De l’Estrémadure aux Andes : le parcours de Pedro de Valdivia
Qui était vraiment Pedro de Valdivia ?
Né en 1497 à Villanueva de la Serena dans la région d’Estrémadure en Espagne, Pedro de Valdivia est issu d’une famille de petite noblesse, et bénéficie d’une éducation militaire précoce qui forge son destin. Il s’engage dans les troupes de Charles Quint et participe aux campagnes d’Italie, où il développe une solide expertise militaire en tactique, en commandement et en gestion des ressources.
Après avoir combattu en France jusqu’en 1525, il se tourne vers le Nouveau Monde. En 1535, il rejoint une expédition pour le Venezuela avant de se rendre au Pérou, où il prête main forte à Francisco Pizarro et se distingue lors de la prise en terrain difficile, acquérant une compréhension approfondie des dynamiques coloniales sud-américaines.
Comment Valdivia a-t-il conquis le Chili ?
En 1540, le conquistador entreprend l’expédition qui changera sa vie et l’histoire du continent. Avec une modeste troupe de 150 Espagnols et plusieurs milliers d’auxiliaires indigènes, il s’aventure dans les terres australes, défiant les descriptions décourageantes de Diego de Almagro, qui avait échoué dans sa tentative précédente de conquête.
Cette expédition, considérée comme téméraire par ses contemporains, montre sa détermination et sa vision à long terme. L’historien chilien Benjamin Vicuña Mackenna écrit : « Valdivia possédait cette rare combinaison de qualités qui fait les grands conquistadors : l’audace du guerrier et la vision du bâtisseur. »
Cette dualité se manifeste pleinement lorsqu’il choisit d’établir Santiago. Le 12 février 1541, il sélectionne stratégiquement l’emplacement de la future capitale au pied du Cerro Santa Lucia, une colline détient une position défensive naturelle et un point d’observation idéal sur la vallée du Mapocho.
La fondation de Santiago : un acte visionnaire
Le choix de cet emplacement démontre sa perspicacité. La vallée fertile du Mapocho, protégée par la Cordillère des Andes à l’est et celle de la Côte à l’ouest, réunissait des conditions idéales pour l’établissement d’une ville coloniale. L’historienne Carmen Bernand affirme : « Le site choisi par Valdivia pour Santiago combinait trois éléments essentiels : des terres agricoles fertiles, des ressources en eau abondantes, et une position stratégique défendable. »
La planification urbaine de Santiago, avec sa grille orthogonale caractéristique et sa Plaza Mayor (aujourd’hui Plaza de Armas), reflète l’influence des théories urbanistiques espagnoles de l’époque.
Vétéran des guerres d’Italie, il adapte les tactiques européennes aux combats du Nouveau Monde.
Lieutenant essentiel dans la consolidation de l’empire espagnol au Pérou.
Premier gouverneur, il pose les bases administratives durables du territoire.
Développe un réseau de villes pour sécuriser et structurer la colonisation.
L’expansion vers le sud
Après la fondation de Santiago, il poursuit méthodiquement l’expansion vers le sud. Il établit un réseau de villes fortifiées qui serviront de points d’ancrage pour la colonisation espagnole : Concepción (1550), La Imperial (1551), Valdivia (1552) et Los Confines (1553). Chaque fondation s’accompagne d’une stratégie d’occupation du territoire mêlant présence militaire et développement économique.
La résistance mapuche face à la conquête de Valdivia
La relation du conquistador avec les populations indigènes, particulièrement les Mapuches, symbolise toute la brutalité de la période coloniale. Il tente d'abord d'établir des relations diplomatiques, espérant l'importance d'une coexistence pacifique pour la réussite de son projet. Mais la résistance croissante des Mapuches, menée par le légendaire Lautaro, conduit rapidement à une escalade des conflits.
Il met alors en place le système d’encomiendas, une institution coloniale qui attribue aux conquistadors des territoires et les populations indigènes qui y vivent. Les tensions qui en découlent alimentent le soulèvement mapuche. Le professeur José Bengoa, spécialiste de l'histoire mapuche, précise : "La stratégie de Valdivia oscillait entre tentatives de négociation et démonstrations de force, mais il sous-estime gravement la capacité de résistance et d'adaptation militaire des Mapuches." Cette erreur d'appréciation coûte cher : en 1553, lors de la bataille de Tucapel, les forces mapuches infligent une défaite historique aux Espagnols, causant son décès.
