Voyager au Chili

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PREMIERS PEUPLES DU CHILI ET IMMIGRATION

Le Chili, bien avant la Conquête espagnole au 16e siècle, a été habité par plusieurs peuples indigènes amérindiens et un peuple indigène polynésien. Certaines de ces ethnies ont subsisté jusqu’à nos jours tandis que d’autres ont complètement disparu ou ont été fortement réduites car leurs membres ont au fur et à mesure abandonné les traditions originelles et se sont intégrés à la culture dominante. Certaines cultures se sont tout bonnement éteintes à cause des maladies apportés par les Européens, des guerres et de la violence des colons.

Actuellement, l’État chilien reconnaît l’existence de neuf peuples aborigènes qui équivalent, dans leur totalité, à 4,58% de la population du pays. Les Mapuches sont Le principal peuple indien existant toujours au Chili, suivis des peuples Aymaras, Atacamas, Quechuas, Rapanuis, Kaweskars, Kollas/Likan Antai, Diaguitas et Yagans. Parmi les peuples éteints et aujourd’hui disparus, on compte le peuple Caucahue, Chango, Picunche, Cunco, Chono, Aonikenk, et Selknam.

Le développement des diverses cultures sur le territoire chilien actuel ne fut pas homogène. Ainsi, selon les régions, l’ancienneté des ethnies varie. Par exemple, dans la région de Los Lagos, on a retrouvé des vestiges de populations indigènes d’environ 12.500 ans d’ancienneté, dans le nord, de 12.000 ans et dans la zone centrale, de 11.000 ans. Les communautés indigènes habitant la zone territoriale actuelle du Chili pratiquaient l’agriculture, principalement les populations de l’Atacama, la chasse, la collecte de fruits et de légumes mais aussi la pêche, comme les groupes de Changos sur la côte. Vers 1.500 avant J-C, les indigènes des hauts-plateaux andins inventèrent le couteau mais également les armes ainsi que des ustensiles comme le pot qui leur servait à broyer les légumes et végétaux récoltés. Les indiens des Andes se déplacèrent vers la côte en suivant la migration des guanacos et peuplèrent les plaines intérieures. Sur le littoral, ils inventèrent d’autres armes pour la chasse marine telles que les couteaux d’os, les harpons et les hameçons d’os. Sur le bord côtier, les indigènes se mirent également à récolter les fruits de mer, à vivre de la pêche et de la chasse aux loups de mer. Dans les Andes, les autres communautés non émigrées élevèrent les différents types de lamas dont elles tissaient la laine et mangeaient la viande. Les recensements de population indigène n’ont été à être réalisés qu’à partir des débuts du 20e siècle. Ainsi, en 1907, le Chili comptait près de 102.000 membres de tribus indigènes, exceptées les communautés de Rapa Nui et des terres australes, dans tout le Chili – un peu plus de 3% des 3,2 millions d’habitants de cette année – concentrés principalement dans les provinces de Cautin et de Valdivia. Toutefois, le dénombrement des populations indigènes de 2012 indique qu’il y avait, à l’époque 1,71 million de personnes se revendiquant d’ethnie indigène, ce qui constitue une hausse de 147% par rapport aux dix dernières années. Environ 84% des indigènes recensés au Chili sont Mapuches. La plupart d’entre eux vivent actuellement dans la région métropolitaine de Santiago. Au total, 11% de la population chilienne en 2012 était d’origine indienne, précisent les sondages. La deuxième ethnie la plus représentée au Chili est l’ethnie aymara qui correspond à 6,25% de la population chilienne. En dix ans, depuis le recensement de 2002, la population indigène a fortement augmenté et est passée de 692.000 membres à 1.714.677 personnes. Les raisons de cette hausse se doivent principalement à la considération des individus de moins de 5 ans dans l’enquête de 2012. Toutefois, la reconnaissance officielle en 2006 de l’ethnie Diaguita a poussé de nombreuses personnes à se déclarer comme appartenant à cette ethnie, au total 45.324, alors que les Diaguitas étaient auparavant considérés comme une catégorie archéologique disparue. Enfin, dans ce dernier recensement, la population Aymara au Chili est également fortement en augmentation.

