Les Mapuches

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Entre les versants escarpés de la Cordillère des Andes et les rivages du Pacifique Sud s’étend le territoire ancestral d’un peuple dont la résistance a traversé les siècles. Les Mapuches, gardiens millénaires de la terre qu’ils nomment « Wallmapu », incarnent l’une des plus impressionnantes sagas de survie culturelle d’Amérique latine. Leur histoire, faite de résistance face aux conquérants espagnols puis aux États chilien et argentin, se poursuit aujourd’hui dans une lutte pour la reconnaissance de leurs droits et la préservation de leur identité. Les Mapuches, originaires du territoire argentin, émigrent vers les Andes chiliennes. Entre le XVIIIe et le XIXe siècle, ils propagent leur culture aux tribus tehuelches de la Pampa à la Patagonie. Le terme « Tehuelche », utilisé par les Mapuches, désigne l’ensemble des peuples vivant dans la région du Rio Chubut en Argentine jusqu’aux côtes du Détroit de Magellan. En mapudungun, la langue des Mapuches, « Tehuelche » signifie littéralement « gens sauvages ».


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le drapeau de la "nation" mapuche
Femmes mapuches en costume traditionnel
Femmes mapuches en costume traditionnel
Statues mapuche a San carlos de Bariloche
Un stand d'artisanat Mapuche
Femmes mapuche en costume de ceremonie
Manifestation mapuche

Qui sont les Mapuches et quel est leur héritage culturel ?

Les Mapuches constituent le principal peuple autochtone du Chili et l'un des plus importants d'Argentine. Le terme "mapuche" signifie littéralement "peuple de la terre" (mapu : terre, che : gens). Cette autodésignation illustre parfaitement le lien profond et sacré que ce peuple entretient avec son territoire. Avant l'arrivée des Européens, leur territoire s'étendait du centre du Chili actuel jusqu'au sud de l'Argentine.

  • Population actuelle estimée à environ 1,7 million de personnes au Chili (9,9% de la population nationale) et près de 200 000 en Argentine.
  • Culture caractérisée par une cosmovision unique où la nature, les ancêtres et les forces spirituelles forment un tout interconnecté.
  • Organisation sociale traditionnelle basée sur des communautés familiales élargies (lof) dirigées par des chefs (lonkos).
  • Langue propre, le mapudungun, qui reste vivante malgré des siècles de pressions assimilatrices.

L'univers culturel mapuche se distingue par une richesse exceptionnelle qui s'exprime à travers des pratiques spirituelles élaborées, un artisanat diversifié et des traditions orales transmises de génération en génération. Dans la société traditionnelle mapuche, les rôles sociaux sont clairement définis mais complémentaires. Les hommes s'occupent généralement de l'élevage, de la défense de la communauté et de la représentation politique, tandis que les femmes jouent un rôle fondamental dans l'agriculture, l'artisanat et la transmission des savoirs ancestraux. Particulièrement importante est la figure de la machi, généralement une femme, qui remplit les fonctions de guérisseuse et de médiatrice avec le monde spirituel. Cette figure centrale dans la culture mapuche incarne la préservation des connaissances médicinales traditionnelles et des rituels sacrés qui maintiennent l'équilibre entre les humains et les forces naturelles.

Comment les Mapuches ont-ils résisté à la colonisation espagnole ?

L'histoire des Mapuches est indissociable de leur résistance légendaire face aux conquistadors espagnols. Contrairement à d'autres peuples autochtones d'Amérique, les Mapuches ont réussi à stopper l'avancée coloniale et à préserver leur indépendance pendant près de trois siècles. Cette exception historique mérite qu'on s'y attarde, tant elle a façonné l'identité et la fierté de ce peuple jusqu'à nos jours.

Lorsque les Espagnols tentèrent de s'implanter en territoire mapuche au milieu du XVIe siècle, ils rencontrèrent une résistance féroce et organisée. La Guerre d'Arauco, comme l'ont nommée les chroniqueurs espagnols, fut l'un des plus longs conflits de l'histoire coloniale américaine. Elle débuta formellement en 1550 et ne s'acheva véritablement qu'avec les traités de la fin du XVIIIe siècle. Le poète espagnol Alonso de Ercilla immortalisa cette résistance dans son épopée "La Araucana" (1569-1589), décrivant les Mapuches comme de valeureux guerriers - un portrait qui reste ancré dans la conscience collective latino-américaine.

