Si l’aventure royale d’Antoine de Tounens vous intrigue et que vous souhaitez explorer ces territoires chargés d’histoire, découvrez notre circuit « Patagonie : Sur la route australe » qui vous permettra de traverser les paysages enchanteurs qui furent jadis au cœur du royaume d’Araucanie et de Patagonie. Un voyage unique qui combine la majesté des paysages naturels et la richesse d’un patrimoine historique et culturel exceptionnel.


Qui était réellement Antoine de Tounens ?
Antoine de Tounens est né le 12 mai 1825 à La Chèze, petit hameau proche de Chourgnac d'Ans en Dordogne, au sein d'une famille modeste. Fils de Jean de Tounens, un agriculteur, et de Catherine Jardon, il grandit dans un environnement rural typique du Périgord de cette époque. Rien dans ses origines ne laissait présager son destin extraordinaire. Après des études de droit relativement classiques, il devient avoué près le tribunal de Périgueux, profession juridique respectable mais sans éclat particulier. Cette position sociale, bien qu'honorable, semble avoir été insuffisante pour satisfaire ses aspirations profondes et son imaginaire nourri par les récits d'exploration et de conquête qui circulaient alors abondamment dans l'Europe du XIXe siècle.
Ce qui distingue fondamentalement Antoine de Tounens de ses contemporains est son tempérament aventureux et son imagination débordante. Passionné de géographie et fasciné par les récits d'explorateurs, il développe une obsession particulière pour l'Amérique du Sud, territoire encore largement méconnu des Européens et perçu comme une terre d'opportunités. Les biographes et historiens qui ont étudié son parcours s'accordent généralement sur un point : derrière l'apparence d'un notable provincial se cachait un homme habité par des rêves de grandeur et une soif d'aventure peu commune.
Selon les écrits personnels qu'il a laissés, c'est la lecture d'ouvrages sur l'histoire de l'Amérique latine et particulièrement sur la résistance des peuples Mapuche face aux conquérants espagnols qui aurait cristallisé son projet. Il est important de noter que cette période correspond également à l'apogée du colonialisme européen, contexte qui a certainement influencé sa vision et ses ambitions. Ce qui fait la singularité de son approche, cependant, est qu'il ne conçoit pas son projet dans une logique d'annexion au profit de la France, mais bien comme une entreprise personnelle visant à créer une nation indépendante dont il serait le souverain.
En 1858, à l'âge de 33 ans, Antoine de Tounens prend la décision qui changera sa vie : il vend son étude d'avoué, rassemble ses économies et s'embarque pour le Chili. Cette rupture radicale avec son existence antérieure témoigne de sa détermination et de la force de sa conviction. Comme l'a souligné l'historien Jean Raspail dans son ouvrage "Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie" : "Ce n'était pas un simple aventurier en quête de fortune, mais un homme porteur d'un projet politique singulier, mûrement réfléchi, aussi improbable pût-il paraître."
- Né en 1825 dans le Périgord, Antoine de Tounens était un avocat français qui proclama en 1860 le "Royaume d'Araucanie et de Patagonie" sur des territoires actuellement situés au Chili et en Argentine.
- Premier et unique souverain étranger ayant tenté d'établir une monarchie constitutionnelle en Amérique du Sud avec l'appui partiel des peuples autochtones Mapuche.
- Son règne effectif fut bref (1860-1862) mais son héritage perdure à travers une succession dynastique maintenue jusqu'à nos jours et un statut de figure légendaire dans l'histoire de la Patagonie.
- Son histoire illustre les complexités des relations entre les puissances européennes et les nations sud-américaines pendant la période post-coloniale du XIXe siècle.
Cette histoire extraordinaire ne peut être pleinement comprise sans explorer le contexte géopolitique de l'époque. L'Amérique du Sud du milieu du XIXe siècle était un territoire en pleine transformation, où les jeunes nations indépendantes cherchaient à consolider leurs frontières tandis que les peuples autochtones luttaient pour préserver leur autonomie. C'est dans cette mosaïque complexe d'intérêts et de conflits qu'Antoine de Tounens allait tenter de concrétiser son ambitieux projet royal, défiant ainsi l'ordre établi et inscrivant son nom dans l'histoire de deux continents.
