Les Aymaras : histoire, culture et spiritualité andine

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Les Aymaras : histoire, cultur...
Entre les volcans enneigés et les eaux turquoise de l’Altiplano, une civilisation perpétue depuis plus de deux millénaires un mode de vie en parfaite symbiose avec l’un des environnements les plus hostiles de la planète. Les Aymaras sont connus pour leur remarquable adaptation aux hautes altitudes, leur cosmovision singulière et leur profonde spiritualité liée à la Pachamama. Ce peuple andin, présent principalement en Bolivie et au Pérou, continue de faire vivre sa langue, ses rituels et son artisanat millénaire au cœur des villages des hauts plateaux.

Les Aymaras, peuple millénaire de l’Altiplano

Qui sont les Aymaras ?

Le peuple aymara est un groupe autochtone des hauts plateaux andins présent principalement en Bolivie, au Pérou et au Chili.

Les Aymaras (Aimaras) forment aujourd'hui l'une des communautés andines les plus importantes d'Amérique du Sud, réparties principalement entre trois pays. La Bolivie regroupe la plus grande part de cette population, avec environ 1,7 million de personnes, suivie du Pérou qui en compte un peu moins de 500 000. Au Chili, le recensement de 2024 fait état de 178 637 individus.

Géographiquement, ce peuple est surtout installé autour du lac Titicaca, partagé entre le Pérou et la Bolivie, considéré comme le berceau de leur civilisation. Depuis ce haut plateau situé à 3 800 mètres d'altitude, leur territoire ancestral s'étend sur l'Altiplano : au sud du Pérou, dans la région de La Paz en Bolivie, et se prolonge jusqu'au nord du Chili dans les régions d'Arica-Parinacota et Tarapacá. Une petite minorité vit aussi côté argentin, dans certaines zones de la puna du Nord-Ouest, où leur présence reste ponctuelle.

La langue aymara : pilier d'une identité millénaire

En tant que langue andine,  elle est bien plus qu'un simple outil de communication : elle représente le socle de la transmission culturelle et spirituelle de ces communautés. Selon le linguiste Dios Yapita, cette langue « ne se contente pas de décrire le monde, elle encode une vision complète de l'organisation sociale et cosmique ». Cette particularité se manifeste notamment dans l'existence de termes spécifiques pour décrire les relations et obligations sociales, concepts difficilement traduisibles dans les langues occidentales.

On compte encore près de 2 millions de locuteurs aujourd’hui. La langue se subdivise en deux dialectes principaux : l'aymara central, parlé au sud du Pérou, en Bolivie et dans le nord du Chili, et l'aymara méridional, présent dans les régions péruviennes de Tacna et Moquegua. Malgré la domination de l'espagnol dans la région, cette persistance linguistique montre toute la force de leur une identité culturelle.

Une histoire millénaire marquée par l’adaptation et la résilience

Leur histoire remonte à l’époque pré-incaïque, marquée par le développement de sociétés agricoles et pastorales florissantes sur l’Altiplano.

Apparus dès le XIIe siècle après le déclin de la culture Tiwanaku, les premiers peuples aymaras se sont installés autour du lac Titicaca et sur les hauts plateaux. Un siècle plus tard, ils forment des seigneuries puissantes qui contrôlent les hautes terres andines jusqu'à leur intégration progressive à l'Empire inca au XVe siècle, sans jamais perdre totalement leur autonomie culturelle. La conquête espagnole de 1532 bouleverse intégralement cette organisation. Les maladies importées d'Europe déciment la population indigène, tandis que le système colonial impose ses réformes : christianisation forcée, réduction des territoires autochtones, et installation de missions. Sur le plateau de Tarapacá, des églises coloniales sont les traces de cette période de domination.

