Salta : le joyau culturel des Andes argentines
Géographie et origine de son nom
Située à 1 187 mètres d'altitude dans le nord-ouest de l'Argentine, près des frontières bolivienne et chilienne, Salta se trouve dans sa province éponyme. Celle-ci se caractérise par des paysages très variés alernant entre désert de la Puna, vastes vallées, collines colorées, jungle et plaines subtropicales. Sa diversité géographique s'accompagne donc d'un climat contrasté, et la ville bénéficie d’un climat tempéré avec des étés chauds et des hivers doux.
À l'origine, la ville portait le nom pompeux de "Muy Noble y Leal Ciudad de San Felipe de Lerma en el Valle de Salta". Mais après la mort de son fondateur, jugé tyrannique, les habitants l'ont simplement rebaptisée San Felipe de Salta. L'origine du nom "Salta" fait débat, mais la thèse la plus reconnue est qu'il proviendrait du mot aymara "salla" (rocher) et "ta" (lieu). D'autres évoquent plutôt le terme quechua "sagtay" ou "sagta", qui signifie "très beau" - d'où le surnom affectueux de Salta la Linda (Salta la Belle).
Histoire précolombienne et coloniale
Avant de devenir Salta, le territoire était autrefois habité par de nombreux peuples andins tels que les Wichís, Tonocotés, Omaguacas, Diaguitas et Calchaquís. Ils avaient un mode de vie adapté à la grande diversité géographique de la région et partageaient des liens culturels et commerciaux, non seulement entre eux, mais aussi avec les peuples du Chaco. La zone fut également occupée pendant un certain temps par la civilisation inca, et Salta, en raison de son emplacement privilégié, faisait partie du Qhapaq Ñan.
Les premières explorations espagnoles de son territoire, alors dépendant de la Vice-Royauté du Pérou, eurent lieu entre 1535 et 1550. En 1582, Hernando de Lerma fonda officiellement la ville de Salta, utilisant les anciennes routes indigènes pour faciliter l’installation des colons et le commerce entre El Callao, au Pérou, et Buenos Aires. Sa position stratégique fut renforcée en 1776, avec la création de la Vice-Royauté du Río de la Plata, dont elle devint un centre économique important en tant que capitale de l’Intendance de Salta de Tucumán.
Durant la guerre d'indépendance, la ville joua un rôle clé. En 1813, la bataille de Salta, remportée par les troupes du général Martín Miguel de Güemes, fut décisive pour libérer la région. Après l’indépendance de l’Argentine, Salta connut un renouveau à partir de 1890, avec l’essor des chemins de fer et l'arrivée de migrants. Durant le XXe siècle, elle connut une forte croissance démographique. En 2022, elle comptait plus de 667 082 habitants, en faisant la septième ville la plus peuplée d’Argentine.
Comment visiter Salta ?
Que voir absolument à Salta et ses alentours ?
Visite de la ville : Salta mérite-t-elle son surnom de « La Linda » ?
Son charme se dévoile dès les premiers pas sur la Plaza 9 de Julio, cœur battant de la ville. Autour de cette place centrale s'alignent des façades coloniales aux couleurs pastel, témoins d'une architecture préservée avec soin au fil des siècles. Dominant la place, la majestueuse cathédrale de Salta, avec ses tons roses et crème, incarne le style néoclassique et baroque, parfaitement intégré aux palmiers et jacarandas qui embellissent cet espace central. Pour une vue panoramique et spectaculaire sur la vallée, empruntez le téléphérique du Cerro San Bernardo qui survole gracieusement les toits de la ville. Salta abrite également le Mercado San Miguel, un marché dynamique où se mêlent produits frais, artisanat traditionnel et vie locale, pour une immersion unique dans la culture régionale.
Célèbre pour son architecture coloniale, Salta loge plusieurs monuments historiques. Le Cabildo, construit en 1780, est le plus ancien édifice colonial de la ville et abrite aujourd'hui deux musées : le Musée Historique du Nord et le Musée Colonial des Beaux-Arts. L'église San Francisco, avec son clocher rouge vif qui se détache sur le ciel andin, constitue l'un des joyaux architecturaux les plus photographiés de la ville. L'architecture salteña se distingue par ses balcons en fer forgé, ses patios intérieurs rafraîchissants et ses galeries à arcades, et le Cabildo en est un exemple, magnifiquement restauré pour refléter son éclat d'origine. Par ailleurs, le Musée d'Archéologie de Haute Montagne, situé au centre, présente des vestiges fascinants d'un sanctuaire inca, dont les célèbres momies du volcan Llullaillaco, une découverte archéologique majeure.
Enfin, La Linda est renommée pour sa culture vivante, avec ses carnavals folkloriques aux influences religieuses, célébrés durant tout l'été, offrant une expérience authentique et haute en couleur aux visiteurs.
Le MAAM en détail : une expérience immersive et émouvante
Le Museo de Arqueología de Alta Montaña (MAAM) expose les momies des enfants du Llullaillaco, trois enfants incas retrouvés sur un volcan à 6 739 mètres d'altitude, un trésor archéologique unique. Le musée, en petits groupes, offre une visite respectueuse et intime, guidées par des experts passionnés. La température des salles invite les visiteurs à porter un vêtement chaud, même en été.