Comment Antoine de Tounens est-il devenu roi de Patagonie ?
L'ascension d'Antoine de Tounens vers le statut royal constitue l'un des épisodes les plus fascinants de son épopée sud-américaine. Arrivé à Valparaíso en août 1858, il ne perd pas de temps et commence immédiatement à se familiariser avec la situation politique locale. La région qu'il convoite, l'Araucanie (territoire historique des Mapuche) et la Patagonie, se trouve alors dans une situation particulière : bien que revendiquées par le Chili et l'Argentine, ces terres demeurent largement sous le contrôle effectif des peuples autochtones, notamment les Mapuche qui ont farouchement résisté à la colonisation espagnole puis chilienne pendant plus de trois siècles.
De Tounens perçoit cette situation comme une opportunité unique. Son plan, audacieux mais non dénué d'une certaine logique, consiste à s'allier avec les chefs Mapuche pour établir un État indépendant qui servirait de zone tampon entre le Chili et l'Argentine, tout en préservant l'autonomie des peuples autochtones. Il passe près de deux ans à apprendre l'espagnol, à étudier la culture Mapuche et à établir des contacts avec différents loncos (chefs traditionnels). Cette période de préparation minutieuse révèle un homme méthodique, persévérant et doté d'une réelle intelligence stratégique, loin de l'image du simple illuminé à laquelle on le réduit parfois.
Le 17 novembre 1860 marque le tournant décisif : Antoine de Tounens rédige et diffuse une proclamation royale par laquelle il fonde le "Royaume d'Araucanie et de Patagonie" et s'en déclare souverain sous le nom d'Orélie-Antoine Ier. Ce document, rédigé en français et traduit en espagnol, définit les contours territoriaux du nouveau royaume et esquisse une constitution inspirée du modèle monarchique constitutionnel alors en vogue en Europe. Comme l'explique l'anthropologue José Bengoa dans ses travaux sur l'histoire mapuche : "De Tounens avait compris que pour les Mapuche, l'idée d'un roi étranger pouvait être plus acceptable que la soumission à une république chilienne ou argentine qui menaçait directement leur mode de vie traditionnel et leurs terres."
La réaction des Mapuche à cette proclamation fait encore débat parmi les historiens. Certains témoignages, notamment ceux rapportés par de Tounens lui-même dans ses mémoires, suggèrent qu'il aurait obtenu le soutien de plusieurs loncos influents, notamment Quilapán, fils du célèbre chef Mañil. D'autres sources, principalement chiliennes, minimisent ces alliances et présentent l'aventurier français comme un personnage marginal dont les prétentions n'auraient jamais été prises au sérieux par les Mapuche. La vérité historique se situe probablement entre ces deux extrêmes : si de Tounens a certainement bénéficié d'un accueil favorable de la part de certains chefs mapuche qui voyaient en lui un allié potentiel contre l'expansionnisme chilien, son influence réelle est restée limitée et localisée.
Ce qui est certain, c'est que pendant plusieurs mois, Antoine de Tounens a vécu parmi les communautés mapuche, participant à leurs conseils, s'adaptant à leurs coutumes et tentant de concrétiser son projet politique. Il adopta même certains aspects de leur culture, tout en maintenant fermement son identité européenne et sa vision d'une monarchie "civilisatrice". Cette période représente sans doute l'apogée de son aventure, un moment où son rêve semblait pouvoir se matérialiser. Comme l'a écrit l'historien Armando Braun Menéndez : "Pendant quelques mois, dans les vallées reculées de l'Araucanie, un avocat français est parvenu à faire exister, ne serait-ce que dans l'esprit de quelques-uns, un royaume qui n'avait d'autre réalité que sa propre conviction." Cette phase de son règne, aussi brève fut-elle, constitue un chapitre fascinant des relations interculturelles entre Européens et peuples autochtones d'Amérique du Sud au XIXe siècle.
Quelles relations Antoine de Tounens a-t-il entretenues avec les peuples Mapuche ?
