Découvrir l’histoire du Chili : une immersion dans le passé pour mieux voyager
Période précolombienne du Chili
Avant l’arrivée des Espagnols, les terres qui composaient le Chili étaient habitées par diverses cultures et ethnies indigènes, qui ont laissé une empreinte indélébile sur l’histoire du pays. Les Incas, en expansion vers le sud, ont atteint le nord du Chili au XVe siècle. Ils ont influencé les cultures locales par leur avancée technologique et leur organisation sociale. Leurs terrasses agricoles, leurs systèmes d’irrigation et leurs routes, appartenant au réseau routier Qhapac Ñan, ont laissé une marque durable dans les régions qu’ils contrôlaient.
Les principales cultures indigènes du nord du Chili comprennent les Chinchorro, les Arica et les Atacameños. Les Chinchorro, célèbres pour leurs momies, habitaient la côte d’Arica et d’Iquique il y a environ 7 000 ans. Les Arica, descendants des Chinchorro, développèrent des techniques agricoles plus avancées, et habitèrent la région côtière autour de l’actuelle Arica. Les Atacameños, quant à eux, vivaient dans le désert d’Atacama, maîtrisant l’irrigation pour cultiver la terre aride et érigeant des structures en pierre. Ces cultures ont laissé un riche héritage archéologique, témoignage de leur adaptation ingénieuse aux environnements extrêmes du nord du Chili.
Plus au sud, les Mapuches, un peuple guerrier, occupaient principalement la région centrale des côtes et de la cordillère, ainsi que la région méridionale du Chili. Leur société était organisée autour de clans autonomes appelés « lof » et ils vivaient de l’agriculture, de la collecte des pignons de pin, de la chasse et de la pêche. Ils sont surtout connus pour leur résistance acharnée contre les envahisseurs, tant Incas que Espagnols. Leur influence se retrouve encore aujourd’hui dans les festivités locales, l’art, la gastronomie chilienne, mais également dans les actualités politiques.
La Patagonie chilienne abrite diverses cultures indigènes, chacune ayant des modes de vie distincts. Les Pehuenche, une branche des Mapuches, sont semi-nomades et vivent principalement de l’agriculture. Les Kawésqar, traditionnellement nomades, naviguaient dans des canoës le long des canaux et fjords de la région. Ils vivaient de la pêche, de la chasse marine et de la collecte de fruits de mer. Leur adaptation aux conditions maritimes extrêmes témoigne de leur ingéniosité et de leur résilience. Les Selk’nam, également connus sous le nom d’Ona, étaient des chasseurs-cueilleurs terrestres de la Terre de Feu. Ils se distinguaient par leurs rituels initiatiques Hain, qui marquaient le passage à l’âge adulte et avaient une profonde signification spirituelle et culturelle. Leur mode de vie était adapté aux rigueurs du climat froid et venteux de la région. Les Yagán, les plus australs des peuples indigènes, naviguaient dans les canaux de la Terre de Feu, subsistant grâce à la pêche, la chasse au phoque et la cueillette de fruits de mer et de plantes. Leur mode de vie maritime et leur capacité à survivre dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète témoignent de leur remarquable adaptation et de leurs compétences en navigation et en survie.
Arrivée des Espagnols
Conquête espagnole
L’arrivée des Espagnols au Chili a marqué le début d’une période de profondes transformations pour les populations autochtones et pour le territoire lui-même. En 1536, l'explorateur espagnol Diego de Almagro est le premier Européen à pénétrer dans le territoire chilien, suivi quelques années plus tard par Pedro de Valdivia, qui est souvent crédité de la fondation de Santiago en 1541. Les conquistadors espagnols ont rencontré une résistance farouche de la part des Mapuches. Les guerres de l’Arauco, une série de conflits violents entre les Espagnols et les Mapuches, ont duré plus de trois siècles, illustrant la détermination des Mapuches à préserver leur territoire et leur mode de vie. Malgré la supériorité technologique des Espagnols, les Mapuches ont réussi à conserver une grande partie de leur autonomie.
Période coloniale
Sous la domination espagnole, le Chili est devenu une colonie de l’Empire espagnol, intégrée à la vice-royauté du Pérou. Cette période est marquée par l'exploitation minière, notamment l'extraction de l'or et de l'argent, qui a constitué une source majeure de richesse pour la couronne espagnole. La colonisation a également entraîné une réorganisation sociale et économique. Les Espagnols ont introduit le système des encomiendas, par lequel les colons recevaient des terres et le droit de faire travailler les populations indigènes, souvent dans des conditions proches de l'esclavage. Cette exploitation a eu des conséquences dévastatrices pour les populations autochtones, entraînant une réduction drastique de leur nombre en raison des maladies importées, du travail forcé et des conflits.
La lutte pour l'indépendance du Chili s'inscrit dans ce contexte plus large de révolutions sud-américaines et d'influence des Lumières. En 1810, profitant des bouleversements en Espagne causés par les guerres napoléoniennes, la première junte nationale de gouvernement est formée à Santiago, marquant le début d'une série de batailles pour l’indépendance. Bernardo O'Higgins, fils d'un vice-roi espagnol, et José de San Martín, un général argentin, se sont distingués comme leaders majeurs de cette lutte. En 1818, le Chili obtient son indépendance, marquant la fin de la domination coloniale espagnole et l'émergence d'une nation libre et souveraine.