Après les indépendances du XIXe siècle, les nouvelles frontières nationales fragmentent leur territoire ancestral entre le Pérou, la Bolivie et le Chili. Au XXe siècle, les politiques d'assimilation s'intensifient avec des campagnes de "chilenisation" au Chili, tandis que l'exode rural pousse massivement les populations vers les centres urbains. Malgré ces siècles de pressions, ce peuple ont su préserver leur identité grâce aux réseaux d'échanges maintenus entre communautés et à l'intégration économique transfrontalière développée depuis les années 1990.

Organisation sociale : l'ayllu et le principe de réciprocité

L'organisation communautaire aymara repose sur un système millénaire de relations sociales et de pratiques qui structurent encore aujourd'hui la vie quotidienne de nombreux habitants.

Leur relation à la Pachamama se manifeste à travers des rituels d’offrandes destinés à honorer la terre nourricière.

Au centre de ce modèle se trouve l’ayllu, unité fondamentale correspondant à une communauté territoriale soudée par des liens de parenté réels ou symboliques. Plusieurs ayllus se regroupent en marka, une entité territoriale supérieure chargée de la gestion collective des ressources. Cette architecture sociale a permis aux Aymaras de préserver leur cohésion malgré les transformations historiques. Le principe d’ayni structure les échanges de services et le travail collectif ; il garantit la solidarité par la réciprocité et organise la rotation des responsabilités, disposant à chacun l’occasion de contribuer à la communauté au cours de sa vie.

Le concept de territoire dépasse la simple possession de terres. Comme l'explique l'anthropologue Xavier Albó, "la gestion territoriale repose sur une compréhension profonde des cycles naturels et une adaptation aux conditions extrêmes des hauts plateaux andins." L'organisation verticale des terres suit un modèle unique permettant à chacun à différents étages écologiques et d'optimiser l'usage des ressources naturelles à travers les échanges intercommunautaires.

La structure sociale accorde traditionnellement aux femmes un rôle distinct mais complémentaire de celui des hommes, même si la culture aymara reconnaît le concept de chacha-warmi (homme-femme), symbolisant l'union complémentaire dans la vie sociale et spirituelle.

Spiritualité et rituels aymaras : une cosmovision sacrée

La spiritualité aymara et la Pachamama

Les Aymara pratiquent encore aujourd’hui des rituels avec les lamas, notamment lors d’offrandes destinées à remercier la terre et à assurer la prospérité communautaire.

La cosmovision aymara structure profondément l’organisation sociale en reliant l’ordre terrestre à l’ordre cosmique. Au cœur de cette vision se trouve la Pachamama, Terre-Mère garante de la fertilité, entourée d’Akapacha (monde d’en haut) et de Manqhapacha (monde souterrain). Cette triade organise l’univers et fonde des principes essentiels : la réciprocité entre humains et nature, la complémentarité des forces opposées, la cyclicité du temps et l’idée que chaque élément du monde a son reflet dans la société humaine. La réincarnation prolonge cette logique cyclique : la mort ouvre un nouveau passage, non une fin.

Cette spiritualité s’est longtemps articulée autour de deux grands piliers : l’agriculture et le culte des ancêtres visibles dans les chullpas, monuments funéraires dont la taille reflétait le statut social du défunt. Les Aymaras honoraient les esprits protecteurs des montagnes, les Achachilas, perçus comme des ancêtres bienveillants qui veillent sur les communautés. À l’inverse, des entités dangereuses comme Anchanchu, associé aux grottes et lieux isolés, incarnaient les forces du désordre contre lesquelles il fallait se prémunir.

Parmi les divinités liées à la production agricole, Tunupa occupait une place majeure, personnifiant les puissances naturelles tels que le soleil, le vent et les orages, susceptibles d’influencer les récoltes pour le meilleur ou pour le pire. Les Yatiris, spécialistes rituels, médiateurs entre le monde humain et les esprits, perpétuent encore aujourd’hui ces pratiques en conjuguant guérison, divination et rituels.

Les rituels aymaras et leur rôle social

La feuille de coca est utilisée au quotidien pour son rôle rituel, médicinal et comme soutien face à l’altitude.