Les relations entre Antoine de Tounens et les peuples Mapuche constituent l'aspect le plus nuancé et peut-être le plus significatif de son aventure patagonienne. Pour comprendre la nature de ces interactions, il faut d'abord considérer le contexte historique : dans les années 1860, les communautés mapuche faisaient face à une pression croissante des autorités chiliennes qui préparaient ce qui serait plus tard appelé la "Pacification de l'Araucanie", euphémisme désignant une campagne militaire visant à soumettre définitivement ces territoires au contrôle de l'État chilien. Face à cette menace existentielle, certains chefs mapuche étaient ouverts à des alliances stratégiques susceptibles de renforcer leur position.
L'approche d'Antoine de Tounens envers les Mapuche démontre une complexité qui dépasse le simple opportunisme colonial. Dans ses écrits personnels, notamment ses correspondances avec ses soutiens en France, il exprime une réelle admiration pour le courage et la résilience de ce peuple qui avait résisté pendant des siècles à la domination espagnole. "Les Araucaniens sont un peuple libre et fier," écrivait-il, "qui mérite mieux que d'être absorbé par les républiques voisines." Cette perspective, bien que teintée du paternalisme caractéristique de l'époque, témoigne néanmoins d'une reconnaissance de la légitimité des aspirations mapuche à l'autodétermination.
Selon plusieurs témoignages contemporains, dont ceux recueillis par l'explorateur français Gustave Verniory qui parcourut la région quelques décennies plus tard, Antoine de Tounens aurait participé à plusieurs parlamentos, ces assemblées traditionnelles où les loncos (chefs) mapuche débattaient des questions importantes. Sa présence à ces réunions suggère qu'il avait atteint un certain niveau d'acceptation au sein de certaines communautés. L'ethnologue Ricardo Latcham, qui a étudié les traditions orales mapuche au début du XXe siècle, rapporte des récits mentionnant un "Roi français" qui aurait promis de défendre les droits des Mapuche contre les incursions chiliennes et argentines.
Le degré réel d'influence et de reconnaissance dont jouissait de Tounens parmi les différentes communautés mapuche fait encore débat. Ce qui semble établi, c'est qu'il avait développé une relation particulière avec le lonco Quilapán, considéré comme l'un des plus puissants chefs de résistance mapuche à cette période. Certains documents suggèrent que Quilapán aurait vu en l'avocat français un moyen d'obtenir un soutien international pour la cause mapuche, possiblement même une reconnaissance de leur souveraineté par des puissances européennes. Comme l'explique l'historien Jorge Pavez Ojeda dans ses travaux sur la diplomatie mapuche : "La relation entre Tounens et Quilapán illustre la sophistication des stratégies politiques mapuche, capables d'instrumentaliser des acteurs extérieurs pour servir leurs propres objectifs de résistance."
Il serait cependant inexact de présenter de Tounens comme un défenseur désintéressé de la cause autochtone. Son projet politique, tel qu'il l'a formulé dans sa constitution et ses proclamations, envisageait clairement un processus de "civilisation" et de transformation progressive des sociétés mapuche selon un modèle européen. Il se voyait comme un monarque bienveillant qui guiderait ces peuples vers ce qu'il considérait comme le progrès, vision qui reflète indéniablement les présupposés coloniaux de son époque. Cette ambivalence fondamentale dans sa relation avec les Mapuche – à la fois allié contre l'expansion chilienne et porteur d'un projet de transformation culturelle – illustre les contradictions inhérentes à de nombreuses interactions entre Européens et peuples autochtones au XIXe siècle.
Comment s'est terminée l'aventure royale d'Antoine de Tounens ?
L'épopée royale d'Antoine de Tounens connut une fin aussi dramatique que son commencement avait été audacieux. Dès que les autorités chiliennes eurent vent de ses activités et de ses proclamations, elles perçurent immédiatement le danger potentiel que représentait cette tentative d'établir un État indépendant sur des territoires qu'elles considéraient comme leur appartenant légitimement. Le gouvernement du président José Joaquín Pérez, engagé dans le processus d'expansion territoriale connu sous le nom de "Pacification de l'Araucanie", ne pouvait tolérer ce qu'il percevait comme une ingérence étrangère dans ses affaires intérieures et une menace pour l'intégrité territoriale de la jeune république chilienne.
En janvier 1862, après un peu plus d'un an de "règne" effectif, Antoine de Tounens fut capturé dans des circonstances qui demeurent partiellement obscures. Selon certains récits, il aurait été trahi par un guide local soudoyé par les autorités chiliennes. D'autres sources suggèrent qu'il fut simplement victime de son imprudence, voyageant trop ouvertement dans des zones où sa présence avait été signalée. Ce qui est certain, c'est qu'il fut arrêté par un détachement de l'armée chilienne alors qu'il se déplaçait entre différentes communautés mapuche, probablement pour consolider ses alliances.