L'adaptation militaire des Mapuches face à l'envahisseur constitue un cas d'étude remarquable. Comme l'explique l'historien José Bengoa dans son ouvrage "Historia del Pueblo Mapuche" : "En moins d'une génération, les Mapuches sont passés de guerriers à pied, armés de lances et d'arcs, à une redoutable cavalerie maîtrisant parfaitement l'art équestre emprunté à leurs adversaires". Cette capacité d'adaptation s'est également manifestée dans leur organisation politique. Face à la menace existentielle que représentait la colonisation, des alliances intertribales se formèrent, transcendant les divisions traditionnelles et donnant naissance à une forme de confédération capable de mobiliser des milliers de guerriers.

Le point culminant de cette résistance fut la grande révolte de 1598, qui aboutit à la destruction de sept villes espagnoles au sud du fleuve Biobío. Cette date marque un tournant décisif : l'Empire espagnol, pourtant à son apogée, dut reconnaître son incapacité à soumettre les Mapuches. À partir de 1641, avec le Parlement de Quilín, une série de traités reconnut l'autonomie mapuche au sud du Biobío, établissant une frontière formelle qui perdura jusqu'à l'indépendance du Chili. Ces traités représentent un cas exceptionnel dans l'histoire coloniale espagnole et démontrent la puissance politique et militaire qu'avaient acquise les Mapuches face à l'une des plus grandes puissances mondiales de l'époque.

Où vivent les Mapuches aujourd'hui au Chili et en Argentine ?

La géographie contemporaine du peuple mapuche reflète à la fois la persistance de leur présence ancestrale et les conséquences des politiques d'expropriation territoriale menées par les États chilien et argentin. Bien que considérablement réduit par rapport à son étendue historique, le territoire habité par les Mapuches reste significatif et s'étend sur deux pays.

Au Chili, la plus importante concentration de population mapuche se trouve dans la région de l'Araucanie (IX Région), particulièrement autour de Temuco, considérée officieusement comme la "capitale mapuche". Selon les données du dernier recensement, environ 35% des Mapuches chiliens résident dans cette région. Cependant, l'un des phénomènes majeurs du XXe siècle a été l'exode rural massif vers les centres urbains, en particulier vers Santiago. Aujourd'hui, plus de 40% de la population mapuche chilienne vit dans la région métropolitaine de la capitale, créant d'importantes communautés urbaines qui maintiennent leurs traditions tout en les adaptant au contexte citadin. Comme l'observe l'anthropologue Andrea Aravena : "La migration urbaine n'a pas signifié une rupture avec l'identité mapuche, mais plutôt sa reconfiguration et, dans certains cas, son renforcement par contraste avec la société dominante".

En Argentine, les communautés mapuches sont principalement concentrées dans les provinces de Neuquén, Río Negro, Chubut et Santa Cruz, formant ce que les Mapuches appellent le "Puelmapu" (terre de l'est). La province de Neuquén abrite la plus forte concentration, avec des communautés emblématiques comme Pulmarí et Ruka Choroi. Contrairement au Chili, où les Mapuches représentent près de 10% de la population nationale, en Argentine ils constituent environ 0,4% de la population totale. Cette différence démographique s'explique en partie par l'histoire de la "Conquête du Désert" (1878-1885) menée par le général Julio Argentino Roca, une campagne militaire particulièrement brutale qui décima les populations autochtones de Patagonie.

Dans les deux pays, le mode d'habitation des Mapuches se divise principalement entre des communautés rurales traditionnelles et des populations urbaines intégrées. Les communautés rurales, appelées "lof" en mapudungun, maintiennent souvent une structure sociale plus proche des traditions ancestrales, avec un chef (lonko) et parfois une autorité spirituelle (machi). Ces communautés pratiquent généralement une agriculture de subsistance, complétée par de l'élevage à petite échelle. En milieu urbain, les Mapuches ont développé diverses formes d'organisation communautaire, comme les associations culturelles et les "rukas" urbaines (maisons communautaires), qui servent d'espaces de rencontre, de transmission culturelle et de mobilisation politique.

Quelle est l'ampleur de la lutte contemporaine des Mapuches ?