Les rituels ne sont pas de simples pratiques spirituelles, mais forment  des moments essentiels qui renforcent la cohésion communautaire et rythment la vie collective.
Selon le type de rite ou de cérémonie, les familles sont assistées d’un parent-officiant pour les rituels liés au bétail, ou de personnes âgées qui maîtrisent les détails rituels associés aux défunts ou aux guérisons. Ces cérémonies s’accompagnent d’offrandes et d’objets rituels indispensables au bon déroulement de la pratique. Les sépultures reçoivent notamment de la coca, de l’eau ou de la viande pour accompagner le défunt dans son voyage vers l’au-delà.

Dans cette même logique d’accompagnement symbolique, certaines pratiques marquent des étapes majeures de la vie. Dans la culture aymara, les cheveux sont investis d’une dimension sacrée et considérés comme le siège de la force et de l’identité. C’est pourquoi la première coupe de cheveux d’un enfant, appelée rutucha, est un moment familial particulièrement important : elle marque son intégration pleine au sein de la communauté et scelle les liens qui l’unissent à ses proches.

La feuille de coca : plante sacrée et médecine ancestrale

Considérée comme sacrée, la feuille de coca se consomme en akullico, mâchée avec de la cendre alcaline, lors de cérémonies et rituels. Au-delà de son usage spirituel, les Aimaras l'utilisent également dans leurs médecines traditionnelles et naturelles pour ses propriétés thérapeutiques reconnues depuis des millénaires.

Les constellations aymaras : une astronomie sacrée

Dans leur cosmovision, les constellations sont interprétées comme des êtres ou figures symboliques qui guident les cycles agricoles et les rituels saisonniers.

Les Aymaras sont adeptes du concept de réincarnation et perçoivent la mort comme la fin d'un cycle qui permet à l'individu de renaître. Cette vision cyclique s’étend à leur lecture du cosmos : les constellations, qui servent de repères temporels et agricoles, structurent leur compréhension du monde. Contrairement à l’astronomie occidentale, ils ne lisent pas le ciel dans les étoiles lumineuses, mais dans les zones sombres de la Voie lactée, où se dessinent des silhouettes animales, humaines ou symboliques. L’apparition de certaines figures indique les périodes de semaille, de récolte ou l’arrivée des pluies.

Parmi les constellations les plus connues, Kotu Sankha, perçue comme un amas de braises rougeoyantes, annonce un moment clé du calendrier agricole. La constellation d’Orion, appelée Wara Wara Kjahua, est interprétée comme un poncho fin porté par un seigneur puissant, tandis que Puma Yunta, associée aux Gémeaux, représente une paire de pumas jumeaux, animaux protecteurs de l’Altiplano. Les Aimaras distinguent aussi la figure du lama, un animal sacré dont la silhouette sombre se découpe dans la Voie lactée, el Mayu, et sert d’indicateur essentiel des cycles agricoles, notamment de l’arrivée des pluies. Plus au sud, Wara Wara Qorawa, superposée au Scorpion, est imaginée comme une fronde dont l’étoile Antares forme la pierre éclatante prête à être lancée. Enfin, la Chakana, la Croix du Sud, joue un rôle fondamental : elle guide les voyageurs, oriente les communautés et marque les grandes étapes du cycle agricole selon sa position dans le ciel nocturne.

Rencontrer le peuple Aymara lors de son voyage au Chili : sites, activités et découvertes

La route Aymara au Chili : visite des villages et territoires andins

Putre : cœur battant de la culture aymara à 3 500 m

Visiter Putre permet de découvrir un village andin paisible, riche en culture locale et entouré de paysages spectaculaires.

