Un cracidé endémique de l’Amérique du Sud
L’ortalide du Chaco : origine de son nom et son rôle dans la tradition guaranie
L'Ortalis canicollis est un oiseau galliforme appartenant à la famille des Cracidae. Son nom trouve son origine dans le grec ancien ''ortalis'', qui signifie ''jeune poule'', une référence à la ressemblance de cet oiseau avec les volailles domestiques. Cette appellation a été adoptée par les naturalistes européens dès leurs premières explorations en Amérique du Sud. L’espèce est également appelée en espagnol pava del monte, aracuá ou mamacu selon les régions.
Pour les peuples autochtones, notamment les Guaranis, l'ortalide du Chaco est appelée "charata" dans leur langue. Ce nom est étroitement lié à son chant caractéristique, qui est perçu comme un appel à la convivialité et au partage. Son cri puissant résonne, annonçant souvent le début d’une nouvelle journée. Pour ce peuple autochtone, cet oiseau symbolise la joie et l’harmonie, et sa présence est considérée comme un présage de bonne fortune. En plus de son importance culturelle et spirituelle, la charata est vivement appréciée pour sa chair, et fait partie des traditions culinaires locales.
Comment reconnaître l’ortalide du Chaco ?
Cet oiseau de taille moyenne possède un plumage brun olivâtre et une gorge grise. Sa tête grisâtre est dotée d’une peau nue rougeâtre autour des yeux et d’un menton orné d'un fanon rouge, qui varie selon la saison. Le bec est robuste, courbé et crochu, et les yeux sont brun foncé, entourés d'un cercle rosé.
Les pattes roses pâles et robustes sont adaptées à la marche au sol et à la préhension des branches. Les mâles et les femelles se ressemblent, bien que la femelle soit légèrement plus petite et moins vive. Ce cracidé possède un long cou et une queue allongée, lui permettant de se déplacer avec aisance dans la canopée et sur le sol.
Où vit l’ortalide du Chaco ?
L’Ortalis canicollis vit principalement dans la région du Grand Chaco, qui s'étend entre l'Argentine, le Paraguay, et une partie de la Bolivie. En Argentine, on le trouve principalement dans le tiers nord du pays, où il fréquente les forêts de taille moyenne, les savanes et les plantations. Au Brésil, une sous-espèce, l'Ortalis canicollis pantanalensis, habite le sud-ouest du Mato Grosso, dans des zones plus humides comme les marais et les savanes. Celle-ci est légèrement plus grande et possède un plumage brun plus foncé. L’Ortalis canicollis s'adapte à une variété d'habitats naturels, allant des forêts denses aux zones plus sèches et semi-arides. Il est également présent dans des zones de forêt secondaire et le long des chemins.
Son évolution est liée aux changements géologiques du continent sudaméricain. Les paléontologues estiment que ce galliforme s'est différencié il y a environ 2 millions d'années, une période marquée par des transformations climatiques importantes. Le Dr Maria Rodriguez, spécialiste des oiseaux du Chaco à l'Université de Buenos Aires, explique : "L'isolation géographique et les conditions particulières du Chaco ont conduit à l'émergence d'adaptations uniques chez cette espèce, notamment sa capacité à prospérer dans des environnements relativement secs." Des études génétiques récentes menées par l'équipe du Dr Juan Carlos Ramírez à l'Institut de Biodiversité de Asunción ont révélé que l'ortalis du Chaco a surmonté plusieurs goulots d'étranglement démographiques, notamment durant les périodes glaciaires du Pléistocène, renforçant ainsi sa capacité d'adaptation aux variations environnementales.
Mode de vie et comportement
Comme d'autres membres de la famille des Cracidés, cet oiseau vole difficilement. Ses ailes relativement courtes ne lui permettent pas de couvrir de longues distances en vol, mais il se déplace aisément entre les branches en battant activement des ailes. Lorsqu'il prend son envol, il peut glisser sur de longues distances grâce à sa queue allongée, qui l'aide à maintenir son équilibre. Lorsqu'il est menacé, il peut fuir rapidement en courant ou en se réfugiant dans les arbres, où il se sent plus en sécurité. Cet oiseau assume une fonction essentielle en tant que disperseur de graines, participant activement à la régénération des forêts qu'il habite. Son régime alimentaire, composé de fruits, de feuilles et de petits invertébrés, permet non seulement de maintenir l'équilibre de son habitat mais aussi de favoriser la diversité végétale.