Le XXIe siècle a vu l'intensification d'un conflit aux multiples facettes entre les communautés mapuches, les États-nations et les intérêts économiques privés. Ce que les médias désignent souvent simplement comme le "conflit mapuche" recouvre en réalité une diversité de revendications et de formes d'action politique dont les racines plongent dans l'histoire coloniale et post-coloniale de la région.

Au cœur des revendications contemporaines se trouve la question fondamentale du territoire. La période de formation des États chilien et argentin au XIXe siècle s'est accompagnée d'une spoliation massive des terres mapuches. Au Chili, l'opération militaire euphémiquement nommée "Pacification de l'Araucanie" (1861-1883) a entraîné la perte de plus de 95% des terres mapuches. Comme l'explique l'historien mapuche Fernando Pairican : "Ce que l'État chilien appelle 'pacification', nous l'appelons invasion et occupation. C'est l'origine de notre statut de peuple colonisé à l'intérieur d'un État qui s'est construit sur notre dépossession". Aujourd'hui, les communautés mapuches revendiquent la restitution d'une partie de ces territoires ancestraux, particulièrement ceux qui sont aux mains de grandes entreprises forestières, hydroélectriques ou touristiques.

La lutte mapuche s'articule autour de différentes stratégies complémentaires. D'une part, de nombreuses organisations comme le Conseil de Toutes les Terres (Consejo de Todas las Tierras) ou l'Alliance Territoriale Mapuche privilégient les voies institutionnelles, juridiques et diplomatiques. Elles s'appuient notamment sur la Convention 169 de l'Organisation Internationale du Travail relative aux peuples indigènes et tribaux, ratifiée par le Chili en 2008, qui reconnaît des droits collectifs aux peuples autochtones, notamment en matière de consultation préalable pour les projets affectant leurs territoires. D'autre part, certains groupes comme la Coordination Arauco-Malleco (CAM) ont opté pour des actions directes, incluant des occupations de terres, des blocages routiers et parfois des incendies d'équipements appartenant aux entreprises forestières.

La réponse des États, particulièrement du Chili, a souvent été la criminalisation du mouvement mapuche et l'application de législations d'exception. L'utilisation controversée de la loi antiterroriste, héritée de la dictature de Pinochet, contre des activistes mapuches a été condamnée par plusieurs organismes internationaux de défense des droits humains. Amnesty International a ainsi souligné dans un rapport de 2018 : "L'application discriminatoire de la loi antiterroriste contre des personnes mapuches constitue une violation des droits à l'égalité devant la loi et à un procès équitable".

Le conflit a connu une escalade préoccupante ces dernières années, avec des épisodes de violence qui ont coûté la vie tant à des activistes mapuches qu'à des agriculteurs et des policiers. Des cas emblématiques comme celui de Camilo Catrillanca, jeune Mapuche tué par la police en 2018, ou celui du comunero mapuche Luis Tranamil, décédé durant une grève de la faim en détention en 2022, ont cristallisé les tensions et provoqué d'importantes manifestations au Chili.

Comment la langue mapudungun survit-elle face aux pressions de la mondialisation ?

Le mapudungun, littéralement "la parole de la terre", est bien plus qu'un simple moyen de communication pour les Mapuches. Cette langue véhicule une vision du monde unique, des savoirs ancestraux et constitue un pilier fondamental de l'identité culturelle de ce peuple. Après des siècles de politiques assimilationnistes qui ont interdit ou découragé son usage, le mapudungun connaît aujourd'hui une renaissance fragile mais significative.

Selon les estimations linguistiques, moins de 200 000 personnes parlent couramment le mapudungun aujourd'hui, principalement des personnes âgées vivant en milieu rural. L'UNESCO classe cette langue comme "sérieusement menacée". Cette situation alarmante est le résultat direct des politiques éducatives nationales qui, pendant la majeure partie du XXe siècle, ont imposé l'espagnol comme unique langue d'instruction. Comme le témoigne Elisa Loncon, linguiste mapuche et présidente de la Convention Constitutionnelle chilienne en 2021-2022 : "Nos grands-parents ont été punis physiquement pour avoir parlé leur langue à l'école. Cette violence linguistique a créé une rupture dans la transmission intergénérationnelle du mapudungun". Cette rupture explique pourquoi de nombreux Mapuches d'âge moyen comprennent la langue sans pouvoir la parler couramment.