Putre tire son nom du mot aymara "putiri" qui signifie "murmure des eaux". Ce village de 1 200 habitants est dominé par le Cerro Taapaca qui culmine à 5 775m. L'accueil y est d’une grande simplicité et humanité : les Yatiri partagent les traditions ancestrales, notamment l'offrande de feuilles de coca en signe de gratitude envers la Pachamama et Inti Tata (Père Soleil), les deux divinités centrales de la cosmovision andine. L'ambiance y est paisible, avec une vie communautaire rythmée par les saisons agricoles et les célébrations traditionnelles. On peut y randonner sur d'anciens chemins incas comme le Qhapaq Ñan qui serpente vers Socoroma, ou se détendre dans les thermes naturels de Jurasi à plus de 4 000 m d'altitude, où l'eau chaude contraste avec l'air glacé de l'Altiplano.

Socoroma : village perché et terrasses ancestrales

À 2 800 m d'altitude, Socoroma s'accroche à un promontoire rocheux entouré de terrasses agricoles héritées de l'époque inca. Ses 130 habitants cultivent l'origan et l'alfalfa selon des techniques millénaires. L'église San Francisco de Asís, avec sa façade en pierre sculptée, illustre le syncrétisme religieux entre catholicisme et croyances aymaras. L'atmosphère y est sereine, presque hors du temps. Les familles travaillent leurs parcelles en terrasses, perpétuant des savoir-faire agricoles adaptés à l'altitude et au climat aride. Le chemin inca reliant Socoroma à Putre offre une randonnée exigeante de 23 km à travers des paysages spectaculaires, bien que certaines portions aient été endommagées par les intempéries.

Belén : immersion dans le quotidien aymara

Belén se distingue comme l'un des villages les plus authentiques de l'Altiplano chilien. Fondé en 1625, il abrite aujourd'hui environ 140 personnes qui vivent de l'agriculture et de l'élevage de lamas et d'alpacas. L'ambiance y est rurale et intimiste : on peut participer aux activités quotidiennes des familles, aider à la récolte des légumes cultivés en terrasses, ou observer le travail pastoral. Les habitants partagent volontiers leur mode de vie traditionnel. Non loin du village, le Pukara de Huaihuarani, une ancienne forteresse pré-inca, rappelle que ces terres étaient habitées bien avant la colonisation espagnole. Les cultures en terrasses de pommes de terre et de maïs donnent un tableau vivant des techniques agricoles millénaires.

Parc National Lauca et Parinacota : sanctuaire naturel aymara

Le parc national Lauca est réputé pour sa biodiversité exceptionnelle et ses paysages volcaniques dominés par les sommets Parinacota et Pomerape.

Le Parc National Lauca s'étend sur 137 883 hectares entre 3 200 et 6 300 m d'altitude. Ce territoire est autant un sanctuaire naturel qu'un espace de vie pour les peuples andins. Le village de Parinacota, perché à 4400 m, accueille une petite communauté qui vit au rythme des saisons. L'église baroque du XVIIe siècle évoque le mélange des influences espagnoles et des traditions locales. L'ambiance est majestueuse : les volcans jumeaux Parinacota et Pomerape dominent le paysage, tandis que le lac Chungará, à 4 517 m, reflète les sommets enneigés. Son nom vient de "ch'unkara", mot aymara désignant la mousse qui pousse sur les pierres au bord du lac. On croise ici des troupeaux d'alpacas et de vigognes qui paissent librement, ainsi que des flamants et des condors. Les randonnées permettent d'observer cette faune dans son habitat naturel tout en découvrant comment les habitants ont su prospérer dans cet environnement extrême.

Quebrada de Camiña : oasis verdoyante au cœur du désert

Après avoir traversé le désert d'Atacama, le plus aride au monde, la quebrada de Camiña surgit comme une oasis inattendue. Le petit village aymara conserve une atmosphère tranquille où quelques restaurants familiaux servent une cuisine locale simple mais savoureuse. C'est un point de passage stratégique vers les hauts plateaux, où l'on peut encore observer les modes de vie traditionnels adaptés aux contraintes géographiques.