Les principaux mouvements migratoires au sein du Chili ont eu lieu au 19e et 20e siècle. Les immigrants du Chili proviennent surtout d’Europe mais également d’Amérique Latine, du Proche-Orient et d’Asie.

Toutefois, les premiers mouvements migratoires sont évidemment apparus au Chili au 16e et 17e siècle avec l’arrivée des conquistadors espagnols, principalement d’Estrémadure et de Castille. En outre, des petits groupes d’esclaves d’origine africaine qui accompagnaient les colons sont également arrivés dans le pays. Ils représentaient, au début du 19e siècle, environ 1,5% de la population nationale. Plus tard, les « pardos » (terme portugais péjoratif utilisés lors des colonies espagnoles et portugaises pour désigner les descendants des esclaves africains qui se mélangèrent avec les Européens et les Amérindiens pour une former communauté qui n’était ni métisse ni mulâtre) ont été absorbés complètement dans la population. Beaucoup de ces descendants ont suivi l’Armée libératrice du Pérou de José San Martin au 19e siècle et ont été totalement assimilés, cessant d’exister en tant qu’ethnie différenciée. Durant le 18e siècle, des Espagnols d’origine basque sont arrivés au Chili.

Au 19e siècle, on assista à d’importants mouvements migratoires colonisateurs provenant d’Europe, soutenus par le gouvernement chilien, principalement d’Allemagne, du Royaume-Uni, d’Irlande, de Croatie, de France, de Grèce, des Pays-Bas, d’Italie et de Suisse. Les familles britanniques et françaises ont pratiqué, dès le début, un commerce de textiles et de meubles. Des soldats européens (français, anglais, irlandais et italiens) et des commerçants vinrent également aider le Chili dans sa lutte pour l’indépendance.

L’IMMIGRATION AU CHILI ISSUE DU COMMERCE MARITIME AVEC LA FRANCE, L’ANGLETERRE ET L’ITALIE

Le commerce maritime avec la France, l’Angleterre et l’Italie joua également un rôle dans l’immigration du pays. Durant le 20e siècle, ce sont surtout les Palestiniens qui émigrèrent au Chili. Le pays abrite d’ailleurs la plus grande colonie palestinienne au monde en-dehors du Moyen-Orient. Enfin, beaucoup d’Espagnols qui fuyaient la Guerre Civile Espagnole arrivèrent au début du 20e siècle. En mai 1953, le président Carlos Ibañez Campos créa le Département de l’Immigration.

De nos jours, la plupart des immigrants au Chili sont d’origine latino-américaine, principalement des pays limitrophes. On constate depuis plusieurs années une nouvelle immigration provenant d’Asie. Les raisons et les origines de ces mouvements migratoires sont diverses. En 2004, l’immigration latino-américaine au Chili, en provenance principalement du Pérou, de l’Argentine, de la Bolivie, de l’Équateur et de la Colombie, a augmenté de 50%.

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), en 2008, il y avait 415.000 étrangers légalisés au Chili, soit 2,1% de la population nationale. Par ailleurs, selon un rapport récent de l’ONU, le Chili est le pays d’Amérique du Sud où le nombre d’immigrants a le plus cru entre 1990 et 2013. Il est à noter qu’une des principales motivations de l’immigration au Chili réside dans l’importante croissance économique du pays des dernières années.

En ce qui concerne les réactions des Chiliens face à l’immigration, elles sont diverses et similaires à celles observées dans d’autres pays. Ainsi, pour certains groupes de personnes, la croissance des flux migratoires représentent un problème. Cette opinion est véhiculée par la croyance populaire selon laquelle l’immigration restreint les opportunités d’emploi de la population nationale. Durant les dernières années et notamment en 2013, plusieurs attaques à caractère raciste envers des citoyens colombiens ou péruviens résidant dans le pays ont été recensées. Toutefois, il est nécessaire de signaler que le Chili compte bon nombre de groupes et d’associations qui estiment que l’immigration constitue un avantage car elle permet la diversification du pays. En outre, ces mouvements militent en faveur d’une vision de l’immigration tel un processus démographique naturel et prônent la fraternité entre les peuples sud-américains.

