Les types de forêts et les arbres de Patagonie
Les paysages forestiers sont adaptés aux différents climats patagons. On distingue principalement trois types de forêts présents dans la pointe sud du continent. L’aspect de ces milieux naturels varie en fonction de l’altitude et de l’exposition au vent. Ainsi, on peut observer des arbres de la même espèce présenter des tailles, des positions et des feuilles de tailles et couleurs variées.
Les écorégions
Forêts Andines Patagoniennes
Ces forêts, riches en biodiversité, se situent principalement dans les zones montagneuses et se caractérisent par la présence de nombreuses espèces d’arbres robustes capables de résister aux conditions climatiques rigoureuses, telles que l’altitude, le froid, les vents violents, et les précipitations abondantes. Leur structure peut être complexe, avec plusieurs strates de végétation. Parmi les espèces dominantes, on trouve l’araucaria, le ciprès de Magellan, le coihue et le ñire.
Forêts de Hêtres de Magallanes
Également appelées « hayedos antarctiques », ces forêts sont les plus australes au monde. Elles sont composées de plusieurs espèces de hêtres australs du genre Nothofagus, comme le pellín, le lenga et le ñire, qui se colorent puis perdent leurs feuilles en hiver. Leur composition est simple, avec peu de strates et des canopées ouvertes. Ces forêts se trouvent souvent dans des zones soumises à un climat polaire subocéanique, caractérisé par des vents intenses et des conditions climatiques extrêmes.
Forêt Valdivienne
Cette écorégion s’étend du centre-sud du Chili jusqu’en Patagonie argentine. Avec un climat tempéré-pluvieux ou océanique, elle se distingue par des forêts sempervirentes denses, possédant une stratification complexe allant en moyenne jusqu’à 4 ou 5 couches. Parmi les plus humides et luxuriantes de la planète, ces étendues boisées sont réputées pour leur végétation particulièrement verte et la présence de nombreux arbres, tels que l’arrayán, l’alerce et le coihue. La forêt valdivienne est également un refuge pour une grande variété d’animaux, comme le huemul, le pudu, le renard de Darwin et le monito del monte.
Steppe Patagonienne et Alto Andino
Il s’agit de deux écosystèmes distincts. La steppe patagonienne se caractérise par un climat aride et venteux, avec des paysages ouverts dominés par des arbustes et autres plantes typiques de la steppe, telles que le calafate (avec ses baies comestibles de couleur bleu foncé), la mata negra, le senecio patagonicus, le neneo et le quilambai. Bien que quelques arbres, comme certaines espèces de robles et de cyprès, puissent être aperçus, ils ne forment pas de véritables forêts. L’Alto Andino, quant à lui, est une région de haute montagne où la végétation se fait plus rare, avec des plantes alpines adaptées aux conditions sévères d’altitude, au froid intense et à la faible disponibilité en eau.
Les arbres endémiques
Araucaria
Également appelée « désespoir des singes », cet arbre ancien est reconnaissable à ses grandes feuilles en forme d’aiguilles et à son tronc imposant. Il est souvent trouvé dans les zones de montagne du nord de la Patagonie. Symbole national du Chili et de la région de l’Araucanie, l’Araucaria est sacré pour le peuple Mapuche, qui se nourrit de ses fruits, les piñones.
Coihue
Cet arbre de grande taille au feuillage dense et à l'écorce rugueuse, le coihue est particulièrement adapté aux forêts humides.
Lenga
Arbre à feuilles caduques, le Lenga forme des forêts denses dans les zones montagneuses et froides. Il est apprécié pour son bois durable.
Arrayán
Connu pour son écorce orange caractéristique, l’Arrayán est un arbre esthétique prisé par les photographes. Il pousse dans les parties humides du parc.
Alerce
Cet arbre est célèbre pour son bois extrêmement résistant et durable. L’Alerce peut vivre plusieurs millénaires et est souvent trouvé dans les forêts anciennes, notamment dans le parc national Los Alerces, en province de Chubut en Argentine.
Raulí
Arbre à bois dur et dense, le Raulí est essentiel pour les écosystèmes forestiers, offrant un habitat à diverses espèces animales.
Maitén
Arbre à feuillage persistant, le Maitén fournit une couverture dense et se trouve couramment dans les étendues côtières.
Canelo
Le Canelo, avec ses fleurs rouges vives, est un élément esthétique important et un facteur clé pour la biodiversité locale. Cet arbre est également sacré pour les Mapuches.
Ñirre
Le ñirre est un arbre caducifolié typique des forêts de Magallanes. Il est résistant aux conditions climatiques extrêmes, perdant ses feuilles en hiver. Ce petit arbre à écorce rugueuse forme des massifs boisés clairs dans les régions froides et ventées de la Patagonie.
Avellano
Aussi connu sous le nom de noisette de la Patagonie, cet arbre à feuilles persistantes produit des fruits comestibles. Il est souvent trouvé dans les forêts tempérées de la Patagonie, où il joue un rôle important dans la régénération des sols et la biodiversité locale.