Lagunas de Cotacotani et Nama : couleurs de l'Altiplano

La région de Nama, avec ses lagunes aux teintes turquoise et émeraude, est un territoire aymara où quelques familles se sont spécialisées dans le tourisme communautaire. Les guides locaux partagent leur connaissance intime du territoire, expliquant les légendes associées aux lagunes et aux volcans environnants. L'ambiance y est mystique, entre les reflets changeants des eaux et le silence de l'altiplano. La Route de Sel traverse des paysages lunaires où seuls les camélidés et les oiseaux trouvent leur place. Observer le lever du soleil sur ces lagunes est une expérience inoubliable, les premiers rayons embrasant les rochers rouges et faisant scintiller la surface de l'eau.

Parque Nacional Volcán Isluga : spiritualité et artisanat

À 4 100 m d'altitude, les villages du Parc National Volcán Isluga comme Isluga et Chucuyo perpétuent les traditions artisanales. L'église du XVIIIe siècle d'Isluga est un lieu de rassemblement important, notamment lors de la fête de l'apôtre Saint Thomas, où se mêlent rituels catholiques et cérémonies andines. Les sites archéologiques alentours, comme le Pukara de Isluga et les cités funéraires Chok et Qolloy, témoignent de l'ancienneté de l'occupation humaine. L'atmosphère est empreinte de spiritualité, avec des offrandes régulières à la Pachamama visibles sur les hauteurs. On peut observer les vigognes, les viscachas et de nombreux oiseaux endémiques tout en découvrant comment les Aymaras ont développé une agriculture et un élevage adaptés à ces altitudes extrêmes.

Autres villages à visiter

Codpa se niche dans une vallée où les Aymaras cultivent la vigne à haute altitude, produisant des vins uniques. Les terrasses agricoles sculptent le paysage en étages successifs. Ticnamar offre des recoins mystiques où les traditions spirituelles restent vivaces. Colchane donne accès au Geyser de Puchuldiza à plus de 4 000m, un phénomène géothermique où l'eau bouillonnante jaillit du sol, se transformant en sculptures de glace en hiver. Les habitants utilisent ces sources chaudes pour soulager les maux liés à l'altitude. Lirima, dont le nom signifie "Où le renard se désaltère" en aimara, est réputé pour ses tisserandes qui travaillent la laine de guanaco et de vigogne selon des techniques ancestrales.

L’Altiplano bolivien : poursuivre la découverte au-delà des frontières

La Laguna Colorada en Bolivie est un lac rouge spectaculaire connu pour sa forte concentration de minéraux et ses colonies de flamants.

Depuis San Pedro de Atacama, l'immersion dans les cultures andines se prolonge naturellement vers la Bolivie. Le Salar d'Uyuni, plus grande étendue de sel au monde avec ses 10 582 km², est bordé de petits villages où vivent des communautés aymaras et quechuas. L'ambiance y est surréaliste : le blanc immaculé du sel s'étend à perte de vue, créant des mirages et des reflets du ciel spectaculaires après les pluies. Les habitants extraient le sel selon des méthodes traditionnelles et cultivent le quinoa sur les pourtours du salar.

Plus au sud, le Sud Lipez déploie des paysages d'une diversité extraordinaire : lagunes aux teintes rouge, verte ou bleue selon les minéraux et les algues présentes, champs de geysers fumants au Sol de Mañana, formations rocheuses érodées par les vents violents de l'Altiplano. La Laguna Colorada, teintée de rouge par les micro-organismes, accueille des colonies de flamants des Andes, de James et du Chili. La Laguna Verde, dominée par le volcan Licancabur sacré pour les peuples andins, change de couleur selon les vents qui agitent ses eaux riches en cuivre et en arsenic. Les populations locales maintiennent leurs traditions malgré les conditions extrêmes, entre 3 600 et 4 900 m d'altitude. On peut observer leur mode de vie pastoral, leurs rituels dédiés aux forces de la anture, et leur architecture en adobe adaptée aux températures glaciales nocturnes.

Quels textiles et objets artisanaux découvrir chez les Aymaras ?

