climatiques extrêmes.

Les Selknams étaient organisés en familles élargies, comprenant souvent 3 ou 4 générations, et vivaient sur des territoires spécifiques appelés haruwenh, dont les limites étaient respectées par les voisins. Cette organisation sociale structurée permettait une gestion efficace des ressources et maintenait l'harmonie entre les différents groupes.

Pourquoi leur spiritualité fascine-t-elle encore aujourd'hui ?

La société Selk'nam possédait un système de croyances et de rites religieux complexes. Au cœur de leurs croyances se trouvait Temáukel, l'être suprême créateur de l'univers. Ils croyaient que toutes les plantes et tous les animaux étaient des réincarnations d'ancêtres mythiques. Les chamans, appelés xo'on, jouaient un rôle central dans la société, considérés comme dotés de pouvoirs surnaturels. Les Selknams se peignaient également le corps lors des rituels et dans la vie quotidienne, ce qui reflétait leur état d'esprit et offrait une forme de protection.

Le rituel du Hain, cérémonie d'initiation des jeunes hommes, représentait l'expression la plus spectaculaire de leur spiritualité. Durant plusieurs mois, les initiés apprenaient les secrets de leur culture sous la guidance des anciens. Les participants se transformaient en esprits grâce à des masques et des peintures corporelles élaborées, incarnant les forces de la nature et les ancêtres mythiques.

Comment leur disparition témoigne-t-elle de la fragilité des peuples autochtones ?

Le premier contact entre les Onas et les Européens remonte à 1580, durant l'expédition du conquistador espagnol Pedro de Sarmiento de Gamboa. Au XIXe siècle, l'arrivée de colons européens, attirés par l'exploitation des ressources et l'or, entraîna la propagation de maladies infectieuses. L'installation d'élevages ovins en 1880 sur leurs territoires provoqua des conflits violents, menant parfois à de véritables guerres d'extermination.

En 1890, pour limiter les massacres, le gouvernement céda l'île Dawson à des prêtres salésiens, qui établirent une mission pour évangéliser et "civiliser" les Selknams. À l'aube du XXe siècle, leur population avait déjà chuté à environ 500 individus. En 1974, Angela Loij, dernière Selk'nam de sang pur, s'éteignit, marquant symboliquement la fin de ce peuple millénaire.

Où découvrir l'héritage des Onas aujourd'hui ?

Plusieurs musées en Argentine et au Chili permettent d'explorer l'histoire et la culture des Selknams :

Le Musée de la Fin du Monde à Ushuaia, bien que principalement centré sur l'histoire naturelle, présente une collection significative sur les peuples autochtones de la Terre de Feu. Le Musée Régional de Magallanes à Punta Arenas offre une perspective approfondie sur l'histoire de la région et ses premiers habitants. Le Musée Anthropologique Martín Gusinde à Puerto Williams se consacre spécifiquement à la préservation et à la diffusion de la culture des peuples fuégiens.

L'héritage des Onas : Entre mémoire et renouveau

Bien que les Onas aient disparu en tant que peuple, leur influence persiste de manière inattendue dans la Terre de Feu contemporaine. Depuis 2011, un mouvement de revitalisation culturelle émerge parmi leurs descendants métissés, notamment à travers l'association Covadonga Ona, qui regroupe plus de 200 personnes revendiquant leur héritage Selk'nam. En 2019, cette association a d'ailleurs obtenu la reconnaissance officielle du gouvernement chilien comme "peuple vivant", ouvrant la voie à de nouvelles perspectives de préservation culturelle.

Les techniques traditionnelles des Onas trouvent également un écho dans les pratiques modernes. Leurs méthodes de navigation en canoë dans les canaux fuégiens inspirent aujourd'hui les guides locaux, tandis que leur connaissance approfondie de la faune et de la flore endémiques nourrit les recherches en ethnobotanique. Le Centre d'Études Selk'nam à Porvenir documente activement leurs techniques ancestrales de survie, considérées comme précieuses pour comprendre l'adaptation humaine aux climats extrêmes.

Ce renouveau d'intérêt soulève des questions cruciales : Comment concilier la préservation d'une culture disparue avec son inévitable transformation ? Les descendants métissés peuvent-ils légitimement revendiquer et réinventer cet héritage ? La reconnaissance officielle des Selk'nam comme "peuple vivant" ouvre-t-elle la voie à des revendications territoriales sur leurs terres ancestrales ?


Découvrez les terres ancestrales des Onas à travers notre idée de circuit en Patagonie et Terre de Feu "Navigation dans les fjords de la Terre de Feu et observation des baleines"

Marilys
En savoir plus sur l’auteure de cet article
Marilys

Avec plusieurs années d'expérience en communication et en marketing digital, Marilys a fait de l'Amérique du Sud son terrain d'exploration privilégié, avec un regard curieux et bienveillant.

Elle s'intéresse autant à la biodiversité exceptionnelle des différentes régions, aux paysages glaciaires et aux mystères archéologiques, qu'à la cosmovision andine et à la sagesse ancestrale des premiers peuples.

Ses recherches minutieuses et son vécu personnel sur place alimentent ses connaissances, qu'elle partage avec enthousiasme. Son regard polyvalent lui permet de transmettre dans ses écrits les multiples facettes du Chili et de l'Argentine.