Conduit à Nacimiento puis à Los Ángeles, il fut initialement traité comme un prisonnier politique de haute importance. Son cas suscita rapidement un dilemme juridique et diplomatique pour les autorités chiliennes : fallait-il le juger comme un rebelle, un conspirateur étranger, ou simplement comme un déséquilibré mental ? Cette dernière option présentait l'avantage de minimiser la portée politique de ses actions tout en évitant un incident diplomatique avec la France. Comme l'a noté l'historien chilien Benjamin Vicuña Mackenna, contemporain des événements :
“Il était plus commode pour le gouvernement de traiter avec un fou qu'avec le roi d'un territoire contesté.
Après plusieurs mois d'incarcération et un procès controversé, Antoine de Tounens fut finalement déclaré atteint de "monomanie" (terme psychiatrique de l'époque désignant une obsession pathologique sur un sujet spécifique) et condamné à l'internement. Cette décision fut largement perçue comme une manœuvre politique visant à délégitimer son projet tout en évitant de lui donner l'importance d'une condamnation pour crimes politiques. Les représentants consulaires français au Chili, bien qu'initialement réticents à s'impliquer dans cette affaire embarrassante, finirent par intervenir pour demander son rapatriement en France plutôt que son internement au Chili.
En octobre 1862, après plusieurs appels et négociations diplomatiques, Antoine de Tounens fut finalement expulsé du Chili et embarqué sur un navire à destination de la France. Cette expulsion marqua la fin de son premier règne, mais pas de ses ambitions. À peine rentré en France, il commença à mobiliser des soutiens et des financements pour organiser son retour en Araucanie. Entre 1869 et 1876, il tenta à trois reprises de regagner son "royaume", chaque tentative se soldant par un échec, soit par l'intervention des autorités chiliennes, soit par manque de ressources ou de soutien local.
La dernière de ces tentatives, en 1876, fut particulièrement dramatique. Gravement malade, affaibli par des années d'efforts et de déceptions, il fut rapidement capturé et expulsé une nouvelle fois. Cette ultime défaite sembla finalement briser sa détermination. Rentré en France, il mourut le 17 septembre 1878 à Tourtoirac, en Dordogne, dans un état proche de l'indigence. Comme l'a écrit l'un de ses biographes, Marc Blancpain : "Il mourut comme il avait vécu après son aventure patagonienne : dans l'obscurité d'une France qui ne voulut jamais croire qu'un de ses fils avait été roi."
Quel héritage Antoine de Tounens a-t-il laissé dans l'histoire de la Patagonie ?
L'héritage d'Antoine de Tounens dans l'histoire de la Patagonie est aussi paradoxal que son extraordinaire aventure. Bien que son royaume n'ait existé que brièvement et n'ait jamais obtenu de reconnaissance internationale officielle, son impact culturel, symbolique et même politique a perduré bien au-delà de sa mort. En premier lieu, son histoire a contribué à attirer l'attention internationale sur la situation des peuples Mapuche et leur résistance face à l'expansionnisme chilien et argentin. À une époque où la question indigène était largement ignorée par les puissances européennes, les proclamations et écrits de Tounens ont, indirectement, donné une visibilité à cette problématique.
Sur le plan historiographique, l'épisode du "Royaume d'Araucanie et de Patagonie" a généré une abondante littérature, tant en Amérique du Sud qu'en Europe. Des historiens comme José Bengoa au Chili, Jean Raspail en France, ou Bruce Chatwin en Grande-Bretagne ont consacré des ouvrages ou chapitres significatifs à cette histoire, contribuant à en faire un élément incontournable de l'imaginaire patagonien. Comme l'a souligné l'anthropologue argentine Claudia Briones : "Le récit de Tounens est devenu l'un des mythèmes constitutifs de la Patagonie comme territoire d'exception, espace où l'improbable devient possible, où les rêves les plus extravagants peuvent prendre forme."