Roble Pellín
Le robles pellín est un arbre caducifolié dominant dans les forêts de hêtres australes. Il est connu pour son bois dur et résistant, ainsi que pour son feuillage coloré qui se transforme en rouge et orange en automne.
Les fleurs natives de Patagonie
Durant certaines périodes de l’année, en particulier entre la fin du printemps et le début de l’été austral, certaines régions de la Patagonie se couvrent de milliers de fleurs. Le lupin, qui peut être jaune, blanc ou bleu, est l’une des fleurs les plus courantes dans la région des lacs, les vallées andines et certains parcs comme Torres del Paine, où il embellit les panoramas montagneux. On trouve également la Reina Mora, le zapatito de la Virgen, le chilco, la hierba de la Cuncuna, la Mutisia spinosa, la Mutisia virreina, ainsi que le Copihue, la fleur nationale du Chili. Ces fleurs, aux couleurs vives et variées, apportent une touche spectaculaire à la nature patagonienne. Parmi les espèces endémiques des terres australes, plusieurs portent le nom du célèbre explorateur portugais Hernando de Magellan, telles que le fuchsia de Magellan, la lampourde de Magellan et l’orchidée de Magellan
Les autres plantes de Patagonie
Certains arbustes sont particuliement connus et appréciés par les patagons comme les visiteurs ; c’est le cas du calafate et du maquis, tous deux produisent des baies bleues-violettes, appréciées pour leur qualités gustatives mais aussi pour leurs vertus médicinales. Bien qu’elle ait été introduite, la rose musquée s’est vue au fil des années etre l’un des eléments caractéristiques des paysages de la Patagonie du nord, notamment le long de la Route Australe. Les forêts humides tempérées regorgent de nombreuses plantes luxuriantes, comme les nalcas, qui vit prés des cours d’eau, des helechos, de pinque, musgo derecho, ou bien des espèces de champignons comme le Ramaria flava, le Cortinarius magellanicus, le digüeñe ou encore le hongo de Darwin, appelé comunément Pan de Indio. Ce dernier parasite uniquement les troncs d’arbres du genre Nothofagus, à l’image d’une autre plante, le Misodendraceae. Enfin, certains plantes arrivent à peupler les parties les plus arides de la Patagonie. C’est le cas du coussin de belle-mère, la llareta australe, le cojín blanco et de la yerba del corazon.
Importance écologique et préservation de l'environnement de Patagonie
La flore de la Patagonie est cruciale pour l’équilibre écologique de la région. Les forêts andines, par exemple, régulent le cycle de l'eau en influençant les précipitations et en protégeant les sols contre l'érosion. Les arbres tels que l'alerce et le coihue, grâce à leurs racines profondes et leur feuillage dense, jouent un rôle essentiel dans la prévention de l'érosion des sols et la régulation des ruisseaux. Les forêts de hêtres de Magallanes fournissent un habitat pour de nombreux animaux, dont certaines en danger d’extinction. Les plantes de la steppe et du désert andins contribuent à maintenir la stabilité des sols et à fournir des ressources alimentaires pour de nombreux animaux.
La Patagonie se présente donc comme un terrain d'investigation exceptionnel pour la recherche scientifique. Son isolement et le faible niveau d'intervention humaine en font un laboratoire naturel idéal pour observer les écosystèmes dans leur état le plus pur. Les données collectées dans cette région peuvent offrir des aperçus précieux sur la manière dont les écosystèmes réagissent aux défis tels que le changement climatique. Au fil des ans, les gouvernements chilien et argentin ont mis en place de nombreux sites protégés, y compris des parcs nationaux et des réserves naturelles, dans le but de sauvegarder les divers écosystèmes et les espèces qui y résident. Les deux pays ont également lancé des programmes de reforestation pour restaurer les forêts abîmées par l'exploitation forestière, les incendies ou le pâturage intensif. Ces efforts incluent la plantation de plantes endémiques telles que le lenga et le coihue, visant à rétablir l'équilibre écologique et à gérer les espèces invasives introduites. Les réglementations en vigueur dans les espaces protégés imposent des restrictions d'accès à certains secteurs sensibles et mettent en place des programmes de sensibilisation pour les visiteurs afin de limiter leur impact. De plus, la Fondation chilienne Reforestemos, à la tête de la plus grande campagne de restauration écologique du pays, permet également aux citoyens de participer à la reforestation en plantant ou en offrant un arbre via reforestemos.org. Les contributeurs peuvent choisir la zone exacte à laquelle ils souhaitent apporter leur soutien, y compris en Patagonie.
Passionnée par le Chili depuis longtemps, bien avant même ses premiers pas sur le continent sud-américain, Marilys a fait de cette fascination son métier. Spécialisée en contenus numériques chez Korke, elle puise dans ses découvertes personnelles pour créer des guides pratiques à destination des voyageurs.
Sa polyvalence et son sens du détail, nourris par ses explorations au Chili et en Argentine, se retrouvent dans chaque recommandation. Son instinct de voyageuse et son attention à ce que ces terres australes révèlent au-delà des apparences invitent à les découvrir avec justesse et sensibilité.