L’espèce vit en groupes familiaux de 4 à 12 individus, souvent unis par des liens étroits tout au long de l'année. Leurs relations sociales sont renforcées par un système de communication vocale complexe, composé de puissants chants et appels. Son cri est particulièrement remarquable : un dueto joyeux, accompagné de sons graves, qui sert non seulement à coordonner les activités du groupe mais aussi à alerter sur la présence de prédateurs ou d'autres menaces.
La reproduction a lieu entre les mois de novembre et février, pendant la saison des pluies. La femelle construit le nid à une hauteur de 2,5 à 4 mètres du sol, en utilisant des rameaux, des tiges et des feuilles. Elle y pond généralement entre 2 et 4 œufs, de couleur blanche et rugueuse. Les deux parents prennent part à la surveillance et à l'entretien du nid, assurant la protection des œufs.
Où voir l’ortalide du Chaco lors d’un voyage en Argentine ?
Les sites naturels privilégiés
Si vous souhaitez découvrir cet animal dans son habitat naturel, plusieurs destinations en Argentine s’imposent.
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Parc National Chaco
Ce parc situé dans la province du Chaco est un des meilleurs endroits pour l’observer. Des circuits d’observation guidés et bien amménagés permettent de se rendre dans des zones stratégiques où elle évolue librement.
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Réserve Naturelle Formosa
Située plus au nord, cette réserve est un endroit idéal où l'ortalide du Chaco est particulièrement présente. C'est un lieu parfait pour les passionnés d'ornithologie, offrant de nombreuses opportunités d'observer cet oiseau dans ses différents comportements et interactions avec d'autres oiseaux.
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Parc National Iberá
Bien que plus connu pour sa biodiversité aquatique, ce parc abrite aussi ce cracidé dans ses zones boisées et marécageuses. Une observation des oiseaux peut être particulièrement réussie aux premières heures du matin.
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Parc National Río Pilcomayo
Situé dans la province de Formosa, ce parc limitrophe au Paraguay possède des paysages variés de savanes et de palmiers. C'est un endroit idéal pour l’apercevoir, souvent observée près des zones plus inaccessibles du parc.
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Parc National Defensores del Chaco (Paraguay)
Si vous avez l’occasion de faire une escale au Paraguay, partez au nord-ouest explorer ce parc situé dans la région du Chaco. Il abrite une grande diversité d’espèces aviaire, dont l’ortalide. Il est le plus grand parc du pays et est un excellent site pour son observation dans un cadre préservé.
Selon les données du Centre de Conservation des Oiseaux d'Argentine, les chances d'observation peuvent atteindre 80% lors des visites matinales guidées. Les ornithologues recommandent particulièrement les heures suivant l'aube, entre 6h et 9h, lorsque les oiseaux sont les plus actifs dans leur recherche de nourriture.
Depuis plusieurs décennies, son habitat naturel est confronté à diverses pressions, notamment la déforestation, la présence d'herbivores et les feux, ce qui limite progressivement les zones favorables à son développement. Elle est également chassée pour sa viande et pour le sport. De nombreux efforts de conservation sont menés grâce à des collaborations internationales et des programmes tels que le Programme de Conservation des Oiseaux du Chaco (PCOC), lancé en 2018. Ce programme réunit chercheurs, associations locales et autorités pour restaurer et surveiller les habitats.
Pour découvrir l'ortalide du Chaco, nous vous invitons à explorer nos idées de circuit en Argentine. En travaillant avec l'un de nos spécialistes voyage vous pourrez introduire dans votre parcours une ou deux journées avec un guide ornithologue qui vous permettra d'observer cet oiseau fascinant dans les meilleures conditions. Le circuit peut inclure un passage dans les principaux parcs nationaux du Chaco argentin, des sessions d'observation matinales, et des rencontres avec les communautés locales engagées dans la préservation de cette espèce remarquable.
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