L’artisanat textile est l’expression artistique la plus emblématique de la culture aymara. Transmis de mère en fille depuis des générations, cet art millénaire se découvre dans les villages traditionnels où chaque pièce raconte une histoire à travers ses motifs géométriques et ses couleurs symboliques.

Observer les artisans au travail

Le tissage aymara traditionnel se distingue par des motifs symboliques complexes et l’usage de techniques ancestrales transmises de génération en génération.

Les femmes travaillent la laine sur des métiers à tisser horizontaux traditionnels. Elles filent la laine d'alpaga, de lama, de vigogne ou de guanaco, puis créent des textiles aux motifs géométriques complexes. Chaque dessin possède une signification profonde : montagnes sacrées, étoiles, animaux endémiques ou divinités andines. Les couleurs naturelles (blanc, beige, brun, noir) alternent avec des teintes obtenues par des pigments végétaux et minéraux locaux. Au-delà des textiles, vous découvrez les cordages tressés servant au travail agricole et pastoral, ainsi que la vannerie en fibres végétales ornée de motifs traditionnels.

Nos recommandations d'achats

  • Ponchos en laine d'alpaga ou de vigogne : pièces chaudes et durables aux motifs symboliques, parfaits pour affronter les températures des hauts plateaux ou comme pièce unique dans votre garde-robe.
  • Chuspa (sac tissé) : légers et pratiques, ce petit sac orné de dessins originels est le souvenir idéal. Traditionnellement utilisé pour transporter les feuilles de coca.
  • Ceintures et bonnets andins (chullos) : accessoires colorés aux motifs géométriques, faciles à transporter et parfaits comme cadeaux.
  • Textiles en laine de vigogne : le summum de l'artisanat aymara. Cette fibre rare, considérée comme l'une des plus fines au monde, représente un investissement mais garantit une qualité exceptionnelle.

Privilégiez l'achat direct auprès des artisans dans les villages plutôt que dans les boutiques touristiques des grandes villes. Il est possible d’obtenir non seulement des prix plus justes et une meilleure qualité, mais votre argent soutient directement les familles. Demandez toujours la permission avant de photographier les artisans au travail.

Découvrir la culture aymara à travers ses fêtes

Riches en symboles, les célébrations reflètent le lien profond qui unit les communautés andines à la nature, au cycle agricole et aux ancêtres. Voici les fêtes les plus emblématiques à vivre au Chili et en Argentine :

  • Machaq Mara (Nouvel An aymara) : le 21 juin, au solstice d’hiver, les communautés d’Arica et de l’Altiplano accueillent le lever du soleil avec offrandes, danses et musiques : un renouveau spirituel qui ouvre le cycle agricole.
  • Floreo de Llamas : en été, dans les hauts plateaux du nord du Chili, les troupeaux de lamas et d’alpagas sont décorés et bénis pour attirer fertilité et protection des Mallkus, les esprits des montagnes.
  • Fiesta de la Pachamama (Argentine) : en août, dans les provinces de Jujuy et Salta, les familles ouvrent la “boca de la tierra” pour offrir nourriture, boissons et coca à la Terre-Mère, dans un rituel profondément ancré dans la vie rurale.
  • Carnaval Andino : au Chili comme en Argentine, ce carnaval issu des rites agraires se distingue par ses costumes colorés, ses danses cérémonielles et la célébration de la fertilité des terres.
Natasha
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Natasha

Originaire du Chili, Natasha excelle dans la gestion de voyages sur mesure, supervisant chaque détail avec cette précision toute sud-américaine qui fait la différence.

Elle connaît intimement les secrets du Chili et de l'Argentine, partageant avec naturel les richesses culturelles de sa région : traditions ancestrales encore vivaces dans les communautés locales, folklore transmis de génération en génération, et cet art de vivre qui caractérise tant ces deux pays.

Sa passion pour la nature sublime chaque escapade, offrant ce regard aiguisé et cette justesse que seule une locale peut apporter. Une source précieuse pour découvrir ces territoires avec sensibilité et authenticité.