La mort de Valdivia à Tucapel marque un tournant dans l'histoire du Chili. Les Mapuches, sous la direction de Lautaro, démontrent leur capacité à résister efficacement à la conquête espagnole, établissant un précédent de résistance qui influencera les relations entre Espagnols et populations indigènes jusqu'au XIXe siècle.
Découvrir l’héritage de Pedro de Valdivia dans le Chili d’aujourd’hui
La présence de Pedro de Valdivia reste profondément ancrée dans le Chili moderne. Son réseau de villes stratégiquement positionnées a jeté les bases de l'organisation territoriale du pays, dont Santiago, devenue une métropole de plus de 7 millions d'habitants. Au-delà des constructions physiques, le conquistador a établi un modèle de gouvernance et d'occupation du territoire qui a structuré le Chili pendant des siècles. Le docteur Gabriel Salazar, Prix National d'Histoire du Chili, observe : "L'empreinte de Valdivia sur le Chili va bien au-delà des constructions physiques. Il a établi un modèle de gouvernance et d'occupation du territoire qui a influencé le développement du pays pendant des siècles."
Aujourd'hui, sa figure reste complexe et controversée : si son rôle dans la fondation du pays est indéniable, son héritage doit être compris dans le contexte colonial et ses conséquences sur les peuples autochtones. De Santiago aux villes du sud, les traces urbaines de cette époque résonnent encore dans le Chili contemporain.
Santiago : le cœur historique
Le centre historique de Santiago est le point de départ incontournable. La Plaza de Armas, qu'il dessina lui-même en 1541, demeure le cœur névralgique de la ville. Ses proportions originales et son plan en damier caractéristique se retrouvent dans toute l'architecture coloniale de Santiago. Aujourd'hui, la place est entourée de la Cathédrale métropolitaine, du Musée historique national et de bâtiments coloniaux où l'on peut comprendre l'ampleur du projet urbain de Valdivia.
Le Cerro Santa Lucía offre une perspective unique sur la stratégie du conquistador. Ce promontoire naturel, rebaptisé "Huelén" par les populations locales, servit de point d'observation défensif lors de la fondation de la ville. Depuis ses terrasses aménagées au XIXe siècle, les visiteurs embrassent du regard la vallée fertile du Mapocho qui le convainquit d'établir ici sa capitale. Le quartier de Lastarria, au pied du cerro, mêle patrimoine colonial et vie contemporaine, parfait pour prolonger l'exploration.
La route du Sud : les villes de la conquête
La ville de Concepción représente une étape majeure dans l'expansion méridionale qu’il a orchestré. Bien que déplacée de son emplacement d'origine suite au tsunami de 1751, la ville conserve dans son musée d'histoire naturelle et son musée historique des collections importantes relatives à la période coloniale. Plus au sud, la ville de Valdivia porte le nom de son fondateur. Le système de fortifications de l’époque, notamment le Fort de Niebla, montre parfaitement la vision stratégique du conquistador. Ces fortifications, classées au patrimoine historique national, sont l'un des exemples les mieux préservés d'architecture militaire coloniale en Amérique du Sud. Les visiteurs peuvent explorer les bastions, les poudrières et les plateformes d'artillerie qui protégeaient l'accès maritime au territoire.
Les sites de la résistance Mapuche
La région de l'Araucanie abrite des sites historiques cruciaux liés aux conflits entre Valdivia et les Mapuches. Le site de Tucapel, où il trouva la mort en 1553, est aujourd'hui un lieu de mémoire important. Le parc historique qui y a été aménagé permet de comprendre le contexte de cette bataille décisive qui marqua un tournant dans la résistance mapuche. La forteresse de Purén, bien que reconstruite plusieurs fois, témoigne des défis auxquels fut confrontée l'entreprise de colonisation.
Musées et centres d'interprétation
Le Museo Histórico Nacional à Santiago abrite une collection remarquable d'artefacts de l'époque de Valdivia, notamment des documents originaux, des armes et des objets personnels. Le musée propose une exposition permanente qui contextualise la période de la conquête dans l'histoire plus large du Chili.
Le Museo Regional de La Araucanía à Temuco donne une perspective unique sur la rencontre entre Espagnols et Mapuches. Ses collections archéologiques et ethnographiques permettent de comprendre la richesse de la culture mapuche et les transformations profondes induites par la conquête.
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