Les familles alakalufs se déplaçaient le long des rives, dans les fjords de la Patagonie chilienne

Un peuple provenant des archipels de Patagonie

L’ethnie Kaweskar, également appelée Alakaluf, est un peuple indigène qui vivait dans les zones reculées de la Patagonie, allant de la péninsule de Taitao, le golfe de Penas, jusqu’au détroit de Magellan. Ils ont en plus occupé les cours d’eau à l’ouest de la grande île de Terre de Feu.

Bien que l’ethnie Kaweskar se retrouve principalement sur le territoire chilien, ils vivaient occasionnellement dans la zone frontalière avec l’Argentine, entre le lac Fagnano et la cordillère des Andes fuégienne. Ils n’ont pas établi de colonies permanentes sur ces terres, et il semble que cette présence ponctuelle soit due aux échanges commerciaux qu’ils entretenaient avec les indiens Onas, Tehuelches et Yamana.

Excellents canoéistes, ces nomades se déplaçaient essentiellement sur l’eau en fonction de leurs besoins. Ils sont devenus sédentaires durant le 19e siècle, en s’installant sur l’île Wellington, plus particulièrement à Puerto Eden.

Famille Kaweskar au complet dans leur canot

Un mode de vie bien particulier, entre terre et mer

Le canoë était la pièce principale de leur patrimoine. Ces embarcations (hallef en kaweskar) étaient constituées d’écorce de coigüe. Leur longueur pouvait varier entre 8 et 9 mètres et elles pouvaient contenir facilement une famille entière.

L’organisation sociale de ce peuple patagonique était basée sur la famille. Ils se déplaçaient ensemble à la recherche de nourriture. Sur terre, ils construisaient des cabanes en bois recouvertes de peau de phoques. Leur alimentation était composée de baies sauvages, de cerfs des Andes, de guanacos, de mollusques, de poissons, mais aussi de lions de mer et de phoques.

Leurs vêtements, adaptés aux conditions climatiques de la région, étaient généralement fabriqués à partir de matériaux disponibles localement, tels que des peaux d'animaux marins, des fourrures et des peaux d'animaux terrestres. Ils s’enduisaient également de graisse de phoque pour contrer le froid. Ce peuple travaillait la pierre, le bois, les os et les coquillages. Avec ces éléments, ils fabriquaient des flèches, des arcs, des harpons et des couteaux. Ils connurent le métal lors de la venue des colons.

Ils vénèraient un être suprême, fondamentalement bon, nommé Alep-láyp. Il est selon eux le créateur, le gardien de l'univers, et le responsable du maintien de l'ordre cosmique. Ils croyaient en d’autres esprits liés aux éléments de la nature, comme Mwomo, l’esprit du bruit, Kawtcho l’esprit de la nuit, ou encore Ayayema, l'esprit du chaos.

Les descendants des Kaweskars représentent moins de 0,16% de la population du Chili

Déclin de la population Kaweskar

Les Kaweskars ont été largement décimés par les maladies introduites par les premiers explorateurs et missionnaires sur le continent. Ils ont été de même victime de violence et de massacres infligés par les Occidentaux qui les considéraient comme des sauvages.

À la fin du 19e siècle, une poignée de membres d’une tribu Kaweskar fut déportée du Chili vers la France, pour être parquée dans le bois de Boulogne ainsi que vers Berlin. Ils terminèrent confinés dans un jardin zoologique. Peu d’entre eux ont survécu à cette triste expédition et ont pu retourner dans leur pays. L’île de Wellington est celle où résident actuellement les derniers descendants de ce peuple. Ceux-ci sont estimés à moins de 4 000 personnes selon le recensement de 2017.

En raison de son histoire, la langue kaweskar est menacée de disparaître. D'après le linguiste Oscar Aguilera, sa structure polysynthétique rend son usage peu pratique. La diminution de la population kaweskar et les sentiments de discrimination éprouvés par leurs descendants de la part des communautés voisines contribuent à son déclin. Actuellement, seulement huit personnes sont rapportées comme parlant le kaweskar, ce qui la classe parmi les langues en danger répertoriées par l'UNESCO.

 


Pour en savoir plus sur les Kaweskars, le musée régional de Magallanes et le musée R. A. Philippi situés à Punta Arenas abritent des collections qui mettent en lumière l'histoire, la culture et les traditions de la région, dont la culture de ce peuple autochtone. Visitez la région des indiens Kaweskar au cours d'un voyage au Chili, dans les fjörds de la région de Magallanes.