Période contemporaine du Chili
Époque républicaine
Après l’indépendance, le Chili a traversé une période de consolidation républicaine marquée par des régimes politiques successifs et des mouvements sociaux. La nouvelle république a dû faire face à des défis internes, notamment des guerres civiles et des conflits de pouvoir entre les partis libéraux et conservateurs. Au cours du XIXe siècle, le Chili s’est engagé dans plusieurs conflits militaires, dont la guerre du Pacifique (1879-1884), qui l’opposa au Pérou et à la Bolivie. Cette guerre a eu des conséquences territoriales importantes, permettant au Chili de s’emparer de riches gisements de nitrate dans les régions du nord de Tarapacá et Antofagasta. Le XXe siècle a vu l’émergence de mouvements sociaux et politiques qui ont façonné la modernisation du pays. Les réformes agraires, les mouvements ouvriers et les luttes pour les droits civils ont marqué cette période, conduisant à des transformations économiques et sociales significatives.
Tremblement de terre d’août 1906
Le tremblement de terre du 16 août 1906 est l'un des événements naturels les plus dévastateurs de l'histoire du Chili. Ce séisme de magnitude 8,2 a frappé la région de Valparaíso, causant d'énormes destructions et une perte tragique de vies humaines. Ce tremblement de terre a détruit une grande partie de la ville de Valparaíso, alors l’un des ports les plus importants du pays, et a gravement endommagé d’autres villes environnantes. Les infrastructures ont été largement détruites, et les incendies qui ont suivi le séisme ont aggravé la catastrophe. Les efforts de reconstruction ont été longs et difficiles, mais ils ont également conduit à des améliorations significatives dans les normes de construction et les systèmes de prévention des catastrophes au Chili.
Dictature militaire de Pinochet
L’un des chapitres les plus sombres de l’histoire contemporaine du Chili est la dictature d’Augusto Pinochet, qui a commencé par un coup d'État le 11 septembre 1973, renversant le gouvernement démocratiquement élu de Salvador Allende. Pendant près de 17 ans, le régime militaire de Pinochet a été caractérisé par de graves violations des droits de l’homme de la part des forces armées, incluant des arrestations arbitraires, des tortures, des disparitions forcées et des exécutions. Malgré la répression, cette période a également été marquée par des réformes économiques néolibérales qui ont transformé l’économie chilienne, introduisant des politiques de libre marché et privatisant de nombreux secteurs de l’économie. Ces réformes ont eu des effets contrastés, créant une croissance économique tout en exacerbant les inégalités sociales. La transition vers la démocratie a commencé à la fin des années 1980, culminant avec un référendum en 1988 qui a conduit au départ de Pinochet et à la restauration de la démocratie en 1990. Cette période de transition a été marquée par des efforts pour réconcilier la nation et adresser les crimes du passé, tout en consolidant les institutions démocratiques. Une grave crise interne a éclaté lorsque Pinochet a été arrêté par la police britannique le 16 octobre 1998, suite à une demande d'extradition en Espagne par le juge espagnol Baltazar Garzon, pour répondre des accusations de « génocide », de « tortures » et de « disparitions » pendant la dictature. Malgré cela, le ministre britannique Jack Straw a refusé l'extradition en 2000.
La politique démocratique au Chili depuis les années 2000
En janvier 2000, Ricardo Lagos, candidat politique de la coalition de centre-gauche au pouvoir, a remporté les élections présidentielles, devenant ainsi le premier président socialiste après Salvador Allende. Lagos a promis de mettre l'accent sur les droits de l'homme. En mars 2006, la socialiste Michelle Bachelet a remporté les élections présidentielles, et Sebastian Piñera, candidat politique de centre-droite, a assumé la présidence en mars 2010, marquant le retour de la droite au pouvoir après trente ans. Michelle Bachelet est revenue au pouvoir après sa victoire aux élections présidentielles de 2013. Sebastian Piñera a assumé la présidence du Chili pour la deuxième fois en mars 2018, marquant son retour au pouvoir. En octobre 2019, le Chili a connu un "estallido social", une série de manifestations massives déclenchées par le peuple chilien, en raison d’une hausse des tarifs du métro à Santiago du Chili. Ces protestations reflétaient des frustrations plus larges concernant les inégalités économiques et sociales. En réponse, le gouvernement a organisé un référendum en octobre 2020, où la majorité des Chiliens ont voté pour rédiger une nouvelle constitution, remplaçant celle héritée de la dictature de Pinochet. L'élection présidentielle de 2021 a désigné Gabriel Boric, candidat de la coalition de gauche, comme président du Chili. Il a pris ses fonctions le 11 mars 2022. Boric s'est démarqué par ses promesses de réformes sociales et économiques. Une Assemblée constituante, élue en mai 2021, a été chargée de rédiger une nouvelle constitution. Ce processus vise à répondre aux préoccupations des citoyens et à moderniser le cadre juridique du pays.
Passionnée par le Chili depuis longtemps, bien avant même ses premiers pas sur le continent sud-américain, Marilys a fait de cette fascination son métier. Spécialisée en contenus numériques chez Korke, elle puise dans ses découvertes personnelles pour créer des guides pratiques à destination des voyageurs.
Sa polyvalence et son sens du détail, nourris par ses explorations au Chili et en Argentine, se retrouvent dans chaque recommandation. Son instinct de voyageuse et son attention à ce que ces terres australes révèlent au-delà des apparences invitent à les découvrir avec justesse et sensibilité.