L’IMMIGRATION EUROPÉENNE DU CHILI

Par rapport à l’immigration européenne du Chili, il est intéressant de souligner certaines de ses caractéristiques. Contrairement à ce que s’est passé avec les immigrants du continent latino-américain qui se sont fortement assimilés aux citoyens chiliens, les communautés européennes immigrées se sont maintenues en tant que telles et ont formé des colonies sectorisées. Le mot « colonie » est d’ailleurs encore fréquemment employé pour désigner certaines de ces populations. Par exemple, la colonie germanique sont massivement présentes dans la dixième région, la Région des Lacs, les populations croates se retrouvent principalement à Antofagasta et dans la Région de Magallanes et enfin les Britanniques, dans la capitale.

L’immigration allemande a commencé grâce à la « Loi d’immigration sélective » de 1845 qui avait pour finalité de recruter des immigrants d’origine allemande d’un niveau socioculturel moyen et élevé pour coloniser les régions du sud du Chili situées entre les villes de Valdivia et de Puerto Montt. Les communautés allemandes comprenant quelques 6.000 familles purent réactiver l’économie nationale et changèrent complètement la physionomie du sud du Chili. Par ailleurs, la culture allemande eut une grande influence au sein de l’armée chilienne qui adopta de fait la tradition militaire prussienne après la guerre civile de 1891. Pendant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de juifs allemands, fuyant l’Holocauste, vinrent trouver refuge au Chili. C’est le cas des parents du célèbre animateur de la télévision chilienne, Mario Mario Kreutzberger. Parallèlement à ce phénomène, il existe des preuves concrètes qui montrent que plusieurs dirigeants de l’Allemagne nazie se sont également installés dans cette partie du territoire nationale chilien.

L’IMMIGRATION CROATE AU CHILI

Une des immigrations les plus importantes au Chili est l’immigration croate qui représente actuellement environ 2% de la population nationale. Les premiers Croates sont arrivés au Chili à la moitié du 19e siècle car ils fuyaient les guerres mais aussi des maladies telles que la peste. Les communautés les plus nombreuses se trouvent dans la zone des villes d’Antofagasta au nord et de Punta Arenas au sud mais on retrouve également beaucoup de membres dans la capitale chilienne. Beaucoup de personnalités du Chili appartiennent à la communauté croate. C’est le cas de l’écrivain Antonio Skarmeta et du riche entrepreneur Andronico Luksic, aujourd’hui décédé. Citons également l’animatrice de télévision Tonka Tomicic ou encore l’acteur Mauricio Pesutic.

L’immigration grecque est également très présente au Chili. Les premiers immigrants sont arrivés durant le 16e siècle en provenance de Crète. Toutefois, la plupart des Grecs du Chili débarquent au début de 20e siècle, certains mus par un esprit d’aventure, d’autres car ils fuyaient la Première Guerre mondiale.

IMMIGRATION ANGLAISE, IRLANDAISE, GALLOISE ET ÉCOSSAISE

Les Anglais et les Irlandais mais aussi les Gallois et les Écossais sont arrivés à l’époque de l’apogée de l’extraction du salpêtre à la fin du 19e siècle dans la région de Valparaiso. Actuellement, la colonie britannique est fortement dispersée sur le territoire chilien. Ses représentants ont atteint un niveau socio-économique généralement élevé tout comme les représentants de la communauté basque.

Les premiers représentants du Pays basque espagnol sont arrivés au Chili au 18e siècle. Du fait de leurs caractéristiques culturelles différentes de celles des Espagnols, ils constituèrent des colonies relativement hermétiques et il y a eu peu de métissages avec la population chilienne. On estime les Chiliens d’origine basque de cette époque à 100.000 membres. Parmi ceux-ci, citons par exemple, des hommes politiques et hommes d’affaires importants tels que Errázuriz, Etcheverry, Etchegaray, Echaurren ou encore Undurraga.