Face à cette menace d'extinction linguistique, de nombreuses initiatives de revitalisation ont émergé ces dernières décennies. Des programmes d'éducation interculturelle bilingue ont été mis en place dans certaines écoles des régions à forte population mapuche, tant au Chili qu'en Argentine. Des ateliers communautaires d'apprentissage du mapudungun se sont multipliés, y compris en milieu urbain où la demande est croissante parmi les jeunes générations qui redécouvrent leur héritage culturel. La technologie joue également un rôle dans cette renaissance linguistique, avec le développement d'applications mobiles d'apprentissage comme "Kimeltuwe" et la création de contenus audiovisuels et musicaux en mapudungun.

Un défi majeur dans la préservation du mapudungun concerne sa standardisation écrite. Traditionnellement langue orale, le mapudungun a fait l'objet de plusieurs propositions d'écriture au cours du XXe siècle, aboutissant à différents alphabets concurrents. Cette situation complique l'enseignement et la production de matériels pédagogiques. Cependant, des efforts de coordination entre linguistes et communautés ont permis des avancées significatives. En 2018, l'Académie de la Langue Mapuche a été créée au Chili avec pour mission de développer et promouvoir un système d'écriture unifié.

La reconnaissance officielle de la langue constitue également un enjeu politique important. En Argentine, la province de Neuquén a reconnu le mapudungun comme langue officielle aux côtés de l'espagnol en 2013. Au Chili, le processus constitutionnel de 2021-2022, bien qu'il n'ait pas abouti à l'adoption d'une nouvelle constitution, a permis d'avancer significativement dans la reconnaissance du caractère plurilingue de l'État. Ces avancées institutionnelles, aussi modestes soient-elles, représentent des victoires symboliques importantes pour un peuple dont la langue a été systématiquement marginalisée.

Quelles sont les expressions contemporaines de la culture mapuche ?

Loin d'être figée dans un passé traditionnel, la culture mapuche se caractérise par sa capacité d'adaptation et de renouvellement. À travers différentes formes d'expression artistique et culturelle, les Mapuches contemporains réinterprètent leur héritage ancestral tout en dialoguant avec les enjeux actuels et les influences globales.

Dans le domaine littéraire, une nouvelle génération d'écrivains mapuches a émergé depuis les années 1990, développant ce que les critiques ont nommé "l'oralitura" - une écriture qui intègre les structures et la richesse symbolique de la tradition orale mapuche tout en innovant dans les formes littéraires contemporaines. Des poètes comme Elicura Chihuailaf, Graciela Huinao, Leonel Lienlaf ou Jaime Huenún ont acquis une reconnaissance nationale et internationale, traduisant leurs œuvres dans plusieurs langues. Leur poésie explore souvent la dualité entre tradition et modernité, la mémoire historique et les tensions identitaires. Comme l'exprime Elicura Chihuailaf, considéré comme l'un des plus importants poètes mapuches : "Nous écrivons parce que nous avons besoin de mettre sur papier la mémoire de notre peuple, mais notre écriture vient de l'oralité, de la parole des anciens qui résonne en nous".

Les arts visuels mapuches connaissent également un renouveau significatif. Des artistes comme Eduardo Rapiman, Christian Collipal ou Paula Baeza Pailamilla réinterprètent les symboles traditionnels dans des installations contemporaines, des performances ou des œuvres numériques. L'iconographie ancestrale - comme la croix mapuche (cruz de chakana), les figures géométriques des textiles traditionnels ou les représentations du cosmos mapuche - est ainsi réactualisée et mise en dialogue avec les préoccupations contemporaines liées à l'identité, au territoire et à la résistance culturelle.

La musique constitue un autre domaine de revitalisation culturelle particulièrement dynamique. Des groupes comme Wechemapu, Pewmayen ou le rappeur Waikil mélangent instruments traditionnels (comme le kultrun, tambour cérémoniel, ou la trutruka, trompette en corne) avec des sonorités contemporaines allant du rock au hip-hop. Ce métissage musical s'accompagne souvent de paroles engagées qui dénoncent les injustices et affirment la fierté identitaire. Le groupe Wechemapu explique ainsi sa démarche : "Notre musique est à la fois un acte de résistance et de reconstruction. Nous ne voulons pas être folklorisés ou réduits à une culture du passé, mais montrer que notre identité est vivante et en constante évolution".