Plus concrètement, l'aventure de Tounens a laissé des traces dans la toponymie et la culture populaire régionale. Plusieurs localités, établissements ou accidents géographiques portent des noms faisant référence à cet épisode historique. À Perquenco, au Chili, par exemple, un musée local consacre une section à l'histoire du "roi français". Des festivals et événements culturels évoquent périodiquement cette histoire, mêlant souvent faits historiques et éléments légendaires. Cette présence dans la mémoire collective témoigne de la fascination durable qu'exerce ce personnage hors du commun.
L'aspect peut-être le plus surprenant de cet héritage est la persistance dynastique du royaume créé par Antoine de Tounens. En effet, avant sa mort, l'aventurier périgourdin avait désigné un successeur, inaugurant ainsi une lignée de prétendants au trône d'Araucanie et de Patagonie qui se perpétue jusqu'à nos jours. Ces "souverains en exil", établis principalement en France, ont maintenu vivante la mémoire du royaume, conservant précieusement archives, symboles et titres nobiliaires. L'actuel prétendant, qui porte le titre de "Prince Antoine IV", continue à défendre la légitimité historique de cette revendication et utilise cette plateforme principalement pour attirer l'attention sur les droits des peuples autochtones de Patagonie.
Pour les Mapuche contemporains, l'héritage de Tounens est ambivalent. D'un côté, certains intellectuels et militants mapuche voient dans cet épisode une illustration historique de la souveraineté de leur peuple et de sa capacité à établir des relations diplomatiques internationales. Comme l'a expliqué le leader mapuche contemporain Aucan Huilcaman : "L'histoire de Tounens rappelle que notre peuple a été reconnu comme une nation indépendante capable de forger ses propres alliances." D'un autre côté, d'autres voix critiquent ce qu'elles perçoivent comme une appropriation coloniale de leur lutte et préfèrent mettre en avant des figures de résistance issues de leur propre tradition, comme Lautaro ou Caupolicán.
Sur le plan du droit international, bien que les revendications du "Royaume d'Araucanie et de Patagonie" n'aient jamais été considérées comme juridiquement valides par la communauté internationale, elles ont néanmoins contribué à alimenter les débats sur la légitimité des processus d'annexion territoriale en Amérique du Sud. Certains juristes et historiens du droit ont utilisé ce cas comme exemple des complexités entourant la formation des États-nations en contexte post-colonial et des questions de souveraineté autochtone. En ce sens, l'aventure de Tounens constitue un précédent historique qui continue d'être cité dans certaines discussions académiques sur le droit des peuples à l'autodétermination.
Explorez les territoires du royaume oublié
L'histoire extraordinaire d'Antoine de Tounens nous rappelle combien la Patagonie a toujours été une terre de projections, de rêves et d'aventures improbables. Ce territoire immense et majestueux, qui s'étend des forêts ancestrales de l'Araucanie aux steppes australes balayées par les vents, continue d'exercer aujourd'hui la même fascination sur les voyageurs du monde entier. L'épopée du roi français de Patagonie nous invite à regarder ces paysages avec un œil nouveau, à y percevoir non seulement la beauté naturelle mais aussi les strates d'histoires humaines, parfois méconnues, qui s'y sont déroulées.
L'aventure d'Antoine de Tounens, malgré son échec apparent, nous rappelle également l'importance de l'audace et de l'imagination dans l'histoire humaine. Dans un monde de plus en plus normé et prévisible, son parcours extraordinaire résonne comme un rappel que les individus peuvent parfois défier les conventions et tenter de réécrire l'histoire selon leurs propres termes. Qu'il soit perçu comme un visionnaire incompris, un aventurier romantique ou un illuminé mégalomane, Antoine de Tounens demeure un personnage fascinant dont l'histoire continuera longtemps d'inspirer écrivains, cinéastes et voyageurs.
La Patagonie d'aujourd'hui, bien que transformée par près de deux siècles de développement et d'intégration aux États chiliens et argentins, conserve encore cette aura de territoire d'exception où l'extraordinaire semble toujours possible. Parcourir les sentiers de l'ancienne Araucanie, c'est marcher dans les pas d'Antoine de Tounens et des loncos mapuche qui l'accueillirent ; c'est se connecter à une histoire singulière qui transcende les frontières conventionnelles et nous rappelle la complexité des relations entre peuples, cultures et territoires.