Les momies du Llullaillaco, découvertes en 1999 par l'équipe du Dr Johan Reinhard à proximité du sommet du volcan Llullaillaco, sont parmi les mieux conservées du continent américain. Ces trois enfants incas, sacrifiés lors d’un rituel appelé Capacocha. Ce cérémoniel complexe impliquait le sacrifice d'enfants considérés comme "parfaits" - sans défaut physique et issus de familles nobles. Les analyses scientifiques ont révélé que les enfants avaient reçu un traitement spécial durant les mois précédant le rituel, notamment une alimentation plus riche et la consommation de coca et de chicha (bière de maïs), substances utilisées dans les rituels. Préservées grâce aux conditions extrêmes (froid intense, faible humidité) de la Cordillère des Andes, les momies montrent des tissus, cheveux, et organes en état presque intact.
Le musée propose une présentation respectueuse et immersive. Les enfants, placés dans des chambres maintenues à -20°C, sont exposés à tour de rôle. Le musée s'engage aussi dans une approche éthique en collaboration avec les communautés autochtones. À travers des reconstitutions et des objets rituels (textiles, statuettes en métaux précieux, céramiques), le MAAM offre une compréhension sensible de la culture inca.
Que voir dans les environs de Salta ?
Dans les environs, la Quebrada de Humahuaca déroule son tapis de couleurs sur plus de 150 kilomètres. Cette vallée spectaculaire, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, révèle des formations géologiques uniques où les strates rocheuses dessinent un tableau naturel aux teintes improbables. Le petit village de Purmamarca, niché au pied de sa célèbre montagne aux sept couleurs, semble figé dans le temps.
Plus au sud, les vignobles de Cafayate s'étendent à perte de vue, berceau du cépage Torrontés qui s'épanouit dans l'air raréfié des hauteurs andines. La route qui y mène traverse la Quebrada de las Conchas, véritable galerie d'art naturelle où le vent et l'eau ont sculpté la roche en formes fantastiques. L'expérience du Tren de las Nubes reste un moment inoubliable. Ce train mythique, qui grimpe à plus de 4 200 mètres d'altitude, serpente à travers les montagnes en empruntant des viaducs vertigineux et des tunnels creusés dans la roche vive.
S’initier à la gastronomie locale
La cuisine salteña est un véritable voyage des sens où se mêlent influences andines et coloniales. Au cœur de cette gastronomie unique trônent les empanadas salteñas, véritables joyaux culinaires qui se distinguent par leur format miniature et leur assaisonnement relevé. Leur farce, parfumée au poivron et au cumin, raconte à elle seule l'histoire des épices qui ont traversé les siècles. Le locro, plat emblématique de la région, réchauffe les corps et les âmes avec son mélange onctueux de maïs, haricots et viande mijotés pendant des heures. Les tamales et humitas perpétuent l'héritage du maïs, ingrédient sacré des civilisations précolombiennes, en le transformant en délicates préparations enveloppées dans leurs propres feuilles. Pour terminer sur une note sucrée, le quesillo accompagné de miel de canne offre une expérience gustative unique, alliance parfaite entre le salé du fromage local et le sucré du sirop de canne.
Quand partir à Salta : les meilleures périodes
Le printemps austral, entre septembre et octobre, habille la ville d'un manteau mauve grâce aux jacarandas en fleurs, sous un ciel d'un bleu intense. La période d'avril à novembre offre un climat sec et tempéré idéal pour explorer la région. Les mois de février et mars vibrent au rythme du carnaval, période festive où traditions andines et coloniales se mêlent dans une explosion de couleurs et de musiques. Seule la saison des pluies, de décembre à janvier, peut parfois contrarier les plans d'exploration, avec ses averses quotidiennes qui transforment les paysages.
Un dernier conseil avant de partir ?
Salta se découvre à un rythme tranquille, celui des salteños, qui prennent le temps de savourer leur maté sur la place centrale. Laissez-vous porter par cette douceur de vivre, explorez les ruelles pavées du centre historique, goûtez aux vins locaux dans les peñas où résonne le folklore andin. Car c'est peut-être là le véritable secret de la Linda : sa capacité à nous faire ralentir pour mieux apprécier ses trésors, qu'ils soient architecturaux, naturels ou gustatifs.
Notre conceptrice voyage incarne par ses origines française, chilienne et argentine cette vision transculturelle qui fait la singularité de Korke. Trait d'union naturel entre l'Europe et l'Amérique du Sud, elle comprend intuitivement les attentes des voyageurs francophones.
À l'image de sa curiosité intellectuelle et de sa rigueur, elle se passionne pour tout ce qui touche à la culture, l'histoire et la politique de ces deux nations.
Son regard avisé et son expertise lui permettent de partager avec ceux qui partent à l’aventure les clés essentielles à comprendre lors d'un voyage en Amérique du Sud.