Sur le plan gastronomique, la cuisine mapuche connaît une valorisation croissante qui dépasse le cadre communautaire. Des restaurants spécialisés ont ouvert dans plusieurs villes chiliennes et argentines, proposant des plats traditionnels revisités comme le mültrün (soupe de blé), le catuto (pain de blé germé) ou des préparations à base de piñones (graines d'araucaria). Cette gastronomie met en avant des ingrédients endémiques et des techniques de préparation ancestrales, participant ainsi à la reconnaissance des savoirs culinaires autochtones. Des chefs mapuches comme Zunilda Lepín au Chili ou Emilia Nuyado en Argentine jouent un rôle d'ambassadeurs culturels à travers leur cuisine, sensibilisant un public plus large à la richesse de cette tradition alimentaire.

Vers une reconnaissance pleine et entière d'un patrimoine vivant

L'histoire et la culture mapuches nous offrent bien plus qu'une simple leçon de résistance - elles constituent un patrimoine vivant qui enrichit profondément l'identité latino-américaine. À l'heure où les enjeux de diversité culturelle et de droits des peuples autochtones gagnent en visibilité sur la scène internationale, la cause mapuche représente un cas emblématique des défis et des promesses que porte la construction de sociétés véritablement pluriculturelles.

Les avancées récentes en matière de reconnaissance institutionnelle et culturelle, aussi limitées soient-elles, témoignent d'une évolution progressive des mentalités. Le processus constitutionnel chilien de 2021-2022, malgré son échec final, a permis une visibilité sans précédent des revendications autochtones dans le débat public. L'élection de personnalités mapuches à des postes de haute responsabilité, comme Elisa Loncon à la présidence de la Convention Constitutionnelle chilienne, symbolise cette lente mais réelle évolution des rapports de pouvoir.

Cependant, le chemin vers une pleine reconnaissance des droits territoriaux, culturels et politiques des Mapuches reste semé d'obstacles. Comme le souligne le rapport 2023 de la Commission Interaméricaine des Droits de l'Homme, "la situation des peuples autochtones en Amérique latine continue d'être marquée par des inégalités structurelles et une discrimination systémique, particulièrement en ce qui concerne l'accès à la terre et aux ressources naturelles". Dans ce contexte, la résistance mapuche ne représente pas seulement une lutte pour la survie d'un peuple spécifique, mais aussi un combat plus large pour la justice environnementale et sociale dans une région marquée par de profondes inégalités.

Pour le visiteur contemporain des territoires mapuches, au Chili comme en Argentine, s'offre une opportunité unique d'aller au-delà des clichés touristiques et de découvrir une culture vivante dans toute sa complexité. Le tourisme responsable peut constituer un puissant vecteur de rencontres interculturelles authentiques et de soutien économique aux communautés locales. Des initiatives de tourisme communautaire, gérées par les Mapuches eux-mêmes, se développent dans plusieurs régions, proposant des expériences immersives respectueuses des valeurs et des rythmes de vie traditionnels.

Comprendre les Mapuches aujourd'hui, c'est aussi saisir l'importance des savoirs autochtones dans un monde confronté à des défis environnementaux sans précédent. La cosmovision mapuche, fondée sur l'harmonie entre l'humain et son environnement naturel, offre des perspectives précieuses pour repenser notre rapport à la nature et aux ressources. Comme l'affirme le philosophe mapuche Ziley Mora : "Dans la pensée mapuche, l'humain n'est pas le propriétaire de la terre, mais son gardien temporaire. Cette vision, loin d'être archaïque, est profondément contemporaine face à l'urgence écologique que nous vivons".

Lenhart
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Lenhart

Pour Lenhart, le Chili et l'Argentine sont bien plus que des destinations : ce sont ses terres d'adoption, qu'il connaît intimement et qui nourrissent sa capacité à créer des voyages sur mesure, mêlant rigueur opérationnelle et intuition du terrain.

Amoureux des grands espaces et fin connaisseur de la biodiversité andine, il maîtrise les subtilités géographiques et les codes locaux qui garantissent le succès de chaque séjour. Son œil d'expert sait déceler les opportunités exceptionnelles.

Sa formation diversifiée et son engagement vers l'excellence transforment chaque aventure en une expérience inoubliable.