L’IMMIGRATION FRANÇAISE ET SUISSE

L’immigration française et suisse a eu lieu au 19e siècle dans une moindre mesure. L’immigration provenant de Suisse s’est principalement installée dans la 10e Région de l’Araucania. Entre 1882 et 1897, on estimait le nombre de Français vivant au Chili à plus de 8.000 personnes. Malgré le fait que cette colonie soit moins importante que les autres, elle s’est consolidée à travers les années dans le secteur de l’éducation. Nombreux sont les collèges de l’Alliance française dans le pays. Par ailleurs, plusieurs personnalités du pays sont d’origine française, c’est le cas de la présidente de la République du Chili, Michelle Bachelet, de l’écrivaine Marta Brunet, de l’écrivain et journaliste Enrique Lafourcade ou du joueur de tennis Paul Capdeville et de l’homme politique, ministre de l’Agriculture pendant le gouvernement de Salvador Allende, Jacques Chonchol.

L’influence de la colonie suisse est de moindre importance et ce, même si ses représentants sont nombreuses. Arrivés la fin du 19e siècle, les Suisses jouèrent certainement un rôle moins significatif au Chili car ils étaient souvent confondus avec les Français, les Italiens et les Allemands à cause de leurs caractéristiques linguistiques et culturelles communes.

L’IMMIGRATION RUSSE AU CHILI

Le Chili compte également une immigration russe composée de personnes qui n’adhéraient pas au régime communiste durant la Guerre civile russe. Les Chiliens d’origine russe sont peu nombreux. Outre les immigrants en provenance d’Europe occidentale, le Chili a également accueilli des personnes d’Europe de l’Est et du Caucase durant la première moitié du 20e siècle car celles-ci fuyaient les persécutions et génocides perpétrés pendant cette période. Les immigrants issus d’Europe de l’Est sont principalement des juifs polonais, hongrois, et de la République tchèque qui fuyaient les persécutions du nazisme entre 1930 et 1950. D’autres immigrants venant d’Arménie s’installeront au Chili pendant les premières décennies du 20e siècle.

UNE NOUVELLE IMMIGRATION AU CHILI

D’autres immigrants sont issus du Moyen Orient, principalement de Palestine, de Syrie ou encore du Liban. Les Palestiniens sont les plus nombreux de cette immigration arabe et leur nombre dépasse même celui des immigrants italiens et allemands. Les Palestiniens sont arrivés au début du 20e siècle car ils tentaient d’échapper à l’Empire Ottoman. La communauté palestinienne, dont la plupart des membres sont des commerçants, a parfaitement intégré la classe moyenne chilienne. Les Palestiniens du Chili se sont installés principalement à Santiago, à la Calera, à San Felipe et à Los Andes. Aujourd’hui, la communauté palestinienne du pays possède une équipe de football qui évolue en premier division du championnat national.

Il existe également au Chili une immigration asiatique qui représente environ 3% de la population nationale. Ses représentants descendent des premiers immigrants asiatiques. La communauté chinoise est la plus récente, elle compte environ 10.000 membres. L’immigration asiatique est en plein essor au Chili. L’immigration chinoise a été facilitée par les importants accords commerciaux que le Chili établit avec la République Populaire de Chine. D’ailleurs, la majorité des exportations nationales sont destinées à la Chine. La communauté chinoise habite principalement Santiago, Arica et Iquique. Par ailleurs, le Chili compte également des Taïwanais arrivés dans les années 1950. Ces derniers vivent à Santiago, Antofagasta, Iquique et Conception et sont au nombre de 9.500 membres.

Des Japonais ont également émigré au Chili. De nos jours, selon l’ambassade du Japon, le Chili compterait environ 3.800 membres de cette communauté, complètement assimilés à la population nationale. Les Coréens, principalement du Sud, sont aux alentours de 3.000. Il s’agit d’une des communautés d’immigrants les plus hermétiques du Chili. Les Coréens se mélangent très peu au reste des Chiliens. Ils travaillent pour la plupart dans le secteur textile.

Enfin, le Chili possède également une immigration en provenance d’Inde, du Pakistan, et d’Afghanistan. Les communautés indienne et pakistanaise sont composées de peu de membres malgré une hausse récente. Ces deux groupes comptent environ 5.000 membres chacun.